Depuis que je suis tout jeune, je crois qu’agir en homme, c’est rechercher l’égalité dans ses rapports avec les femmes.
Ça doit venir de ma mère qui ne l’a pas eu facile de ce côté. Et de ma grand-mère peut-être, aussi. Et puis de mes tantes, de certaines copines, d’étudiantes aussi; six années de directeur dans un pensionnat de filles, ça forme son homme. Et de ma conjointe qui, depuis le 4 décembre 1983, raffine «ce travail» amorcé il y a longtemps qui consiste à aimer sans posséder!
Mes oncles ont été des modèles souvent. Je me suis entouré d’amis qui penchaient du même côté, également. Bref, je me considère comme un homme moderne qui assume que les femmes dans ma vie partagent avec moi certains objectifs communs. Mon amoureuse et moi partageons une intimité bien particulière et pour le reste, la vie des femmes qui m’entourent vaut bien celle des mâles autour de moi. Je veux dire qu’on est davantage heureux quand tout le monde l’est en même temps que nous, hommes ou femmes.
Jusque-là, rien de compliqué…
Mais cette semaine, je me suis remis en question quelque peu.
Je me suis d’abord choqué – comme plusieurs (1, 2) – à l’écoute de capsules Web conçues par un mouvement féministe radical aux teintes d’impatience :
« « Le mouvement des femmes du Québec hausse le ton. On a assez étiré l’élastique et il est temps que ça change! », de dire Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec et porte-parole de la Marche mondiale des femmes. »
Je suis resté calme malgré tout parce que ma condition d’homme me disqualifie souvent dans ce genre de débats.
Et puis, j’ai lu la chronique de Marie-Claude Lortie qui réagissait à cette histoire de chair à canon en affirmant que « les femmes ont besoin d’une nouvelle voix ». Courageuse Marie-Claude que je me suis dit, parce que ce n’est pas sans risque qu’on prend ses distances d’un mouvement «fondé en 1966 par Thérèse Casgrain et Réjane Laberge-Colas». J’ai rencontré la chroniqueuse de La Presse à une ou deux reprises et à force de la lire, je m’étais rendu compte de sa capacité à se tenir debout, mais je me disais aussi qu’elle n’avait peut-être pas besoin de mon soutien d’homme dans cette croisade naissante. Je me suis contenté de relayer son texte sur Twitter.
Quelques jours plus tard est arrivé le billet de Catherine Morissette, « Un nouveau mouvement féministe au Québec? ». Je me suis tout de suite senti solidaire de ces «commandements de base d’un futur mouvement féministe moderne» tels que formulés par Marianne Drouin du FM93:
- Je suis épanouie et assumée dans tous les aspects de ma vie.
- Je ne suis pas en guerre avec le sexe opposé. L’homme est un égal et un partenaire avec qui je partage des objectifs communs.
- Je veux être là où je suis pour mes compétences et mes qualités et non à cause de mon sexe.
Je veux qu’on me respecte dans mes choix de vie et je fais de même face aux autres femmes même si elles font des choix qui ne seraient pas les miens. - Je suis reconnaissante du travail qui a été fait par les femmes qui sont passées avant moi et qui ont ouvert la voie à la société dans laquelle je vis aujourd’hui
- L’égalité entre les hommes et les femmes est une valeur non négociable et notre société a le devoir de s’assurer que cette valeur n’est pas bafouée pour des considérations telles la religion ou la culture d’origine.
- Toute femme se doit d’être autonome dans la vie pour faire les bons choix. Je suis maître de mon destin, je n’en suis pas une victime.
Encore ici, je me suis gardé de manifester mon support à Catherine en commentant son billet puisque mon réflexe a été de me dire que par mon assentiment d’homme, je pourrais prêter flanc à donner des arguments aux dirigeantes de la FFQ. Je les entendais déjà dire que des revendications de femmes soutenues par des hommes, ça ne peut qu’être suspect!
