Changer l’école…
Je n’y renonce pas, malgré l’inertie que je rencontre au quotidien lorsque j’y mets les pieds ou que je lis certains médias (incluant certains blogues)!
J’ai toujours voulu changer l’école. Pendant les vingt-deux années où j’y ai travaillé de l’intérieur, j’ai appris comment il pouvait être possible d’y arriver. Je veux dire… arriver à vaincre l’inertie et aller de l’avant avec les aménagements qui s’imposaient. Je n’ai pas fait de miracle, mais je suis fier des changements auxquels j’ai contribué en faisant en sorte que ces milieux (dont deux où j’étais directeur) soient davantage propices aux apprentissages.
Depuis 2005, je travaille dans le même sens, de l’extérieur; j’exerce une influence sur un certain nombre d’écoles, de façon transversale.
Rien de bien spectaculaire.
Lorsque je me concentrais sur un seul milieu à la fois, ça bougeait plus vite. En agissant de manière systémique, je dois me montrer plus patient. Pas toujours facile…
En étant à l’extérieur du milieu scolaire, en travaillant parfois avec le MELS, parfois au niveau d’une C.S., et souvent au niveau d’une école, j’apprends à apprécier la diversité des perspectives. J’enrage ou je tressaille. Mon humeur varie de l’optimisme débordant au découragement passager. Au matin, généralement… je dose mes énergies et je reprends avec vigueur mon bâton du pèlerin.
Depuis l’automne 2009, il m’arrive plus souvent de travailler en périphérie de l’école, voire ailleurs, dans le secteur culturel ou avec des entrepreneurs. Comme aujourd’hui, où je passais la journée avec des artistes dans le contexte d’une formation sur le marketing interactif; un «remake» d’une première fois. Même réaction aux teintes d’incrédulité en constatant tous les blocages des sites que nous devions utiliser. Et puis, cette réflexion d’un participant:
«L’école ne sait pas encore jusqu’à quel point elle est dépassée. Tellement de gens à l’extérieur savent que la carotte du papier qu’elle délivre commande de s’occuper des vrais affaires dès que les jeunes en sortent!»
J’avoue avoir eu le réflexe d’un mouvement de recul. Et puis, j’ai repensé à certains gazouillis d’hier:
- «Si l’école continue de s’auto-démolir, elle accomplira son but: forcer les jeunes à trouver leur propre système d’apprentissage.» (@rboisjoly)
- «T’as pas tort (Renaud). C’est déjà un peu comme ça, non? On joue «la game» de l’école pour le papier et dehors on se crée son propre système.» (@MarioAsselin)
- «Et si le problème s’accentue, le papier va devenir une option… éventuellement, je me demande si «la game» deviendra obsolète?» (@rboisjoly)
- «C’est déjà le cas en TI avec les certifications qui éliminent le besoin de diplôme. CCNA , RHSE, MSCE, etc.» (@brosseaub)
- «Bon point! Faudrait répertorier les exemples de ce genre…» (@MarioAsselin)
- «Mais dans le public, le diplôme est encore roi…» (@rboisjoly)
- «Tant que cette pression existe (et elle est supportée par les parents qui ont souvent grand besoin des enfants à l’école), l’honneur est sauf!» (@MarioAsselin)
Pas question d’abandonner le support à offrir à ceux qui questionnent l’école. Mais à travailler aussi avec d’autres agents de changement, je réalise que je peux me permettre d’être plus patient avec le système scolaire. La pression est forte et si on s’emploie parfois à faire comme si elle n’existait pas, il faut faire confiance à ceux qui l’exerce!
N.B. Au même moment où j’écrivais ce billet, je remarque ce texte: «21 Things That Will Become Obsolete in Education by 2020». Il y a parfois de ces hasards…
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M. n’aime pas que son écran devienne jaune tout en étant bercé par une douce sirène? Serait-ce que vous pêchez pour l’accompagnement plutôt que la mise à l’index?
Sachez que de nouvelles mesures seront bientôt mises en place afin de permettre une plus grande liberté… Une demande en cc 4 coul. pourra être acheminée via direction pour une analyse complète par le truchement d’un comité d’experts. Ceux-ci seront en mesure de juger de la pertinence pédagogique de ce site!
Vous comprendrez qu’en attendant… aucun site ne peut être débloqué!
Pour ce qui est du diplôme… ça fait 200 ans que l’on enseigne de cette manière, je ne vois pas pourquoi il faudrait changer une formule gagnante! De plus, l’on a fait des bonds de géants depuis le Rapport Parent!
Salut Mario…
Es-tu aller jouer au bowling dernièrement ? La dernière fois que je suis allé là, on calculait les points sur une grande feuille de papier. Maintenant, tout se calcule tout seul… à l’écran. La technologie est entrée dans la place. mais sais-tu quoi ? La game a pas changé pour autant: des boules, des quilles, une allée pis des dalots… Je m’étais pourtant pratiqué avec la Wii dans le temps des Fêtes. Mais ça m’a pas rendu plus capable de jouer 200 aux vraies quilles.
Ainsi vont la vie et l’école: mets la technologie que tu veux, la vraie game change pas.
