J’assume totalement le billet où je traite d’anonymat et de blogues. Je l’assume même si je me fais joyeusement ramasser par un prof de français sous le pseudonyme de «Jonathan Livingston». Attention, plusieurs fenêtres surgissantes s’ouvrent quand on clique sur le lien du Monsieur; il n’aime pas beaucoup les méchants «qui ont intérêt à nous compliquer la vie pour grossir leur portefeuille» et je le comprends, si je me fie à toutes les inutilités qui nous sautent au visage quand on clique sur son blogue. Je ne parle évidemment pas de son billet qui est intéressant, même si je m’y vois transformé en un vulgaire colporteur de marchandises éducatives. C’est poche, mais bon… Pas le goût de me justifier sur l’authenticité de «ma vocation».
J’assume même si chez le prof masqué (un autre prof de français), je vois bien qu’en affirmant ma position, j’ai prêté flanc à juger celle de ceux qui bloguent anonymement. En lisant ce qui semble être le dernier billet chez Le Neuf (je sais qu’il n’enseigne pas le français), je me suis dit qu’il fallait bien préciser que j’étais au courant de nombreux cas de représailles causées par la pratique carnetière et que ce que je jugeais essentiel pour moi, pouvait très bien ne pas convenir à d’autres. D’ailleurs, c’est très décevant de savoir qu’on ne pourra plus lire les textes de Le Neuf. Pas déçu du blogueur… de la situation, je veux dire.
De fait, je ne crois pas à la possibilité de l’anonymat à moyen et à long terme. J’ai trop souvent expérimenté que ce qu’une personne ne pouvait pas écrire «à visière découverte» est mieux de ne pas être écrit par un blogueur anonyme. Tôt ou tard, tout finit par se savoir… Les problèmes que j’ai avec l’anonymat ont bien peu à voir avec les blogueurs qui la «choisissent»; si peu, sauf dans certains cas, rare en éducation, où on s’en sert pour diffamer. Ils sont liés à ceux qui ont plus de pouvoir en éducation dans notre société (syndicat, cadres scolaires, haut-fonctionnaire et ministre); ce sont ces gens qui ont du chemin à faire avec la compréhension du devoir de réserve.
Si mon billet a prêté flanc à un jugement envers ceux qui bloguent de façon anonyme… je suis bien peiné, car leur contribution est tout à fait légitime.
Bien entendu, on comprendra que je dialogue davantage avec les blogueurs anonymes dont je connais l’identité (paradoxe, je sais), mais je suis le dernier à vouloir juger leur conduite.
S’il ne font pas le choix qui est le mien (personne n’a le même regard sur ces questions), je me dis que leur point de vue vaut le mien. Je n’ai pas voulu juger personne même si je crois que ce n’est pas une bonne idée de bloguer de cette façon. Comme je l’ai écrit chez celui qui pense que je suis «cynique» quand j’écris que je voudrais avoir des représailles, «entre aucun blogue et un blogue anonyme, je choisirai presque toujours le second».
J’ai vécu des représailles à cause de mon blogue. J’ai vécu des représailles à cause de mes prises de position dans et hors de mon blogue depuis le début de ma vie. De mon défunt père, en passant par mes supérieurs, des clients et des hauts-fonctionnaires, beaucoup se sont essayés. Je veux dire… de m’amener à penser différemment (comme eux pensaient) par des jeux de coulisses ou des menaces à peine voilées, certaines mises à exécution, me faisant perdre un privilège, des sous ($$) ou des possibilités d’avancement. Je ne m’en plaindrai pas ici, car le juste retour des choses est souvent survenu, avec le temps. Parfois beaucoup de temps… mais bon. Me reste encore des crottes sur le coeur, c’est certain, mais je ne mange que très rarement de ce pain là.
Je sympathise de tout coeur avec ceux qui vivent ce genre d’événements. C’est hautement déplorable de devoir bloguer anonymement pour contourner ce genre de problèmes. Il faut blâmer ceux qui ont du pouvoir, dans ces cas de représailles quand celui qui s’exprime reste dans les paramètres du bon goût, du respect des lois et de son devoir de réserve.
Sauf que…
Je maintiens qu’en ce qui me concerne, l’anonymat ne m’aurait pas apporté autant que le blogue m’apporte aujourd’hui. Et je ne parle pas d’argent…
Mise à jour du 2 juillet 2009: «Peut-on être anonyme sur le Net?», c’est la question posée par Pierrot Péladeau dans un excellent billet qui contient quelques éléments de réponses (et des définitions) essentielles.