Encore par l’entremise de Twitter, j’ai échangé avec certains/certaines pour réaliser que je faisais peut-être fausse route de me taire. Pourquoi ne pas nommer que j’en ai assez moi aussi d’un féminisme construit d’abord sur une vision antagonistique des sexes qui oublie souvent de nommer certains combats, plus à droite de l’échiquier politique. S’il faut antagoniser quand la bêtise des hommes prend le dessus sur le bon sens, je crois que la majorité des hommes d’aujourd’hui sont de toutes les causes qui concernent l’égalité des femmes. Je reprends le dernier paragraphe de Mme Lortie :
« Les efforts anti-avortement du gouvernement Harper, le drame quotidien des femmes souffrant de troubles alimentaires et de problèmes d’image de soi, l’hypersexualisation, le partage des tâches, la conciliation travail-famille, le nombre encore trop bas de femmes dans les sphères de pouvoir économique et politique, le «décrochage» des femmes professionnelles… Pour tous ces autres sujets qui préoccupent les femmes, il faudra attendre une autre campagne. Et probablement, un nouvel organisme. »
J’offre donc ici mon support le plus entier à ces femmes qui voudront affirmer leurs revendications autrement. J’imagine que je pousse un peu loin mon support, mais j’ai même le goût d’aller plus loin. J’ai déjà écrit que j’étais en train de devenir istephobe, mais je ressens le besoin de me rétracter ce soir. Ce sont les paroles de Elisabeth Badinter (que j’ai déjà cités ici) qui remontent…
« Je pense que nous, homme et femme, avons plus en commun que de différences »
J’affirme donc ce soir que je suis féministe. Un homme féministe, qui plus est, dans ce contexte où veut naître un mouvement plus rassembleur.
La meilleure des chances à celles qui porteront ce combat, d’abord, et à ceux qui voudront s’y rallier, ensuite. S’il fut un temps où La Cause des femmes exigeait le port des soutiens-gorge en bandoulière, je serai de ceux qui veulent passer à autre chose, sans renier le bien-fondé des gestes du passé qui ont autant profité à ma mère, à ma conjointe qu’à moi. À cause des féministes d’hier, nous vivons davantage d’égalité, n’en déplaise à ces fumistes masculinistes qui sont aujourd’hui tout aussi centrés, malheureusement, sur des combats du passé.
Merci Marie-Claude, Catherine et les autres, d’avoir initié ce mouvement.
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Je suis un être humain, un homme et un féministe
J’ai bien vu Mario dans tes tweets des derniers jours que quelque chose te dérangeait dans l’affaire des capsules de la Fédération des femmes du Québec (FFQ). Je vois que tu réagis à cela avec une belle modération, évitant de tomber dans le préjugé et l’accusation et, surtout, en te situant comme homme. Je vais réagir à ton billet, sur le même ton.
À la différence de toi, j’ai acquis plus tard dans ma vie d’adulte la conviction que l’égalité entre les hommes et les femmes est nécessaire. J’ai dû travailler fort, et le mot est faible, pour arriver à comprendre que des rapports égalitaires, particulièrement entre les hommes et les femmes, sont la manière la plus viable, la plus humaine d’aborder la vie. Je viens d’un milieu social où les rôles entre les genres étaient bien campés. J’ai eu des parents qui malgré ces rôles emprisonnant avaient un certain sens de la justice sociale. C’est cela qu’ils m’ont légué en héritage. Et cette justice sociale m’a amené vers les rapports égalitaires entre hommes et femmes, vers l’importance du partage, de l’écoute, de l’engagement, du support et de la compréhension. Je crois que c’est l’ « humanitude » qui se manifeste dans ces valeurs et pratiques.
Je demeure toutefois un homme, et ce n’est pas un mal, bien au contraire, je me sens même particulièrement bien là-dedans comme je me sentirais probablement très bien si j’avais à vivre une vie de femme. Mais je demeure avec des comportements de « gars » dans bien des aspects de ma vie. Je suis toujours étonné de voir avec quelle facilité les hommes se mettent en situation de compétition dans nombre de leurs activités. Et je m’étonne souvent de voir avec quelle facilité je joue le jeu : ça doit être un relent fossilisé dans mon cerveau du désir d’être le mâle Alpha, celui qui a le privilège de saillir toutes les femelles.
Et ce jeu de la compétition, intéressant dans bien des aspects, devient souvent un jeu où la domination d’un petit nombre se fait au détriment du plus grand nombre (la loi du plus fort). Et cela est poussé bien loin, beaucoup trop loin, lorsque ces comportements finissent par la guerre, les génocides, le capitalisme prédateur, etc.
Malgré ma grande volonté à vivre des rapports égalitaires, je dois continuer à déconstruire chez moi ce qui est en porte-à-faux avec mes idéaux de partage, de solidarité, de compréhension, d’engagement, d’écoute, d’empathie, etc. Et le gros du travail me semble être là. Ce qui est vrai pour une vie individuelle l’est aussi pour les groupes sociaux. C’est pourquoi mon support va à tous les groupes qui sont porteurs de ces valeurs et qui les mettent en pratiques dans leurs actions. Pour le moment, la FFQ demeure pour moi un de ces groupes.
