Elle avait l’air surprise en arrivant sur scène. De voir autant de monde ou d’être là, simplement… je ne sais trop. Reste que le spectacle d’Elisapie Isaac est différent de tout ce que j’ai vu jusqu’à maintenant au Festival d’été.
On nous promettait l’intégral de son album There Will Be Stars qui tourne pas mal depuis sa sortie en mai 2009. Mais j’avoue ne pas avoir écouté beaucoup. Ce soir, je suis parmi les spectateurs par curiosité. J’ai le goût de la voir. J’ai le goût de l’entendre. Elle vient de dire qu’elle pense beaucoup ce soir à Lhasa De Sela; elle a déjà fait la première partie d’un spectacle de celle qui est décédée dernièrement… Ce sera une soirée tout en douceur. En profondeur même.
Je m’arrête à une chanson. Les paroles sont de Richard Desjardins et la musique, de Pierre Lapointe. Ce soir, c’est Antoine Gratton qui est au piano pour Moi, Elsie. J’ai beau en écouter d’autres par après, celle-ci me reste en tête. Intense. Délicate. Grave.
Belle.
«Tu te demandes peut-être pourquoi
j’prends pas un homm’ de ma rivière.
Quand ils s’allongent auprès de moi,
j’ai l’impression qu’ils sont mes frères.
Les gars ici n’arrachent beaucoup.
Ils viennent au monde, c’est même banal,
avec une flèche plantée dans l’cou
et quand ils parlent, ca leurs fait mal.
Sont pris dans un capteur de songes.
À la Coop, vas donc savoir,
y achètent de la poudre à mensonge
puis partent à chasse aux idées noires.
Quand leurs fusils ont tout vidé,
ils prennent alors nos coeurs pour cibles.
Toi, tu m’as prise sans m’posséder.
On aime un homme quand il est libre.»
Cette chanteuse est encore un des bijoux les moins connus du Québec. Mais heureusement qu’on commence à la connaitre! Et Desjardins, quel parolier! Plamondon a l’air d’un analphabète à ses côtés.