J’ai passé une bonne partie de la journée choqué hier. À cause d’une chronique de Patrick Lagacé, «Y a rien, dans nos vies». D’habitude, ça passe assez vite, mais je suis resté sur cette énergie jusqu’au milieu de l’après-midi. Je ne voulais pas vraiment descendre de mes grands chevaux, il faut croire, au point où j’ai même déçu un copain qui me proposait une mise en contexte du texte du chroniqueur de La Presse qui aurait pu ralentir mes ardeurs. Je ne voulais rien savoir…
Comme si je voulais rester fâché.
Comme si dans la rage, je trouverais mieux ce qui était venu me chercher dans ce texte.
Ce matin, j’ai reçu un courriel de mon copain Clément qui avait réagi hier sur Twitter. Il avait écrit un texte, une sorte de réplique qui m’a fait beaucoup de bien. On a échangé quelques impressions et puis, j’ai fait ma journée, en me disant que je relirais sa version finale tout en continuant de chercher qu’est-ce qui avait bien pu me sortir de mes pompes comme ça!
Hier, je pensais que c’était «Le Québec ressemble toujours à une vieille pantoufle en Phentex.»
Ce soir, j’ai trouvé. Dans le texte de Patrick Lagacé, bien entendu…
«Mais je reviens à cette phrase assassine d’Arcand lancée à Bureau. Phrase qui, peut-être, résume tout le Québec de 2010, d’une certaine façon?: Y a rien, dans nos vies.
Pas fou, au fond.
Notre grand projet collectif?
Euh, attendez une seconde. L’échangeur Turcot? Le CHUM? Et quand nous sommes vraiment ambitieux: la laïcité.»
Mon combat de tous les jours est un projet collectif, l’éducation… l’apprentissage.
J’ai dû ressentir hier jusqu’à quel point ce projet n’est pas reconnu et combien c’est choquant de le lire dans le texte de quelqu’un qui regarde de haut l’éducation (je prends pour référence une entrevue avec la ministre de l’Éducation en octobre 2007).
Ça m’appartient.
C’est mon problème.
À lire donc, Lettre amicale à Patrick Lagacé de Clément Laberge.
N.B. Patrick Lagacé revient sur sa chronique d’hier sur son blogue.
Mise à jour du 20 avril: Sur son blogue, Marie-Claude Ducas revient sur le sujet. La rédactrice en chef du magazine Infopresse se concentre davantage sur les propos tenus par Denys Arcand que sur la chronique de Patrick Lagacé, il faut le noter. À lire dans «Notre rien, c’est peut-être le début de quelque chose».
Tags: "...à ce qui me choque" "La vie la vie en société"
Ayant longuement travaillé dans le monde des médias, j’ai toujours été frappé par la façon dont certains journalistes voient des nouvelles intéressantes dans les moindres sujets, tandis que d’autres ne voient pas le texte de Une qui leur pend sous le nez.
Peut-être que Patrick a eu un (rare) moment comme ça. On lui souhaite que ça passe. Que ce ne soit rien.
En attendant, je ne suis pas sûr que ce soit si mal que ça, de ne pas avoir un état décapité comme en Pologne, des émeutes comme en Thaïlande, la guerre comme en Afghanistan, la violence urbaine du Brésil. Pouvoir aborder des thèmes comme l’éducation avec une relative sérénité, ce n’est pas rien, pour une société.
Un million de Québécois sont considérés analphabètes à des degrés divers. Un million de Québécois ne sauraient pas lire un paragraphe de ce blog et arriver à en comprendre le sens. Un million de gens -comme chante Claude Dubois – n’ont pas de CHOIX à cause d’une inculture connue de tous.
Et il n’y a toujours pas de révolution. Pas d’émeute. Pas de révolte.
C’est peut-être ce « rien » là qui fait le plus mal je trouve…