Ce qui me dérange dans le discours sur l’affaire FFQ, c’est que des gens récupèrent ce que l’on pourra considérer comme une bévue, un manque de tact, une erreur de jugement, une coche mal taillée et quoi d’autres encore pour disqualifier cette organisation. Que la FFQ ne représente pas toutes les femmes du Québec, cela va de soi me semble-t-il. La FFQ est porteuse de valeurs de gauche dans lequel des femmes, et des hommes, ne se reconnaissent pas. Jean Charest est le chef du gouvernement qui doit représenter toutes les personnes vivant au Québec, puis-je te dire que je ne me reconnais pas ni dans ce gouvernement, ni dans cette ligne de pensée sociale et politique. Imagine avec Harper maintenant. Ça n’a jamais existé un groupe qui fait consensus dans une société. Même aux plus beaux jours du règne de ce grand rassembleur qu’était René Lévesque, il n’y avait pas de consensus autour de lui. Est-ce que le Réseau des femmes d’affaires du Québec représente toutes les femmes d’affaires du Québec? Est-ce que le Conseil du patronat du Québec représente toutes les entreprises du Québec ?
Je respecte l’idée que des gens pensent autrement et qu’ils souhaitent être représentés par des groupes qui leur ressemblent plus. Mais de se servir de cela de manière opportuniste pour faire passer son message, ça me dérange. Que Sylvain Bouchard et sa co-animatrice prennent acte du débat autour de l’affaire FFQ pour lancer l’idée de créer un nouveau mouvement féministe qui serait plus respectueux des femmes que ne l’est la FFQ, là j’avoue que je suis perplexe. Les propos tenus par ces deux personnes sont souvent dénigrants, provocateurs, visant à faire passer les valeurs de solidarité et de partage de la gauche comme des valeurs surannées. Le procès fait à Françoise David sur les ondes de leur émission radiophonique est typique de leur manière de s’inscrire dans le débat social : leurs idées sont les meilleurs, celles de autres ne valent pas la peine qu’on s’y arrête, pire ils les discréditent. Et ce sont ces gens qui seraient à la base d’un mouvement social qui serait respectueux des différences et à l’écoute des besoins des uns et des autres. Non, ce n’est pas sérieux. Ces gens là vont se faire du capital radiophonique avec cela et ils passeront vite à autre chose.
Mais les femmes qui militent à la FFQ seront encore là demain et après demain. Pourquoi ? Parce qu’elles savent que le combat pour l’égalité est loin d’être gagné et qu’il y a même des régressions à ce chapitre. Et à Madame Lortie qui dit que : « Les efforts anti-avortement du gouvernement Harper, le drame quotidien des femmes souffrant de troubles alimentaires et de problèmes d’image de soi, l’hypersexualisation, le partage des tâches, la conciliation travail-famille, le nombre encore trop bas de femmes dans les sphères de pouvoir économique et politique… Pour tous ces autres sujets qui préoccupent les femmes, il faudra attendre une autre campagne. Et probablement, un nouvel organisme», j’aimerais la rassurer, la FFQ s’occupe déjà de cela à temps plein et depuis longtemps.
Qui plus est, la FFQ s’occupe du sort des femmes les plus démunies socialement et économiquement et aussi de celles qui vivent des drames insensés en raison des guerres, celles dont on se préoccupe peu dans les sphères du pouvoir et du capitalisme débridé. La FFQ agit donc en fonction de la situation de ces femmes. Cela ne correspond évidemment pas à la situation de toutes les femmes du Québec.
Pour toutes ces raisons, en tant qu’être humain, homme et féministe, je soutiens tous les groupes porteurs des valeurs de solidarité, de partage, de paix… Je soutiens donc la FFQ dans ses revendications pour l’amélioration du sort de femmes au Québec, car mon propre sort comme être humain dépend du sort de ces femmes; mon bonheur comme homme dépend du bonheur de ces femmes. Et comme j’ai le goût d’être heureux…
Au plaisir
J’avais un malaise en lisant Marie-Claude Lortie cette semaine, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. C’est en te lisant que ça m’est apparu clair: ce discours est un discours de riche. Un discours de gens qui s’en sont sortis.
Bien sûr, le discours de la FFQ est maladroit et la campagne de pub pas géniale. Est-ce à dire que la FFQ et ses objectifs sont dépassés? Pas à mon point de vue. Je travaille dans Hochelaga-Maisonneuve, je vois tous les jours des femmes qui même en voulant se tenir debout, sont encore trop loin, trop pauvres, trop en survie pour se questionner sur le meilleur porte-voix. Des femmes qui n’en ont rien à cirer de nos belles paroles.
