François Guité publiait sur Twitter ce matin un postulat intéressant dans le contexte de plusieurs de mes lectures de ce matin: «Si l’enseignement consiste à transmettre des connaissances, un prof n’est rien à la mesure d’Internet». En rafale, je venais de lire Normand Baillargeon et Denise Bombardier, deux des personnages les plus «nostalgiques» de l’école d’Émilie Bordeleau que je connaisse.
J’ai proposé à François une légère transformation de son énoncé:
«Si l’enseignement ne consiste qu’à transmettre des connaissances, un prof n’est rien à la mesure d’Internet.»
Et Gaël Plantin d’ajouter… «Le prof ne devrait-il pas former les bactéries qui sauront assembler, synthétiser le monde de demain à partir de la soupe originelle ? …le ribosome qui traduit le monde pour la bactérie apprenante». (source)
N.B. Je reviendrai sur les propos de M. Baillargeon dans un prochain billet puisque j’ai complété la lecture de son livre (collage de nombreux textes «anti réforme de l’éducation» parus au cours des dernières années) pendant mes vacances où j’emportais beaucoup de nourritures intellectuelles!
Mise à jour de fin de soirée: Le billet «Critique du livre « Contre la réforme » de Normand Baillargeon» est en ligne…
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Le débat sur la place des enseignants dans un monde où l’accès à l’information a été grandement facilité par Internet est quelque chose qui me turlupine depuis un long moment. J’ai récemment soumis la question à mes élèves et c’est un groupe allant de la 5ème à la 4ème qui m’a proposé une réponse des plus intéressantes. En gros : les professeurs ne sont pas là juste pour transmettre des informations, Internet fait ça très bien. Ils sont là pour faciliter l’assimilation de ces informations par leurs élèves et leur éviter des faux-pas dans l’application de ces dernières – mettre au profit de leur public leur expérience dans le passage de la théorie à la pratique.
Il va falloir que je pense à publier les résumés de ces journées de réflexion avec les collégiens, tout de même ! Encore merci pour votre blog Mario, et bonne année 2010 !
M. Asselin,
J’ai de la difficulté avec ces maximes très éclatantes mais creuses.
Si elle était fondée, on n’aurait qu’à sortir les profs des écoles pour y faire entrer des ordis!
Cet énoncé dévalue le rôle de l’enseignant comme médiateur entre l’élève et les connaissances. C’est souvent lui qui les vulgarise en tenant compte de l’élève, en effectuant des rétroactions qui lui permettent de mieux les comprendre.
Il y a également un rapport affectif par rapport à l’acquisition des connaissances que cet énoncé sous-estime.
Bref, votre énoncé a raison quand il met en lien «connaissances détenues par le prof» versus «connaissances hébergées sur Internet», mais il erre quant au verbe «transmettre».
Je conviens que la maxime sans autres explications peut paraître creuse, M. Luc.
Par contre, je ne vous suis pas dans la logique que si elle s’avérait fondée, «on n’aurait qu’à sortir les profs des écoles pour y faire entrer des ordis!». Je dois mal interpréter ce que vous voulez dire? Cette maxime, à la limite, pourrait dévaloriser l’enseignant si son seul rôle était de faire transiter par lui les connaissances à transmettre sans autre rôle, excluant donc celui de s’assurer des apprentissages générés. Et comme ce n’est pas le cas, avec ou sans Internet, on n’a pas à craindre…
J’ai cru que ce que François voulait dire résidait dans votre compréhension du dernier paragraphe. L’enseignant «vulgarise» ce qui vient d’autres sources que de lui et il fait bien plus, nous en convenons… Vous faites bien d’attirer notre attention sur les aspects affectifs.
J’ai blogué cette maxime parce qu’elle a le mérite d’attirer notre attention de prof sur le réservoir immense de sources facilement accessibles dont nous disposons aujourd’hui et que nous serions bien «fous» de négliger ou pire, d’ignorer…
M. Asselin,
Disons que d’associer prof à rien pourrait être interpréter, même s’il y a tout un contxte. Je me méfie beaucoup de ces clips. Elles punchent mais elles sont trop réductrices.
A l’instar de Thomas, lorsqu’il m’arrive de deviser avec mes apprenants sur ce qu’ils aimeraient, j’obtiens sensiblement les mêmes remarques…
Sauf que…
La maturité réflexive dont font preuve nos chères têtes blondes lorsqu’elles débattent, disparait dans la pratique : les réflexes scolaires reprennent le dessus et les bonnes résolutions sont bien vites oubliées…
Concernant la remarque de Luc, j’ose dire que la dévaluation du prof est de son propre fait : à force de rabaisser les exigences, tant sociétales (politesse, ponctualité, respect, valorisation de l’effort) que pédagogiques au sein de son cours (et sans parler des obligations générées par les directives ministérielles), le prof n’a-t-il pas sabordé lui-même la crédibilité dont il a besoin pour être pertinent auprès de ses apprenants ?
Le prof ne s’est-il pas lui-même exclu de l’école en copinant avec les élèves sous prétexte d’améliorer la communication ?
Un exemple : j’ai des collègues qui enjambent les cancres qui n’ont pas la politesse de replier leurs jambes lorsqu’ils sont affalés dans un couloir…
1° Il ne devrait pas y avoir d’élèves affalés dans les couloirs, des lieux d’accueil devraient être disponibles ;
2° Sans être le père « fouetar », je n’ai jamais eu à enjamber qui que se soit, mais, depuis 20 ans, je dis systématiquement bonjour, j’arrive à l’heure, je finis à l’heure, je dis au revoir, j’encourage, je plaisante mais je sais aussi réprimander, j’écoute, j’entends, je conseille, mais je remets aussi à sa place l’insolent, j’affiche les règles du jeu au début et je m’y tiens, mes sujets sont toujours précis, assortis de la grille d’évaluation, mes évaluations sont toujours accompagnées d’une grille de correction…
Il ne tient qu’à l’homme qui enseigne de définir sa place dans l’école…