La saga des festivals… pour combien de temps encore?

Du bonbon pour les médias.

De la bonne matière pour les blogueurs qui donnent beaucoup dans l’opinion et la polémique. Je m’inclus dans le groupe, au moins pour ce billet.

C’est la fin du jour 2 de la saga des festivals. Tout comme l’a écrit Patrick Tanguay, le litige qui oppose les FrancoFolies à… bon nombre de festivals et d’événements ne peut pas s’appeler «une guerre»!

La saga origine de la décision du président-fondateur des Francos, Alain Simard, de tenir en juin (plutôt qu’en août) l’événement. On l’oublie, mais la conséquence, c’est aussi que le «Festival international de jazz de Montréal est lui aussi devancé, et se tiendra du 25 juin au 6 juillet».

Pour Montréal, il faut le dire (peu le conteste), c’est une excellente décision:

«Ces changements, appuyés par la Ville de Montréal, les intervenants touristiques et d’autres organisateurs d’événements majeurs devraient donc attirer plus de touristes étrangers dans une période peu achalandée, tout en bonifiant la programmation des Francos avec la venue d’un plus grand nombre d’artistes français. En 2010, les Francos auront lieu du 9 au 19 juin.»

Je me suis appliqué à voir ce côté de la médaille après avoir lu à plusieurs reprises la définition de l’expression «esprit de clocher» (selon Antidote): «attachement exclusif et étroit au milieu immédiat où l’on vit». Je vis à Québec. La sortie d’hier du Maire Labeaume, celle d’aujourd’hui de Daniel Gélinas et des autorités du Festival d’été de Québec a eu tôt fait de me faire choisir mon camp, celui de la Capitale!

J’ai lu Brigitte Breton qui a rapidement trouvé les mots justes: «Québec doit continuer de voir grand et garder confiance en sa capacité d’attraction.»

Le reste… Ce sont des énergies perdues. Les accusations de racisme d’un personnage autochtone autant que la tête du Maire Tremblay qui est réclamée… on tombe rapidement dans le loufoque.

Cette après-midi, par voie de communiqué, on mesure par la demande qu’il contient, que des paroles blessantes ont fait mal: «Et nous espérons que le maire Labeaume, devant la preuve de ses propos diffamatoires, saura se rétracter publiquement en réalisant tout le tort qu’il aura causé injustement à la réputation bâtie depuis 40 ans d’un pionnier de l’industrie festivalière et d’une des entreprises culturelles les plus admirées». Pas certain que les manoeuvres de relations publiques soient terminées…

Les prochains jours promettent de rester chauds. Le premier ministre est entré dans la danse ce soir.

Pour Québec, la décision des Francos n’est pas une bonne nouvelle. M. Labeaume ayant décidé de bâtir avec «le culturel» parmi les leviers à utiliser, sa position est «un naturel»; il a été Président du Festival en 2003 et 2004, je crois. La vigueur de sa sortie n’étonnera personne puisqu’elle fait maintenant partie de son style. Le plus dramatique est venu aujourd’hui du communiqué officiel du FEQ:

«Or, depuis la création de cet événement en 1988, qui visait alors le même créneau que celui choisi il y a 42 ans par la ville la plus francophone en Amérique du Nord, soit celui de la chanson d’expression française, le Festival a du revoir sa programmation, la diversifier et se tourner vers les vedettes internationales pour compléter sa grille horaire. (…) 64% de nos artistes étaient québécois ou d’origine francophone. Qui sera disponible en juillet une fois que les FrancosFolies auront eu lieu?»

Daniel Gélinas a ajouté devant les journalistes que «le changement de dates des FrancoFolies viendrait «signer la mort» du volet francophone du Festival d’été».

Si Montréal a bien besoin d’une injection massive de fibre francophone dans son panorama de plus en plus multilingue, ce serait dommage que ça se fasse au détriment d’un écrémage ailleurs. Les arguments du président du Comité de la Fête nationale à Montréal («la Fête nationale sera banalisée après 10 jours de festival de musique francophone») ne m’impressionnent pas énormément; je suis plus sensible au fait que pour Tadoussac, Fringe, Avenue du Mont-Royal, Mutek, Suoni per il popolo et Présence Autochtone, les conséquences vont de sérieuses à dramatiques.

Deux questions demeurent… «Est-ce vraiment plus rentable financièrement de présenter les FrancoFolies en juin ? et Spectra et les FrancoFolies auraient-ils dû consulter tous les grands festivals avant de prendre sa décision ?» Je dois dire que ces deux questions (et plusieurs autres) viennent du blogue d’Alain Brunet qui contient aussi plusieurs liens très instructifs pour qui veut s’informer davantage de ce qui a été dit et écrit ces derniers jours sur ce sujet.

Si à Québec, on n’a pas les moyens de faire beaucoup de compromis qui pourraient enlever de la vigueur au Festival d’été, les FrancoFolies sont vitales pour Montréal. On doit donc se tourner vers l’offre du directeur du Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI) qui souhaite agir en médiateur pour sortir de l’impasse (source: dernier paragraphe de cet article). Et peut-être espérer que quelqu’un chez Spectra (et à l’Hôtel de Ville de Québec) saura faire preuve de tact et cesser de se comporter comme s’il était possible de prospérer en ignorant la perspective des autres autour de soi.

Luc Fournier du Rémi est un des seuls intervenants à être resté au-dessus de la mêlée. Il propose de cesser de se parler par médias interposés. C’est déjà un début. Demander aux médias de lâcher un peu la polémique pour se concentrer sur la rentrée scolaire est probablement impossible maintenant que le feu est bien allumé. Un message clair des protagonistes annonçant qu’ils acceptent de rencontrer M. Fournier pourrait au moins faire baisser la pression, le temps de concocter une stratégie de communication pour les prochains jours.