Non, je ne me reconnais pas toujours dans le discours de la FFQ. Trop à gauche pour moi. Mais ne serait-ce que pour m’empêcher de penser que tout est parfait, madame la marquise, j’ai besoin de l’entendre.
J’ai eu l’immense chance – parce qu’à la loterie de la vie, on gagne ou on perd à la naissance – de naître d’une mère pour qui l’indépendance financière était primordiale, et d’un père pas trop macho qui croyait au potentiel des gens, qu’ils soient hommes ou femmes. J’ai grandi avec le sentiment que rien ni personne ne pourrait m’arrêter. J’ai travaillé dans un milieu macho, la politique, et le fait d’être femme, s’il ne m’a pas nui, ne m’a pas servi non plus. Je suis indépendante financièrement, et j’essaie d’élever ma fille dans l’idée que si elle souhaite être pape, so be it!
À mon humble avis, créer un « nouveau » mouvement féministe au Québec est un faux débat. D’un côté, les femmes qui ont le temps, le fric et les outils, de l’autre, les « gaugauches » de la FFQ? Pendant que nous nous combattrons les unes les autres pour savoir qui porte la « VRAIE » parole des femmes, la droite conservatrice fera du chemin. Et si on essayait plutôt de recentrer le discours de la FFQ?
Mieux, si on essayait, au-delà des discours, de voir concrètement ce qu’on peut faire pour les petites filles de HoMa, qui ne voient même pas qu’elles pourraient avoir un avenir différent que la pauvreté?
Tant mieux, Mario, si les hommes se joignent aux femmes pour faire du Québec une société plus juste. Mais il faut aller au-delà des mots. Bien au-delà.
Merci Jacques et Marie-Josée pour les commentaires. Ils font du bien à lire…
Je me joins à Geneviève pour dire à Jacques et Marie-Josée que vos commentaires ont beaucoup de valeur à mes yeux.
Je suis sensible à l’argument du piège qu’il y aurait à retrouver « d’un côté, les femmes qui ont le temps, le fric et les outils, de l’autre, les « gaugauches » de la FFQ? » Depuis que tu as écrit Marie-Josée que tu éprouves un certain malaise d’un « discours de gens qui s’en sont sortis », je réfléchis à cela et je me dis que c’est bien possible que le point de vue de ceux qui ne sont pas « dans la misère » puisse prêter flanc à devenir un point de vue « de riche ».
Tu comprendras que j’assume tout de même ma critique d’une FFQ qui se comporte comme elle l’a fait dans cette campagne. Généralement, je reste loin, car en plus de ne pas vivre dans la pauvreté, je suis un homme. Mais cette semaine, des femmes ont exprimé un certain « ras-le-bol » et je me suis dit que je pouvais appuyer ce sentiment, dans les circonstances, quitte à décevoir sur le moment des gens comme Geneviève à qui je n’enlève aucun mérite – également – de militer dans un mouvement de femmes (à la FFQ d’ailleurs, si ce que j’ai Googlé est exact).
J’aime bien Jacques que tu écrives que « la FFQ ne représente pas toutes les femmes du Québec, cela va de soi me semble-t-il. » J’ai eu l’impression cette semaine qu’elles l’avaient un peu oublié. Si ces événements permettent « un recentrage du discours de la FFQ » sur des préoccupations qui pourraient permettre à des femmes « un avenir différent que la pauvreté », je ne vois pas pourquoi je serais absent à côté d’elles.
Mais j’ai bien peur que le radicalisme du discours de la FFQ ne soit pas qu’anecdotique. L’argument que « la droite conservatrice fera du chemin » pendant qu’on mènerait ce débat sur qui peut parler au nom de qui ne me rejoint pas beaucoup. Un peu comme toi Marie-Josée (en ce qui concerne le côté « trop à gauche » de…), je ne me reconnais pas dans la droite conservatrice, mais certaines idées de droite peuvent contribuer à agir sur la pauvreté. Trop souvent, le « territoire » de la compassion et de la lutte à la pauvreté est accaparé par la gauche et je suis excédé par cette idée qu’il n’y aurait qu’à gauche que les gens ont du coeur.
M’enfin… Pendant ce temps-là, on jase et on n’agit pas. Heureusement, on discute civilement, et ça, c’est constructif!
Merci d’être venus faire un tour ici…
M. Asselin écrit: « Pendant ce temps-là, on jase et on n’agit pas »
Dois-je rappeler que la Marche mondiale des femmes agit, elle, et ses activités de la semaine – cette fantastique mobilisation comme on n’en a pas vue au Québec depuis des décennies (et qui semble tant irriter la droite) – vont, je l’espère, forcer le gouvernement à bouger vers plus d’égalité dans des dossiers où il imposait depuis longtemps des reculs aux femmes et à toute le monde sauf les profiteurs.
