Le Programme international pour le suivi des acquis (PISA) mène tous les trois ans une évaluation évalue des savoirs et savoir-faire essentiels à la vie quotidienne auprès de jeunes de 15 ans dans les 34 pays membres de l’OCDE. Les résultats obtenus par les élèves québécois en 2009 peuvent être interprétés de bien des façons, mais plusieurs s’entendent pour dire que le Canada et le Québec font bonne figure à l’échelle internationale. Nos grandes forces seraient du côté des sciences et des mathématiques. Nos performances en lecture marquent davantage ceux qui cherchent des zones d’ombre dans la communication des résultats.
Pour la France, certains ont été jusqu’à parler d’un « PISA choc », mais de fait, nos cousins sont dans la moyenne des grands pays développés. Dans une plus large mesure que nous au Québec, l’influence du statut économique et social puis, les écarts entre les élèves en grande difficulté et les excellents élèves préoccupent. Les États-Unis sont 25e en math, 17e en science et 14e en lecture, sur 34. Le secrétaire d’État à l’Éducation Arne Duncan ne pavoise pas… « The findings, I have to admit, show that the United States needs to urgently accelerate student learning to try to remain competitive in the knowledge economy of the 21st century ».
Parmi tout ce que j’ai lu dans les derniers jours sur le sujet, j’aimerais donner les fleurs au Vice-président de la région Rhône-Alpes responsable de la formation (France) et le pot à la Fédération autonome de l’enseignement (Québec).
Les fleurs à Philippe Meirieu… Cesser d’arroser là où c’est mouillé.
«Voilà qui devrait décourager définitivement toute velléité applicationniste : les résultats proches obtenus par la Finlande et la Corée du Sud ne permettent de conclure “scientifiquement” ni à l’impératif de s’aligner sur la Finlande, ni à celui de s’aligner sur la Corée du Sud. Ils nous obligent, en revanche, à examiner ces modèles sous l’angle non seulement de leurs résultats, mais surtout de leurs valeurs. Plus encore, ils nous contraignent à nous poser la question de notre propre système de valeurs. Si nous voulons améliorer nos performances, voulons-nous le faire avec les méthodes de la Finlande, de la Corée du Sud ou, mieux encore, avec nos propres méthodes qui restent à inventer ?»
Le pot à la FAE… Résultats québécois à l’enquête PISA 2009 : on ne s’emballe pas!.
«Pour la FAE, l’enquête PISA ne permet pas de fournir une réponse adéquate aux préoccupations de la population et des parents québécois parce qu’elle ne considère que les compétences.»
Mise à jour du 13 décembre: Le RIRE a rassemblé une belle revue de presse sur le sujet…
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Monsieur Asselin,
J’ai de la difficulté à comprendre. La «réforme» devait améliorer les choses. Or, dès le début des tests PISA, le Québec se classait déjà très bien dans plusieurs domaines, notamment les sciences et les mathématiques.
La réforme qui a été appliquée au Québec semble ne pas avoir eu de grands résultats. Au mieux, on demeure stable. Au pire, on régresse quelque peu.
Il y a 15 ans, on voulait refaire l’école québécois, entre autres, pour la recentrer sur les matières essentielles, contrer le décrochage et améliorer les résultats des jeunes. Qu’a-t-on améliorer vraiment? Et si on regarde les milliards dépensés en éducation depuis, le temps et les énergies investis, cela en valait-il vraiment la peine? Aurait-on pu faire mieux et autrement?
Je sais qu’on peut questionner les tests PISA, ce qu’ils visent à mesurer et la culture de la réussite à ce genre de classement. Mais une question: on a tout fait ça pour si peu? En science, par exemple, on a investit des fortunes dans de nouveaux laboratoires et dans des manuels. On a nourri des contracteurs et des maisons d’édition. Tout ce fric n’aurait-il pas été mieux dépensé dans l’ajout de ressources spécialisées dans les classes, dans un dépistage plus efficace des jeunes en difficulté?
Les 15 dernières années en éducation me donne l’impression d’une mauvaise gestion pédagogique et publique. Je ne dis pas qu’uniquement de mauvaises choses ont été faites, mais bon sang qu’on a gaspillé du temps et de l’argent dans certains cas. Bon sang qu’on n’a pas donné aux jeunes le meilleur de ce qu’ils auraient pu recevoir.
Voir ici :
http://leprofesseurmasque.blogspot.com/index.html
/…Ajout de l’éditeur…/: Le prof masqué a écrit quatre billets qui touchent au sujet des résultats au test PISA…
Système scolaire québécois : de la fierté mal placée
Se refuser à l’amélioration
Test PISA: les résultats du Québec avec un grain de sel?
Quel titre honteux!
