Cette semaine, j’ai reçu par courriel une demande d’entrevue d’un étudiant de l’école Jean-Baptiste-Meilleur qui fait partie de la jeune équipe du journal étudiant. J’étais plutôt occupé cette semaine et il me disait qu’une réponse avant le début novembre lui conviendrait… Voici donc les questions et les réponses que je compte lui faire parvenir.
Que pensez-vous des écoles qui bloquent certaines pages web sur leur réseau sans-fil?
Je me suis souvent prononcé sur ce sujet pour dire essentiellement deux choses:
1- Bloquer l’accès à certaines pages web part probablement d’une bonne intention (protéger les élèves contre du contenu qui irait à l’encontre des valeurs éducatives d’une école), mais ne sert à rien. La direction de l’école croit à tort que les pages bloquées ne sont pas accessibles et, ainsi, elle n’encadrent pas les fréquentations Web des élèves qui savent, eux, contourner les blocages. Pendant que les adultes croient les jeunes « en sécurité », ils naviguent sur ces pages sans pouvoir échanger avec les adultes sur ce qu’ils trouvent sur ces sites. De plus, les directions d’écoles jouent à l’autruche parce qu’ils savent bien que ces sites qu’ils bloquent sont souvent parmi les plus fréquentés en dehors de l’institution. S’ils sont si « dangereux », pourquoi ne pas profiter du fait que des adultes soient autour pour sensibiliser les jeunes plutôt que de faire comme s’ils n’existaient pas?
2- En bloquant l’accès à certains sites, on met des bâtons dans les roues aux professeurs qui ont trouvé des façons pédagogiques de les utiliser. Les blogues, Facebook et YouTube (pour ne nommer que ceux-là) sont des lieux où les jeunes produisent beaucoup de contenus. Ce sont des endroits où il se fait beaucoup de travail collaboratif. Plusieurs enseignants ont repéré des occasions de faire apprendre au contact de ces sites et les multiples blocages compliquent la vie de ces profs. Cela sans compter que les systèmes de blocages qui procèdent par mots-clés bloquent aussi d’excellents sites. Prenez seulement le mot «sexe»; tous les sites qui contiennent ce mot sont-ils si épouvantables?
N.B. Renseignements complémentaires par ici: 1, 2, 3, 4, 5, 6…
Croyez-vous que c’est nécessaire, pourquoi?
Peut-être, je ne sais trop. À compter le nombre de commissions scolaires qui pratiquent le blocage, je me dis qu’ils doivent bien avoir une bonne raison de jouer à l’autruche. Façon de composer avec la pression de certains parents qui se méfient d’Internet (mais qui ne l’encadrent pas – ou pas assez – à la maison), stratégie basée sur « le moindre de deux maux » parce qu’on croit que sans le blocage, les éducateurs ne seraient pas capables d’intervenir efficacement ou peur que des problèmes de sécurité affectent le réseau de l’école qui est devenu un service essentiel pour les administrateurs… l’un ou l’autre de ces motifs entrent peut-être en ligne de comptes. J’entends parfois parler des problèmes liés à la largeur de la bande passante, mais j’ai peine à croire à « cette excuse ». J’entends de plus en plus dire que le « compte à rebours » est commencé et que plusieurs directions songent à « débloquer »; si cette solution du blocage n’était que temporaire, peut-être qu’elle a bien servi l’école pendant qu’elle se préparait à faire face à la réalité des usages des jeunes sur Internet, sait-on? Une chose est certaine, si ça arrive, faudrait aussi que les parents soient plus conscients que «c’est plus dangereux de ne pas éduquer devant la présence de dangers potentiels que de mettre à l’Index et de risquer que les jeunes soient confrontés aux mêmes dangers (hors de l’école) sans les moyens d’y faire face».
Que pensez-vous des programmes/sites sur Internet éducatifs.