Merci à Jacques et Marie-José de tenir tête à un certain défaitisme, qui a trop longtemps laissé nos meilleurs éléments seuls et seules à combattre des politiques inhumaines. Je pense en particulier au combat de nos infirmières, et à celui des féministes d’ici, si superficiellement « bitchées » par ceux et celles qui ont pignon sur rue.
Il est clair que leurs combats ne seront jamais soutenus par les bailleurs de fonds de l’Institut économique de Montréal.
Mais c’est à leur honneur.
Merci pour ces réflexions intéressantes, nuancées et équilibrées. Personnellement, je n’arrive pas à m’associer aux propos de la FFQ, malheureusement. Souvent, je me sens même exclue de ses revendications. Parce que pour moi, le féminisme ici, c’est d’abord et avant tout un mouvement égalitaire et pacifique, refusant toute victimisation, même dans son discours. C’est Madeleine Parent, c’est Céline Galipeau, c’est mon médecin de famille et c’est mon père, un homme féministe né en 1945 qui m’a appris très tôt que je pouvais faire tous les choix que je voulais.
Quand j’arrive en Afrique, le féminisme, je m’attends à ce que ce soit une autre affaire… et pourtant, j’y ai rencontré des féministes qui tiennent un discours plus inclusif, malgré le contexte extrêmement difficile.
Alors voilà, je suis fièrement féministe, mais malheureusement incapable d’appuyer la FFQ.
p.s. et j’habite Hochelaga, pis j’ai vécu ça de près la survie au quotidien à une certaine époque 🙂
Je ne sais pas si je suis macho, rose ou féministe. Mais quand j’ai vu les vidéos de la FFQ, j’ai ressenti comme un malaise. On peut être contre la guerre mais, de là à parler de «chair à canon», on pousse le bouchon un peu loin, je crois.
Les soldats canadiens sont des volontaires. Aux États-Unis, on a remarqué que, même si les soldats étaient des engagés, ils le faisaient souvent pour contrebalancer des disparités socio-économiques souvent racistes. En effet, on retrouve dans les forces armées états-uniennes une sur-représentation des Afro-Américains, par exemple. Au Canada, l’armée est moins une issue à la pauvreté.
Ce qui m’a aussi mis mal à l’aise dans les pubs de la FFQ est le fait que ce soit des comédiennes qui jouent le rôle de «mères pourvoyeuses de chair à canon». Il me semble qu’on quitte un peu la réalité pour sombrer dans la publicité spectacle. Des témoignages véridiques auraient donné plus de poids à ce message.
Et que pense la FFQ de ces femmes qui se «réalisent» dans un milieu traditionnellement masculin en devenant des soldates? Faut-il saluer ces femmes militaires ou les dénigrer? Enfin, je m’égare peut-être.
Dans l’ensemble, la FFQ gagnerait à être plus inclusive. Mais là n’est peut-être pas son mandat.
On ne peut pas être pacifiste et se contenter d’euohémismes au sujet de l’horreur de la guerre. Envoyer des jeunes militaires rouler sur des mines dans des véhicules insuffisamment blindés, dans une guerre impossible à gagner parce qu’on occupe un pays qui devrait être reconnu comme souverain – comme les Nazis en France il y a 65 ans – c’est effectivement les sacrifier, que l’on appelle cela les traiter en chair à canon ou que l’on choisisse une expression moins réaliste. Le problème, c’est ce choix guerrier, pas les mots utilisés pour décrire ce sacrifice humain. Et je ne parle même pas des citoyen-nes afghan-es tués par les drones et les rafales de fusil et discrédités aveuglément comme « Talibans » par des services de presse complices.
Quant à la représentativité de la FFQ, vous leur faites un faux procès: je connais peu de coalitions québécoises qui accueillent une telle diversité d’associations et d’individues et où les débats soient si présents et respectés.
Ça y est: on en est rendu aux nazis… après seulement 8 commentaires.
Pour reprendre cet exemple, et comprenez que je sois pas guerrier, ce sont les pacifistes qui ont permis à Hitler de s’emparer de la moitié de l’Europe et de l’URSS, pas la force de l’armée allemande.
Le Canada est-il à sa place en Afganisthan, je n’en sais foutre rien. Par contre, je sais que le pacifisme est un bel idéal, je ne le nie pas, mais qu’il n’est parfois pas la solution à tous les problèmes. L’histoire nous l’a appris.
Et on ne gagne pas un débat en traitant de chair à canon des gens qui croient faire leur devoir. Enfin, il me semble.