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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Je n’ai pas eu le temps de fréquenter ton blogue ces derniers jours mais j’ai bien aimé les échanges de ce soir. J’étais fortement porté à considérer que les commentaires anonymes ne devraient pas être publiés; je participe souvent à d’autres blogues de façon anonyme parce que c’est obligatoire (je signe toutefois souvent mon nom sous mon commentaire); en apprenant à quel point le monde de l’éducation semble être dangereux (à lire les commentaires d’aujourd’hui), je suis fort déçu pour ces personnes oeuvrant en éducation de ne pouvoir s’exprimer ouvertement et de manière transparente sans risquer de se faire plaquer par une personne en autorité. Sommes-nous à ce point dans un état totalitaire???
Merci pour ce billet.
Il est bien vrai que l’anonymat n’apporte certainement pas autant aux blogueurs que les billets signés, par contre, comme en matière de placement, il faut en évaluer les risques.
En internaute pressé, je ne garde l’oeil que sur quelques blogues dont le tien. Assez systématiquement, je « saute par dessus » les commentaires et les blogues anonymes. Ta position t’a au moins apporté des lecteurs de plus… Ce qui est, j’imagine, une des raison de bloguer!
Pour le reste, qu’on soit d’accord avec toi ou pas, tu stimules la réflexion et c’est très apprécié.
Le silence est, pour moi, pire que l’expression anonyme. En ce sens, j’aime mieux celui qui s’exprime dans l’anonymat que celui qui garde le silence, car le premier a nécessairement une idée qu’il a besoin d’exprimer.
Tu as raison, « je ne crois pas à la possibilité de l’anonymat à moyen et à long terme ». L’anonymat n’a de sens que s’il constitue une étape vers l’action citoyenne nominale. Le danger, évidemment, est d’y croupir.
Là où je m’inquiète, c’est pour l’effet d’entraînement que l’anonymat peut avoir. Il faut espérer que les professeurs ne se vantent pas auprès des élèves de s’exprimer anonymement.
Il y a quelques mois, j’ai exprimé, vertement, mon mécontentement quant à un couac dans une procédure informatico-administrative sur un forum interne à mon ministère.
J’ai été sommé de retirer mes propos du forum, ce que j’ai fait et l’affaire s’est arrêtée là.
Ce n’était pas la première fois que j’intervenais sur ce forum (10 ans de publication), mais c’est la première fois que je tapais aussi fort sur le système.
J’y suis connu pour des contenus techniques argumentés, précis et… parfois peu diplomatiques : mais j’ai la satisfaction, pour ne pas dire la fierté, de constater que certains de mes écrits donnent lieu à des avancées qui vont dans le bon sens (le mien forcément ;o).
Sur ce système de messagerie privée, pas question d’anonymat…
Depuis cet épisode, j’ai appris à habiller mes propos d’un vernis diplomatique qui n’atténue en rien mes propos, mais qui les rend audibles par tout un chacun.
Je crois sincèrement que ma petite notoriété technico-localo-locale, attachée à mon identité connue de tous, sert davantage mon action qu’une publication anonyme.
De mon point de vue, l’anonymat protège sans doute, mais il dilue, dissout, isole, fond dans la masse et de ce fait diminue la force du message.
Bonjour Mario,
Merci infiniment pour ta participation à l’article (discuter avec toi a été infiniment instructif et stimulant) ainsi que pour l’opportunité que tu nous donnes de discuter de ce sujet compliqué sur ton blogue. Si tu le permets, je retranscris ici la conclusion de mon article au sujet de l’anonymat, qui traduit assez bien ma position et qui explique pourquoi je crois que l’anonymat et de dévoilement de l’identité sont complémentaires sur la blogosphère; le premier est peut-être parfois nécessaire, mais le second permet de faire avancer les choses peut-être davantage. Ma conclusion, donc:
Être ou ne pas être anonyme?
Nous sommes tenté de conclure de tous ces arguments, tant en faveur qu’en défaveur de l’anonymat sur la blogosphère, que les deux approches sont peut-être complémentaires. Dans la décision Talley v. California, la Cour américaine a écrit : « Les pamphlets, livrets, brochures, et même des livres anonymes ont joué un rôle important dans le progrès de l’humanité. » Susciter de nouveaux débats, amener sur la place publique des questions délicates ou autrement gardées sous silence, tout cela est parfois plus facile et plus sûr à accomplir dans l’anonymat. Comme nous le mentionnions en introduction, aux Etats-Unis, plusieurs « pères fondateurs » ont publié anonymement leurs écrits politiques avant de dévoiler leur véritable identité . Mais il ne faut justement pas perdre de vue que la divulgation de cette identité est une étape cruciale qui permet de passer de la critique à un réel changement.
La blogosphère a multiplié les opportunités d’interventions anonymes et ce, dans une multitude de circonstances. Il est difficile de penser que tous les blogueurs anonymes prendront position de manière assumée sur la place publique. Cependant, on peut également supposer que le potentiel de communication inhérent aux blogues aidera à faire connaître plus largement différents enjeux soulevés de manière anonyme, mettant ces enjeux à l’ordre du jour afin que d’autres en débattent à visière levée.