Il y en a de très bons qui offrent de l’information très utile pour savoir comment composer avec les pièges de La Toile ou qui donnent les clés de lecture permettant de savoir si l’information trouvée sur un site est valide (1, 2). Il y en a d’autres qui essaient de faire peur aux jeunes et qui exagèrent, ce qui ne sert à rien (1, 2 N.B. je ne dis pas que ces sites ont tout faux…). En général, je trouve que c’est une bonne idée que de vouloir sensibiliser les gens aux dangers d’Internet surtout si en même temps on en profite pour nommer à quelles conditions le Web peut devenir un magnifique outil de partage et d’apprentissage!
N.B. Je rassemble depuis longtemps quelques ressources dans un compte «del.icio.us».
On sait qu’il nous est interdit de prendre des photos ainsi que des vidéos dans les écoles sans l’autorisation de l’individu en question, qu’en pensez-vous?
Je suis de ceux qui croient que les jeunes ont une conception de la vie privée différente de celle des adultes. En général, les jeunes ont tendance à être plus aventuriers sur ce sujet que les adultes et ils n’ont pas toujours raison. Protéger l’identité de quelqu’un me paraît être un bon choix. Il y a certains renseignements liés à l’identité d’une personne qui doivent le moins possible se retrouver sur Internet. En fait, je crois que c’est à partir d’un certain nombre de ces renseignements que les problèmes commencent. Personnellement, la diffusion de plus de deux renseignements personnels quand il est question de personne mineure me paraît hasardeuse. Le prénom et le visage de quelqu’un (consentant)… on est déjà à deux. Ajoutez le nom de famille et le nom de l’école fréquentée et vous êtes à quatre. C’est imprudent, je crois… Quant à savoir si ce serait correct de prendre des photos de quelqu’un sans son consentement, vous me posez ici une question facile à répondre: c’est NON, bien entendu. Chacun garde son «droit à l’image»!
Merci pour ces bonnes questions…
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
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Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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C’est vrai que c’est des bonnes questions… De très bonnes questions mêmes! Elles sont importantes et touchent à plusieurs aspects essentiels de l’éducation aux TIC: l’identité numérique, le droit et la responsabilité de l’éducation aux médias, la nétiquette, comment juger de la qualité du matériel Web et du matériel éducatif.
En quelques questions, cet étudiant touche à un gros paquet de sujets très important…
J’aime bien rappeler aux enseignantes et enseignants la citation ci-dessous provenant du guide des droits sur Internet :
En effet, dans plusieurs situations, l’individu est maître de ce qu’il y fait ou ne fait pas sur Internet. Il faut le former et l’éduquer à l’usage approprié du réseau. Dans cet esprit, l’école a généralement la responsabilité de le prévenir des risques et prévoir à cette fin des précautions utiles. Il faut rechercher un usage informé et responsable du réseau plutôt qu’une réglementation basée sur les interdits.
Source : http://www.droitsurinternet.ca/question_154.html
Merci beaucoup M. Asselin d’avoir répondu à toutes mes question. Vous me donnez amplement d’informations pour écrire mon article! Je vous en enverrai une copie PDF.
Au plaisir de se reparler,
Félix!
Je crois que c’est surtout pour se couvrir les fesses que les écoles bloquent certains sites. Ainsi si des parents se plaignent, les «responsables» peuvent leur répondre qu’ils ont mis en place des mécanismes et, en cas de problèmes, blâmer ceux-ci. NB: les compagnies font la même chose à leurs employés.
Pour les photos, il faut comprendre que c’est la loi. Aujourd’hui un photographe doit faire signer un formulaire avant de diffuser la photo de quelqu’un sinon cela risque de lui coûter 2000$ ou plus. Un site sérieux et amusant:
http://www.jugements.qc.ca/
recherchez » photographe droit image photo internet « . D’autres recherches comme pour « Facebook » montre une amende de $1,068,928,721.46 CAD à Adam Guerbuez. Un site qui pourrait être éducatif!