Clair 2010 est terminé. Du moins, le rassemblement en personnes, sur place au Centre d’Apprentissage du Haut-Madawaska, car de nombreuses conversations vont probablement continuer. Elles seront répertoriées dans cette page. Le wiki qui a servi en amont à préparer l’événement et qui renferme plusieurs des traces de ce qui s’est dit, peut s’avérer d’une grande utilité.
À ce stade-ci, je manque un peu du recul nécessaire pour mesurer jusqu’à quel point l’événement contribuera à réseauter les enseignants et les autres intervenants scolaires qui oeuvrent auprès des jeunes dans les écoles. Bien sûr, la complicité avec Roberto, Danis, Brigitte, Murielle et tous ces gens du CAHM et du Nouveau-Brunswick ne ment pas… Nous avons passé un excellent moment ensemble, à témoigner de ce qu’une école réseautée peut accomplir, mais il ne faut rien tenir pour acquis. Le rayonnement ne fait que commencer…
Je retiens cependant que plusieurs des participants avaient aimé la formule ouverte de la rencontre de Clair et que la différence avec les événements plus «traditionnels» était frappante. Ce genre de commentaire représente bien le ton de ce qu’on pouvait entendre samedi en fin d’après-midi: «Les experts étaient dans la salle et ils se sont tous exprimé. La rencontre est un succès parce que nous avons pu échanger avec respect, sous l’angle de sa fonction et de son point de vue. Étudiant ou cadre, la voix de chacun était au programme!»
Il y avait beaucoup de Autrans 2010 et de Educon 2.2 dans le ton de Clair 2010 et je crois que le futur du réseautage tient beaucoup à la multiplication de ce genre d’événements qui se construit avec et pour les gens.
Il y a bien eu quelques difficultés avec le blocage d’Internet et les aléas de la température, mais ça ne nous a pas empêchés de vivre une belle rencontre «entre gens convaincus de l’importance du rôle des technologies», il faut bien le dire. Je rapporte ici un autre des commentaires entendus. Sur le blocage, je retiens cette suggestion de mon copain de travail Carl-Frédéric qui suggérait de trouver une école pilote pour tester une formule de mur coupe-feu («firewall») agissant comme filtre à Internet pouvant être administré et géré par des élèves, membres d’un conseil étudiants, majoritaires et supportés par un parent et un prof, dans un réseau informatique dédié à la pédagogie. Chez Opossum, nous sommes prêts à supporter un tel projet pilote qui pourrait contribuer à faire avancer le débat.
Cet après-midi, au moment où se termine Educon 2.2, je regarde le tag #educon sur Twitter et plusieurs extraits me font croire que nous aurions avantage à multiplier les événements de type non-conférence:
- «Best quote tonight … How do we give life in the classroom to the beauty of the mind?»
- «Students don’t need to be smart. They need to be able to think.»
- «The opposite of play is not work, it’s depression.»
- «The best things teachers can do is help our students to out-grow.»
- «Good leadership will allow for teachers to grow and for school culture to blossom.»
- «Collaborative environments: « Students now have an audience. Power of audience can help create better work. »»
Au retour, hier, on apprenait que la ministre de l’Éducation du Québec avait donné son aval à une entente entre la Commission scolaire de Montréal et l’Alliance des professeurs portant «sur une réforme de la réforme». Il y aura différentes réactions demain lundi et toute la semaine dans les écoles du Québec… Des «high five» entre certains profs qui ont attendu le plus possible pour remettre en question leurs pratiques pédagogiques, l’entente leur donnant l’impression qu’ils auraient eu raison «d’attendre»… Pour d’autres, ce sera interprété comme un rendez-vous manqué avec le bon sens; chez ces gens, inquiétude ou déception parce qu’ils croyaient fermement dans la valeur du nouveau programme de formation escomptant maintenant qu’il sera sacrifié sur l’autel des connaissances.