J’imagine que vous faites référence à ces textes M. Bissonnette? C’est qu’avec le temps, si on clique sur l’adresse du blogue du prof masqué, on ne retrouvera plus le lien avec cette discussion.
Monsieur Papineau,
Vous faites appel à moi pour essayer de «comprendre»… Vous prenez de grands risques!
Mes observations de ces quinze dernières années me portent à dire que nous avons assisté à un pilotage erratique de changements nécessaires. Autrement dit: on ne sait plus vraiment ce qui a été implanté pendant tout ce temps.
Plusieurs observateurs attendaient les résultats PISA de cette première cohorte de quinze ans à avoir vécu «la réforme» avec la hâte de pouvoir «fesser dans le tas»! Ils sont déçus de n’avoir que très peu à se mettre sous la dent (pour ne pas dire «rien du tout»). Les autres qui pavoisent pour cette relative stabilité dans les scores ne m’émeuvent pas beaucoup non plus (ajout: mais je suis capable d’apprécier ce genre de réactions, 1, 2). Il faudra attendre encore trois ans pour se déchirer la chemise en public sur le sujet de la «génération [qui aurait été] sacrifiée»!
Cela étant dit, je considère néanmoins que quelques «bons coups» subsistent au terme de ces années de grandes secousses:
L’arrivée de la maternelle à temps plein pour les parents qui choisissent à plus de 95% d’envoyer leurs enfants à l’école à l’âge de cinq ans.
Plusieurs enseignants ont pris du recul face au matériel pédagogique qu’ils utilisaient et se fient davantage à un programme d’études d’État qu’à un manuel pour planifier leurs activités d’apprentissage.
Plusieurs enseignants acceptent de revoir leurs pratiques en classe; les stratégies pédagogiques sont l’objet de débats plus que jamais auparavant.
Un accent plus marqué qu’avant sur ce que les élèves sont capables de faire avec ce qu’ils savent teinte maintenant l’enseignement au Québec.
Le débat sur les commissions scolaires et la bureaucratie n’est plus un sujet tabou.
La question de l’intégration en classe régulière des élèves en grandes difficultés ou affectés par un handicap est abondamment discutée. Le souci de ne pas abandonner la recherche de solutions efficaces au décrochage scolaire et à la réussite du plus grand nombre honorent la communauté éducative et la population en général.
Et j’en oublie sûrement…
Ces quelques propos ne répondent pas à la question de savoir si «tout le fric» a été bien dépensé, mais peuvent montrer à quelle enseigne je loge : je n’avance pas les yeux rivés dans le rétroviseur.
On peut dire «oui» au «dépistage plus efficace des jeunes en difficulté» et croire que nos pratiques en classe et à l’école doivent continuer de faire l’objet de questionnements.
Et on ne parle pas de toutes ces questions qui surgissent avec le comportement de la «génération C» influencé par leurs [nouveaux] rapports aux savoirs!
Le commentaire de Yves Boisvert dans La Presse : justement, malgré toutes les perturbations, on a visiblement de bons professeurs et beaucoup de gens qui font un bon travail dans les écoles du Québec… un peu d’encouragement !
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/yves-boisvert/201012/13/01-4351773-des-bonnes-nouvelles-de-nos-ados.php
Les tests PISA ne visent que des compétences de base et n’évaluent en rien les programmes. Ils sont tournés vers la vie pratique. Le but de l’OCDE est d’évaluer les connaissances *pratiques* des futurs citoyens libéraux (lire, savoir compter) et en rien les connaissances théoriques en mathématiques, de culture générale. Sont exclus les démonstrations, les rédactions, les dissertations, etc. PISA avantage donc les systèmes scolaires qui privilégient ces connaissances de base (souvent du niveau du début secondaire) et non pas les systèmes plus théoriques, plus académiques
Voir ce qu’en dit Nathalie Bulle (une chercheuse française)
«Le Basic Education Act de 1998 a défendu par ailleurs l’idée que l’« éducation de base » devait procurer à chaque enfant les connaissances et compétences nécessaires à la vie quotidienne. Comme cet enseignement ne suppose pas un apprentissage des fondements des mathématiques, les élèves ne peuvent conduire des démonstrations,ni développer des bases nécessaires à la poursuite ultérieure des études dans l’enseignement supérieur. C’est pourquoi les résultats des élèves finlandais à PISA, au niveau de l’enseignement obligatoire, contrastent avec l’avis porté par les professeurs de mathématiques de l’enseignement supérieur. Il y a un consensus parmi eux quant à la faiblesse des élèves dans cette discipline.»
http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2010/12/les-traits-du-systeme-finlandais-que.html
Nombreux autres billets sur les tests PISA ici
http://pouruneecolelibre.blogspot.com/search/label/PISA%20et%20%C3%A9tudes
[…] Mon billet sur les résultats PISA de 2010. Ce contenu a été publié dans Je partage, avec comme […]