Je me suis déjà employé à raconter ici mon bonheur d’accueillir Danah Boyd à Québec en octobre prochain, dans le contexte du colloque du Céfrio, Génération C. D’ailleurs, les médias ont commencé à en parler eux aussi…
Je lisais la semaine dernière un billet de cette même Danah dans lequel elle rapportait plusieurs courtes réponses à des gazouillis reçus de ses lecteurs en préparation à un événement auquel elle participait à Atlanta. Je résume ici quelques-uns de ses constats sur les «teens practices»:
- «L’adolescent «moyen» n’utilise pas Twitter. Il le fera peut-être à l’avenir, mais actuellement, seuls les «early adopters» le font et ils sont loin d’être représentatifs des autres. En gros, ils ne comprennent pas pourquoi ils le feraient non plus…
- La grande majorité des jeunes ne savent pas trop sur quoi se fier en terme de validité des sources qui leur permettent de trouver ce qu’ils cherchent sur Internet. Par contre, parce que n’importe qui peut éditer du contenu sur Wikipédia, ils savent qu’en tant que source, il faut se méfier.
- Ils n’utilisent pas le courriel pour socialiser, mais ils ont des adresses et ils les considèrent utiles (et jetables) ne serait-ce que parce qu’elles sont nécessaires pour se créer des «login/mot de passe».
- Plusieurs ados déclarent n’avoir aucun intérêt sous une forme ou l’autre de réseautage avec des adultes dans les sites de réseaux sociaux, mais quelques-uns racontent qu’avec certains enseignants, ça pourrait être le cas. Dans ces cas, les motifs tournent toujours autour de considérations pédagogiques. Dans d’autres cas, ils peuvent avoir envie d’interagir avec des adultes qui n’ont pas de «pouvoir» direct sur eux et en qui ils ont «confiance» (oncle/tante, cousins plus âgés, jeunes conseillers spirituels, enseignants plus « cool », etc.).
- Les multiples restrictions qu’imposent leurs parents sont la source de plusieurs tensions parce qu’ils ont l’impression qu’ils ajoutent à l’isolement dont ils se sentent l’objet. Ces restrictions sont souvent la source de manoeuvre de contournement.
- Parmi les sujets qui les passionnent… il y a Dieu… et les amis. Le seul sujet qui compte vraiment est les amis et pour certains, la famille. Ajoutons, l’école et les sports pour d’autre. Pour quelques-uns, enfin, il est question de certains loisirs qui les passionnent. La liste des «passions» est dominé par Dieu et les amis.
- Les jeunes s’informent principalement par le bouche-à-oreille. À l’école et par la télévision, ils obtiennent bien certains renseignements d’actualité et ils leur arrivent aussi en étant dans la même pièce que leurs parents d’avoir accès à «des nouvelles». Autrement, ils lisent quelques articles par le truchement d’Internet. Intentionnellement et directement… c’est rare qu’ils s’informent! Le sujet de la crédibilité des médias ne les préoccupe pas du tout.
- Les téléphones intelligents sont des objets convoités et très populaires. Pour eux, ça signifie plus-plus-plus de SMS, davantage de navigation Web, plus d’occasions pour changer leurs «status» sur Facebook et des occasions de publier plus de photos et de vidéos. Cela dit, ils se débrouillent très bien avec les iPod Touch (avec wifi). Posséder ce genre d’appareil veut dire «plus engagé» et «bien branché».
- La protection de sa vie privée… Très important. Sauf que «vie privée» pour un ado, ça veut pas dire la même chose que pour un adulte.
- Les enjeux de société comme l’extrême pauvreté et le réchauffement climatique ne les préoccupent que bien peu en dehors de l’univers scolaire. Il faut voir qu’en société, ils n’ont pas de canal pour se faire entendre ou débattre sur ces sujets. Enfin, c’est un peu beaucoup encore, le combat de leurs parents… et encore, pour la plupart, les jeunes ne sentent pas que leurs parents soient beaucoup plus impliqués dans ces causes.
- Puisqu’ils ne possèdent pas de carte de crédit, il souhaitent l’accès numérique aux logiciels, à la musique et au cinéma sans avoir à payer. Ils ont les moyens de leurs ambitions…
En tous les cas, je recommande la question et la réponse anglophone, sur ce billet original. On pourra lui poser les questions de notre choix en octobre. Souvenons-nous qu’on parle ici d’adolescents au Sud de notre coin de pays!
N.B. En avril, Jacques Cool avait écrit ce billet, «Ce que nous disent les jeunes. Faudrait écouter, hein?…» qui complète avantageusement ce topo…
Tags: "Generation_C" "La vie la vie en société" LesExplorateursduWeb Pédagogie et nouvelles technologies
Très intéressant…ce le serait encore plus si une telle étude était menée ici. Depuis le temps que je lis que nous sommes en retard sur l’utilisation des «nouvelles technologies,»il serait pertinent de savoir si nous le sommes vraiment…
Travaillant directement avec les ados au Québec, je constate le même genre de phénomène. On pourrait ajouter qu’une grande majorité d’ados, ici, regardent des clips sur des sites tel que Youtube. Pour l’aspect de méfiance envers les sources, nos ados doivent apprendre à être critique face à l’information, est-ce le rôle de l’école? Est-ce que notre société en générale est critique? La vigilance citoyenne semble très faible au Québec, on accepte à peu près n’importe quoi de n’importe qui. Les ados ne sont que le reflet des adultes.
En réponse à Jean Doré et dans la foulée du billet de Mario, je signale qu’une telle étude a effectivement été récemment menée ici. Dans le cadre du projet génération C (dont le colloque est quelque sorte un aboutissement), le CEFRIO a en effet sondé 2000 jeunes de 12 à 24 ans et tenu 5 groupes de discussion avec eux relativement à leurs utilisations des TI en lien avec leurs comportements en tant qu’étudiants, travailleurs, consommateurs et citoyens. Ces résultats seront dévoilés en primeur lors du colloque. C’est donc un rendez-vous !
Erf, vous avez vraiment une mauvaise image des « jeunes ». Moi par exemple, j’utilise Twitter, les mails, … !!
Bref c’est VRAIMENT EXASPERANT ce genres d’articles… !!!!!!!