Pourtant, je ne vois pas de raison de baisser les bras. Ça fait longtemps que ça ne sert plus à rien de s’identifier à des groupes de «pros» ou «d’anti» réforme… Personne n’a été contraint de mettre de côté l’enseignement des connaissances depuis cinq ou six ans. Je ne vois aucun obstacle dans l’entente pour ceux qui voudront continuer de travailler pour l’acquisition de compétences! Je ne dis pas que l’annonce de ce pacte est banale, mais je crois qu’un prof qui avait développé des affinités avec l’approche par compétence pour la réussite de ses élèves peut trouver l’espace pour continuer de faire apprendre du contenu et développer des savoir-agir avec ce que ses élèves sauront. Et puis, il faut bien le dire, on ne peut pas reprocher à une ministre de s’entendre avec les syndiqués de la plus grande commission scolaire de la province. On peut tolérer un certain bout de temps que des groupes se dissocient des pratiques «régulières» prévues dans le cadre d’un programme de formation, mais à un moment donné, il faut s’entendre ou passer à des mesures coercitives. La ministre a choisi de s’entendre quitte à s’aliéner une partie de «son monde». Je crois que ce pari peut tenir la route, à condition que maintenant, on cesse de faire croire que travailler des compétences, c’est refuser de chercher à rendre un élève «savant».
Si je ne privilégie pas systématiquement le recours aux contraintes avec les jeunes, je ne privilégierai certainement pas cette approche avec des professionnels qui doivent avoir de bonnes raisons de voir dans la situation actuelle une grosse problématique. Je ne suis pas naïf non plus… Un syndicat c’est là pour défendre les membres. Même si ça arrive que la défense des membres coïncide avec la défense de ceux qui bénéficient des services des membres, dans ce cas-ci, plusieurs syndicats de professeurs ont adopté une position dogmatique (presque idéologique) qui manquait cruellement de nuance quand venait le temps de conclure «qu’on sacrifiait» toute une génération d’élèves. Ce n’est pas le retour aux aux étapes pondérées qui fera la différence. Je me souviens du début des années 2000 où le nouveau programme de formation entouré de cellophane était balancé à la poubelle sans avoir été ouvert parce qu’on avait décidé de s’en servir comme objet de négociation de meilleures conditions de travail…
Les défis sont nombreux et aucun changement significatif ne se réalisera en éducation sans le leadership des enseignants. J’espère sincèrement que les manifestations du type de celle de Clair 2010 où chacun a droit de parole se multiplieront. Si les mentors en TIC et quelques officiers du ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick étaient présents à Clair, il n’y avait aucun représentant du MELS québécois, bien peu de personnes-ressources du Récit et du secteur collégial du Québec, alors que tous les autres secteurs (profs du primaire/secondaire, cadres, étudiants, parents, universitaire, etc.) assuraient une présence active et engagée. Il y a lieu de redoubler d’efforts pour que le plus grand nombre possible d’intervenants participe aux efforts de réseautage…
Mise à jour du lendemain: Will Richardson publie ce qu’il retient de sa «non-conférence» Educon 2.2 et ça s’applique tout autant à ce qu’on peut ressentir au sortir de Clair 2010:
«Stop complaining. Be the change. Love your students and do well by them. If that includes technology, so be it.»
Tout est là… Parlant de «bilan», celui de Patrick Giroux est une lecture incontournable: «Le changement viendra du bas. En se réseautant, les électrons libres innovateurs du réseau éducationnel renforcent lentement leurs actions individuelles en interagissant.»
Mise à jour du 13 février: Sur le blogue «Société Itérative», on peut trouver quelques billets intéressants concernants l’utilisation de Twitter lors de l’événement, dont «Clair2010 – Les twits», «Clair2010 – Les liens twittés» et «Clair – Les retwits». Chez Sylvain Bérubé sur la même thématique, «Clair2010 – Backchanneling Twitter». Enfin, les retours d’expérience de ce même Sylvain, de Jean Doré, de Brigitte Long et de Andrée Marcotte méritent toute notre attention…
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Salut Mario, le CAHM comme une amibe sous le microscope, serait bien intéressé à développer un tel projet de pare-feu à l’école et prêts à partager les résultats.
😉
Une autre rencontre du genre Clair 2010 est-elle envisageable ? Si oui, c’est une idée qui me semble intéressante. Je suis disponible pour y participer, si ça sert à ouvrir les portes entre classes, écoles et enseignants !
Institut St-Joseph
(le site m’empêche de donner mon adresse courriel de l’Institut…une question de traits d’union ?)
Tu auras sûrement la chance de te reprendre Charles parce qu’au moins trois groupes (dont le C@HM lui-même) réfléchit à la possibilité d’une autre non-conférence…
@Roberto : Qu’en pense le district, le MÉNB ?
Les nouvelles sont excellentes, Clair2010 a surpris. Les commentaires du district sont excellent et aussi du ministère… Pour ce qui est de la suite, c’est la communauté éducative du CAHM qui décidera…