S’il est à peu près impossible pour Alain Simard (inc.) et le Maire Tremblay de revenir sur leur décision de devancer les FrancoFolies, ils doivent maintenant trouver une façon de la maintenir en créant de bien meilleures conditions pour ceux qui écopent dans cette histoire. Ce fardeau leur appartient!

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7 Commentaires
  1. Photo du profil de Missmath
    Missmath 13 années Il y a

    J’ai découvert des artistes qui m’ont séduite aux FrancoFolies. Je tente d’y aller chaque été. Sans entrer dans la danse Québec-Montréal-Festivals, je peux simplement souligner que du 9 au 19 juin, les classes ne sont pas terminées et, par conséquent, comme parent, il est difficile de se sauver de la maison. Donc pas de Francos pour moi l’an prochain… une raison de plus de continuer la route jusqu’à Québec !

  2. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    Bon point.
    Très bon point même, d’autant plus qu’il pleut en juin à Montréal, habituellement!

  3. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    L’expression «par la ville la plus francophone en Amérique du Nord» m’écorche les yeux.
    Je ne comparerai pas celle-ci à la bêtise des arguments de M. Dudemaine. Mais pourquoi cette référence «ethnique» ou «linguistique»? C’est maladroit et insultant. Est-ce parce que Montréal est moins «francophone» (et encore, il faut savoir sur quoi est basé ce chiffre) que les Francos y sont moins pertinentes? Que Québec doit passer en premier?
    Quand le Grand rire s’est installé à Québec, personne n’a hurlé chez nous et personne à Québec s’est senti coupable de quoi que ce soit. le maire Labeaume a beau maintenant affirmé qu’il coupera le financement à celui-ci s’il garde les mêmes dates, il ne s’agit pas d’une grande perte…
    Personnellement, je connais peu de gens qui vont à Québec pour assiter au FEQ. S’il y aura compétition quant aux artistes francophones, pourquoi prendre pour acquis que Québec perdra la bataille?

  4. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    D’ailleurs, le fait (je crois) que le maire Labeaume a déjà travaillé pour le FEQ n’expliquerait-il pas un peu ses sorties intempestives?
    En tout cas, c’était bien beau de voir celui-ci et le maire Tremblay continuer à dire qu’ils n’étaient pas en guerre et tout le tralala…
    Un beau moment d’amitié! Ça va être quoi si Québec retrouve une équipe dans la LNH?

  5. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    Votre point de vue sur l’utilisation de l’expression «la ville la plus francophone en Amérique du Nord» vaut le mien (je suis plutôt d’accord «de l’invoquer» comme argument)… J’ai interprété ça comme une façon de «positionner» le fait que le caractère francophone du FEQ n’est pas anecdotique. Néanmoins, je suis d’accord avec vous que ça ne veut pas dire que les Francos sont moins importantes pour autant.
    Sur l’arrivée du «Grand rire», laissez-moi rire…
    De mon point de vue, le «Spectra de l’humour» (les Productions Rozon) fait partie des gens qui ont toujours mis des bâtons dans les roues. Tiens… cette petite lecture pour vous!
    Je crois que Daniel Gélinas a bien expliqué pourquoi le risque est grand que «Québec perde la bataille»:

    «C’est un voeu pieux. Ça se passe avec l’artiste et l’agent, pas entre les festivals. Quel est le coup de promotion le plus payant? Montréal ou Québec? C’est ça l’affaire qu’ils évaluent. Or, le directeur du FEQ estime que juin est le mois idéal pour un artiste français qui veut faire de la promotion au Québec. Ce mois coïncide avec la fin des tournées en Europe et les festivals français ne sont pas encore pleinement actifs. L’objectif des FrancoFolies est sûrement de concentrer un maximum d’artistes français à Montréal et de créer un gros buzz. M. Simard parle même d’un congrès de chanson francophone. Alors avoir le choix entre Montréal à la mi-juin où il y aura beaucoup de médias internationaux et Québec en juillet où on a de la difficulté à attirer les médias étrangers, c’est là que le risque est le plus important pour nous, croit M. Gélinas.»(source)

    Enfin, à la question «le fait que le maire Labeaume a déjà travaillé pour le FEQ n’expliquerait-il pas un peu ses sorties intempestives?», je répondrais «oui»!

  6. Photo du profil de MichelMonette
    MichelMonette 13 années Il y a

    Tu as passé trop rapidement sur le point essentiel que cette guerre médiatique cache aussi sûrement que ce sein que nous ne saurions voir:
    «Pourquoi les revenus tirés des spectacles que l’on enregistre au festival Juste pour rire, au Festival de jazz ou aux FrancoFolies vont-ils du côté du secteur privé et non pas du côté du festival qui demande des subventions? François Colbert ne se l’explique pas, mais il signale que cela se fait à visage découvert et que les gouvernements sont au courant.»
    Extrait de l’article de Louise Leduc auquel renvoie ton dernier lien, Les festivals, ces «PPP avant la lettre».
    La vraie raison pour laquelle on s’invective de part et d’autre, c’est que du pognon est en jeu pour ceux qui ont compris qu’on pouvait soutirer des millions à l’État (donc à nous tous, les cons-tribuables) avec un peu de chantage émotif bien placé. On devrait s’intéresser à ça plutôt qu’à mesurer lequel des deux maires pisse le plus loin 😉

  7. […] accrédité, après avoir écrit assez souvent sur le Festival depuis que je tiens pignon sur Web (1, 2, 3). Pour l’édition 2012, je n’ai pas été recruté, mais ça ne m’empêche […]

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