Je suis de très près l’actualité artistique de mon coin de pays. J’ai l’occasion de travailler souvent auprès d’intervenants du milieu artistique et j’aime le secteur de la culture. Je suis friand de musique, de littérature et de cinéma. La culture québécoise et francophone m’anime énormément…
Depuis quelques jours, je suis gêné de ce qui circule dans les médias concernant la place occupée par la chanson francophone au Festival d’été de Québec. Je me suis déjà prononcé sur ce sujet l’été dernier en ouverture du FEQ et je n’ai pas vraiment changé d’avis: «Il est normal de fournir un contexte de salle adapté à chaque groupe». En ce sens, le coup de force du président de Sphère Musique et GSI Musique Nicolas Lemieux qui s’est vu refuser les Plaines au spectacle Marjo et ses hommes m’indispose grandement. Mon copain Burp s’exprime lui aussi sur ce qui est en train de devenir une vraie saga et à un élément près, je suis de son avis: «J’espère simplement que les gens du FEQ resteront de glace au milieu de ce tourbillon d’insanités»!
Je crois que la journaliste Valérie Lesage fait son travail. En ce sens, je ne partage pas le point de vue des dirigeants du FEQ et de mon copain à l’effet que son «acharnement» friserait «l’obsession» dans ce dossier. Elle ne met pas les mots de ceux qui crient à l’injustice dans leur bouche. Son travail est de rapporter un message et elle le fait bien. Avec un certain zèle, c’est fort possible, mais personnaliser le débat allant jusqu’à tirer sur le messager n’arrangera pas les choses.
Je voudrais être clair: refuser de produire Marjo et sa troupe sur les Plaines dans le contexte du FEQ de ces années-ci me paraît être un choix légitime de la part de la direction. La crise de M. Lemieux qui projette son ressentiment sur le fait français qui serait mal servi par le Festival d’été de Québec ne servira ni la cause qu’il prétend défendre, ni ses artistes pour lesquels il tente un coup de force.
Je constate que les artistes francophones représentés par des gérants anxieux veulent les scènes du FEQ avec empressement, ce qui témoigne de la notoriété de notre Festival; l’édition de l’année dernière a atteint un haut niveau d’excellence. J’aime que la direction soit prudente avec «qui» elle programme à «quel endroit» et je fais davantage confiance à l’équipe de Daniel Gélinas qu’à ceux qui s’époumonent dans les médias depuis quelques jours brandissant «à tous vents» la cause du fait français en Amérique. C’est bien mal comprendre Québec, la Ville, que d’enfoncer des portes ouvertes pour espérer faire valoir son point de vue. Ça ressemble à de l’intimidation et à ce petit jeu, les gens de Québec risquent de se ranger derrière ceux qui donnent l’impression d’avoir le plus confiance en eux et en les festivaliers.
Il faut fréquenter le FEQ chaque année et côtoyer les gens ici à Québec pour comprendre l’attachement des amateurs de musique à ce qu’est devenu leur Festival. Plus les gens de l’extérieur vont essayer de dénaturer «le produit» actuellement offert, moins le dialogue sera fécond et avantageux pour «les plaignants». De mon point de vue, la revendication des «pros chansons francophones» est devenue gênante, au point où ce n’est même plus drôle. Je ne veux pas de favoritisme grossier pour les artistes francophones que j’aime par-dessus tout. Je veux sentir – comme je l’ai toujours senti – que ceux qui seront de la programmation méritent leur place et seront assurés d’un appui inconditionnel de la foule présente, venue s’émouvoir parce qu’ils sont des artistes de grande qualité qui nous ressemblent autant qu’ils nous rassemblent!
Messieurs (est-ce qu’il y a des «Mesdames»?) les gérants d’artistes qui crient au scandale… sachez que je suis gêné de ce que vous faites au nom des artistes.
Mise à jour du 17 décembre: De la lecture complémentaire chez Mickaël B., dit «La Barbe»!
Mise à jour du 20 décembre: Chronique éditoriale de Donald Charette du Journal de Québec, «Le procès du Festival». Un extrait…
Tags: "...à ce qui me choque" "Divagations musicales" "La vie la vie en société"«Le FEQ a versé 1,6 million $ en cachet à des artistes québécois en 2010, ce qui n’est pas rien. (…) Le débat sur la place des francophones a le mérite de forcer le FEQ à demeurer vigilant et à promouvoir les artistes du Québec et de la francophonie. La population, elle, a fait son choix et elle aime ce qu’elle voit. Le risque pour ceux qui critiquent et ont des intérêts directs, c’est d’avoir l’air ringards.»
Le travail d’un journaliste ne se limite pas seulement à rapporter les propos d’une personne. Il doit également pouvoir faire preuve de jugement et d’un soupçon d’objectivité. Si on relit l’article de Mme Lesage à propos de M. Lemieux, il m’apparaît clair qu’elle s’est servi des propos du gérant de Marjo pour en remettre sur ses opinions qu’elle avait déjà exprimées pendant le festival.
Elle ne semble pas du tout remettre en question les déclarations de M. Lemieux qui fait passer l’organisation du festival pour une gang d’imbéciles qui s’amusent à ridiculiser les demandes des gérants d’artistes francophones. Vraiment? Il me semble que j’aurais investigué un peu plus à fond là-dessus avant de rapporter le tout tel quel. Avouons que c’est gros un peu. C’est peut-être vrai, mais il y a comme qui dirait un doute.
Juste un mot Burp. Je sais bien que les journalistes doivent s’appliquer à montrer les deux côtés de la médailles, en théorie. Mme Lesage donne dans la critique, parmi autres affectations et j’imagine que ça explique pourquoi son jupons dépasse. Je ne crois plus vraiment à cette histoire d’objectivité journalistique…
Mon point c’est que ça ne donne rien de tirer sur le messager. Les gérants «aux aboies» ne vont pas disparaître le jour où on remplacerait Mme Lesage par un/une autre reporter 😉