On me pardonnera ce titre de billet emprunté à l’un des slogans publicitaires les plus populaires de mes jeunes années (le syndrome de la saucisse Hygrade). Aujourd’hui, on m’a questionné sur ma propension à publier sur ce blogue du contenu texte destiné à un support papier, avant tout. Dernièrement, pour À Bâbord et pour les Cahiers Pédagogiques, j’ai reproduit ici un article qui m’avait été commandé. On me demande si, ce faisant, «la mise en ligne gratuite qui entraîne de nombreuses consultations du site Web ne contribuerait pas à rendre inutile son acquisition dans le format papier faisant diminuer d’autant les ventes ?»
Je crois agir à l’inverse. À moyen terme, je pense qu’en agissant ainsi, je contribue à stimuler les ventes. Ce n’est sûrement pas inutile d’expliquer mon point de vue…
Il m’est d’abord venu à l’esprit les discussions qui ont entouré la sortie de Pourquoi bloguer en contexte d’affaires. Rapidement, chez Sylvain Carle, on a cité Cory Doctorow:
«I’ve been giving away my books ever since my first novel came out, and boy has it ever made me a bunch of money.»
Dans les faits, quel est le rationnel derrière ce principe de penser mousser les ventes du format papier en permettant l’accès gratuit à la version numérique ?
Mon premier argument est celui du marketing Web. Le contenu circule, il est indexé par les moteurs de recherche, il est hyperlié par les réseaux sociaux et les sites Web ce qui lui assure un bon positionnement et il sert bien les intérêts du site par lequel on peut se procurer la version papier qui contient l’ensemble des contenus réunis sur un seul support. Chaque fois qu’un internaute fera une recherche avec un des mots-clés où ce contenu est mis en valeur, il y aura une forte probabilité que le site Web en question soit fréquenté par quelqu’un qui autrement n’aurait jamais entendu parler du document papier. Reste à voir comment ce site encourage et facilite l’achat du document papier. Indirectement, cette mise en marché du document atteindra des gens qui ne lisent pas sous le format numérique et qui, conséquemment, tenteront de se procurer le format papier.
C’est probablement ce qui explique que pour le livre Pourquoi bloguer en contexte d’affaires, nous enregistrons encore au moins une vente par semaine même si le livre date de l’automne 2007.
L’autre argument qui me paraît important à considérer est celui de la pénétration du contenu de l’article et de la confiance envers la qualité du document. Nous écrivons pour être lu, en premier. Combien de gens qui auront lu le document numérique auront le réflexe, après la lecture, de considérer que le message et les idées véhiculées méritent d’y revenir ? Ou mieux encore, combien de personnes en recommanderont l’achat à des personnes qui ne fréquentent pas le Web ? Si un certain pourcentage des lecteurs n’achète pas sur le court terme le document parce qu’ils peuvent en prendre connaissance par Internet, je suis prêt à parier sur la rentabilité de l’investissement, à moyen terme, par l’entremise de l’accès gratuit à du contenu de qualité qui saura persuader de sa valeur la masse des gens à qui il s’adresse, avec le temps.
Je me dois de préciser que je n’accepte plus de produire un travail pour lequel je cède mes droits d’auteur au point de ne pouvoir faire circuler le contenu par mes propres outils de publication. S’il peut arriver, en amont, que les responsables de la publication papier soient surpris de voir mon texte publié sur mon blogue, je suis toujours un peu étonné, me connaissant, que des gens s’imaginent sans m’avoir proposé aucune entente spécifique que je «me contente» de diffuser mes idées exclusivement par un support «traditionnel». Même dans le cas où on me rémunère, je considère que je rends service à la publication papier – payante – en laissant une trace via Mario tout de go du document qu’on peut se procurer.
Plus de gens lisent parce que ça circule par le numérique; plus de gens l’achètent en format papier parce que plus de gens lisent. Je conviens que ça reste à vérifier.
Pas que plus de gens lisent, ça, j’en suis certain.
Mais que ça soit plus payant pour ceux qui vendent, ça, je sais que ça reste à prouver. J’y crois… sur le moyen et long terme.
J’oublie des arguments ?
Merci de les ajouter…
Tags: "...à qui je suis" "La vie la vie en société" LesExplorateursduWeb
La philosophie que tu revendiques, ne relève-t-elle pas de la même logique que celle mise en oeuvre par Google ?
Faciliter l’accès à l’information existante n’est-elle pas le plus sûr moyen d’en assurer la promotion et la diffusion ?
Je suis totalement d’accord avec le principe et l’approche. C’est le même principe qui a été si décrié dans le monde de la musique: « piratage »,perte de revenu, etc. Pourtant c’est cette même facilité d’accès et de diffusion qui ont mis au monde de jeunes groupe rock qui ont commencé (et continuent) à proposer leurs chansons sur « my space » ou « you tube » et qui sont devenus très rapidement des stars reconnues mondialement!
La situation que tu exprimes avec le monde de l’ « écrit » ne me surprend pas, elle est symptomatique de l’incompréhension des nouvelles approches amenées par le web vs l’approche tradionnelle et séculaire des vieux médias.
Quant à ton questionnement: « Mais que ça soit plus payant pour ceux qui vendent, ça, je sais que ça reste à prouver », je proposerais cette nuance que j’ajouterais: « Mais que ça soit plus payant pour ceux qui vendent, tout en conservant leurs approches traditionnelles…. », ça je crois qu’effectivement ils doivent voir un certain déclin si ce n’est un déclin certain 😉
Cette nuance est valable tout autant pour les éditeurs de livres, de magazines, de journaux que pour les compagnies de disques ou la vente au détail.
Il y a de belles opportunités d’affaires qui se perdent à cause de cet aveuglement ou de cet entêtement!
Je crois que l’époque où la publication gratuite sur le Web aide les ventes sur papier tire à sa fin. La raison principale de l’achat papier d’un texte libre, c’est la facilité de la lecture sur papier. Dans quelques années, cet argument ne tiendra plus que pour les nostalgiques du papier.
Déjà, sans liseuse spécialisée, sur mon netbook, je trouve confortable de lire si je ne suis pas au soleil. J’imagine sans peine qu’avec une liseuse, je pourrais me contenter de la version numérique pour la plupart de mes lectures.
Faudra donc trouver le modèle économique adéquat pour continuer à offrir des textes numériques en accès gratuit.