Si l’impact de l’arrivée des TIC et du potentiel qu’offre le Web 2.0 se résumait à afficher différemment le pointage aux quilles, ça ferait longtemps que je serais passé à autre chose Marc…
Et si l’école était aussi mauvaise, contre-nature et rétrograde que le laissent entendre les commentaires des gens que tu rapportes dans ton billet, penses-tu que moi et bien d’autres on ne serait pas passé à autre chose aussi? L’école est un lieu de résistance. L’école ne prépare pas à la vie, disait Dewey, elle est la vie. Avec ses bons et beaux et mauvais et laids côtés. mais elle est la vie. On demande à des enseignants et des directions de faire la job que personne d’autre n’a envie de faire. À preuve, les difficultés de recrutement. À preuve, le désengagement des parents. À preuve, un État qui finance un système privé parallèle. À preuve, l’estime dont jouissent les Sébastien Ménard et Paul Arcand de ce monde quand ils nous tombent dessus à bras raccourci. À preuve, le traitement qu’on réserve à une ministre qui ose prendre des décisions et à qui on ne pardonne rien. Personne ne veut de notre job. Mais personne veut la faire. Tout le monde crache dans la marmite. C’est facile quand on est pas pris pour manger la soupe.
Sorry Mario. Ça ne s’adresse pas à toi personnellement, mais à un type de discours. J’essaie pourtant de me taire, de me dire: St-Pierre, ferme ta gueule pis nage. Mais comme disait notre Plume national: « Faut ben qu’ça sorte de temps z’en temps ».
Sans rancune.
Et si les TICs allaient finir comme la télé dans les salles de classe? Un outil quelconque qu’on roule dans la classe au besoin?
Quant aux diplômes, il n’y a pas de garantie mais ça augmente les chances que la personne dipose d’un lot reconnu de connaissances (sur lesquelles contruire du solide) ainsi que d’une méthode de travail systématique et applicable à plusieurs tâches.
Quant au rôle de l’école, je dois reconnaître qu’un vieux prof avait raison: c’est un lieu de reproduction sociale. On retrouve éventuellement à l’école ce qui circule dans la société; y compris les technologies.
L’école est un lieu de résistance…
Oui mais pour rester honnête aurait-il fallu compléter ainsi « de toutes les résistances »…
Car tirer à boulets rouges sur l’extérieur est aussi dangereux que de se taire sur l’intérieur.
Et l’intérieur de l’école est à « autocritiquer » aussi !!
Doit-on tout de suite parler « désengagement » des parents ? Oui, certains se désengagent pendant que d’autres montent au front.
Doit-on parler de l’Etat avant de parler des équipes ?
L’école a toujours catalysé les tensions, les querelles, les rebellions…
A l’école se retrouve la société, une mais pas indivisible, belle mais plurielle.
Mais je ne peux chercher des causes extérieures alors que tant existent à l’intérieur : si nous devons parler de l’Etat, des ministres et des parents, parlons des systèmes pédagogiques obsolètes et pourtant si nombreux, parlons de paroles dites comme autant d’humiliation répétée, parlons corporatisme…
Et dès lors, nous pourrons aisément nous tourner vers l’extérieur car, en paix avec nos consciences, il nous sera facile de le faire.
Et disons-le haut et fort, beaucoup envie notre job si j’en juge par le nombre de personnes qui passent le concours !
Tout ceci me ramène indirectement à une « explication de texte » avec mes élèves : nous avons débattu sur altruisme et égoïsme…
Beau programme
J’ai choisi de continuer la conversation dans un autre billet, mais je tiens à garder la trace de deux courriels d’enseignants que j’ai reçus et qui attirent mon attention sur un de ces lieux de résistances qui affligent l’école. Essentiellement, ces enseignants ne peuvent se résoudre à poster leur commentaire sur mon blogue parce qu’ils se sentent traqués par leurs patrons. Par peur d’être identifiés, ils me racontent comment l’école ne permet pas la libre expression de points de vue divergents… Il auraient (selon eux) «une saison de chasse» sur les réseaux sociaux qui visent à repérer les enseignants (ou les cadres) qui osent exprimer des critiques du système scolaire… l’idée étant de s’assurer qu’ils soient rencontrés pour leur parler du fameux «devoir de réserve».
Il y a de ces résistances qui m’exaspèrent…
Un passage d’un des courriels me paraît être intéressant (et surtout, ne permettra à personne d’identifier de qui il s’agit) puisqu’il évoque le degré de frilosité des dirigeants de certaines C.S.:
Mario,
La lecture de l’extrait de la lettre que tu cites dans ton commentaire précédent m’a fait penser au propos de Denise Bombardier dans Le Devoir du 13 mars:
Cas par cas
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/284868/cas-par-cas
« [nous sommes devant] la société québécoise en train de se fissurer sous nos yeux à cause, entre autres, de l’approche du cas par cas… »
« Le cas par cas, c’est la politique de l’absence de vision, de l’incapacité à établir des liens obligés entre les différents besoins collectifs et, hélas, c’est l’absence de courage politique en ces temps difficiles. »
« La politique du cas par cas comporte un autre effet pervers: celui d’être à la merci des pressions des lobbies divers et des groupes reconnus politiquement corrects par les médias, avec comme conséquence une gestion arbitraire et discriminatoire des institutions publiques. »
« Ce n’est pas de l’unanimité dont nous avons besoin, mais de visionnaires responsables, héritiers de dirigeants qui ont mené le peuple vers une émancipation collective parce qu’ils croyaient profondément à l’existence de ce peuple-là. »
Je pense qu’il en est de même en éducation à l’heure actuelle.
Merci pour l’article ! On pourrait encore faire évoluer de façon bien plus cohérente, naturelle, humaine, le système éducatif. De nombreux thèmes sont déjà repris par les politiques mais jamais appliqués : un maximum d’une quinzaine d’élèves par classe, des enfants mieux respectueux de leurs professeurs car mieux encadrés par leurs parents, des moyens permettant aux professeurs de s’évader de l’enceinte scolaire. Mon avis sur l’inné ou l’acquis ici http://bit.ly/ds1UYI
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