Lancé le jeudi 5 mars dernier, le site Français qui proposait contre rémunération de faire les devoirs à la place des étudiants est déjà fermé (en date de ce 7 mars):
«Nous tenons à vous présenter toutes nos excuses dans la mesure où nous réalisons à ce jour, à quel point ce site va à l’encontre de nos propres valeurs. Enfin, nous souhaitons faire en sorte que les générations futures soient meilleures que les précédentes, et FaisMesDevoirs.com ne pourra en rien y contribuer.»
Ainsi s’exprime la page d’accueil du site Web qui a bénéficié d’un buzz – incroyable – pour ce genre d’initiative en éducation. Déjà, le Café Pédagogique avait trouvé un espace pour que l’idée des entrepreneurs ne produise pas que du négatif:
«Dans la masse des protestations, on ne voit guère de voix s’élever pour s’interroger sur le sens et l’utilité des devoirs… Or, si la création de ce site a au moins un mérite, c’est celui de nous interpeller sur le problème des devoirs, sur leur importance dans les apprentissages, sur leur articulation avec les cours, sur les conditions de leur mise en œuvre, sur le sens par rapport aux évolutions de des savoirs, des techniques, de la société.»
Pierre Frackowiak (l’auteur des lignes précédentes) n’était pas le seul à s’interroger et plusieurs groupes ont rapidement dénoncé les promoteurs qui ont immédiatement senti la soupe chaude. La Fédération des Parents d’Élèves de l’Enseignement Public a fait paraître un communiqué dans lequel le message ne laissait pas de doute: «Quand on paye, on peut tout obtenir !!!». De son côté, un syndicat a parlé de «procédé – volontairement- choquant»; même le ministre de l’Éducation s’en est mêlé, si j’ai bien compris… Du côté des blogueurs, Lyonel Kaufmann a lui aussi marqué le coup en citant le texte du Café.
J’aime bien le lead de ce billet sur TechCrunch: «Tout Buzz n’est pas forcément bon à prendre; c’est une nouvelle leçon à méditer».
N.B. Je me souviens d’avoir déjà blogué sur le sujet du travail scolaire après la classe à la rentrée scolaire 2003; c’est par ici.
Mise à jour du 9 mars au soir: J’apprends par l’entremise d’une entrée sur Twitter qu’il y aurait lieu de s’intéresser davantage à l’équipe du promoteur du «défunt» site autant qu’à sa démarche un brin «intriguante». Pour le moment, rien de très grave… mais comme certains le laissent entendre, «le site et son auteur essayent-ils de se faire oublier»? Le site, on comprend (si oui), mais l’auteur, pourquoi ne veut-il pas répondre à toutes les questions? Le site n’a été en ligne que pendant trois heures; n’est-ce pas un peu rapide pour faire demi-tour, compte tenu de tout ce que le promoteur avait planifié et avait dû mobiliser pour mettre en oeuvre cette initiative? Dans la version «officielle», son entourage l’aurait aidé à se «rendre à l’évidence» que son «projet n’était pas éthique» (source). Ce soir, je me demande comme d’autres s’il n’y aurait pas d’autres raisons expliquant ce «coup de pub énigmatique»! À suivre…
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C’est injuste, en effet.
Ces enfants auraient eu la même opportunité que ceux dont les parents ont les moyens de faire faire les devoirs par des « aidants » à domicile.
Mais ce n’aurait été qu’un leurre, car le diplôme n’a que peu d’utilité en comparaison de la clé qui ouvre les portes du réseau de sa classe sociale.
L’effondrement de l’économie occidentale et les milliards perdu chez-nous ne sont-ils pas des preuves suffisantes ?
Les devoirs à la maison sont-ils oui ou non interdits depuis des décennies par l’éducation nationale en France? Et s’ils le sont, le ministère a-t-il oui ou non l’intention et les moyens de faire respecter cette interdiction?
Si les « devoirs » sont pratiqués, la marchandisation de l’accompagnement scolaire sera inévitable… Et le ludo-pédagogique, que proposent certains ateliers associatifs comme celui pour lequel je travaille, restera marginal…
En somme, beaucoup d’hypocrisie dans cette affaire…
Merci pour la reprise.
Toujours pas d’explication pour ce coup de pub bien mystérieux. Il semblerait que le fondateur n’avait pas prévu le succès de son site… et qu’il a reçu diverses pressions l’invitant à fermer celui-ci.
Quoi qu’il en soit, ce que j’en retiens, c’est qu’il n’est pas encore possible de tout faire sur internet. Il reste encore quelques domaines dans lesquels le bon sens l’emporte. Faire les devoirs des enfants à leur place et gagner de l’argent sur leur dos, c’était trop… définitivement…ou pour l’instant ?
J’ai entendu sur BFM Radio que c’était seulement un joli coup de pub très réussi de http://www.staaff.fr/ qui… vend des cours à domicile.