«J’annonce que chaque classe de chaque école du Québec sera dotée d’un tableau blanc intelligent et que chaque professeur sera muni d’un ordinateur portable.»
C’est un extrait du discours d’ouverture de la 2e session de la 39e législature de l’Assemblée nationale du Québec prononcé en début d’après-midi aujourd’hui par le premier ministre du Québec, Jean Charest.
D’autres mesures touchaient de près le secteur de l’éducation, qui devient (deux jours après l’annonce d’un autre mouvement) la première des cinq priorités de cette relance du gouvernement:
- Le gouvernement investira pour renforcer la fierté et l’appartenance liées aux équipes interscolaires. Toutes les écoles secondaires publiques du Québec auront les ressources pour améliorer les équipements d’entraînement et doter leurs équipes d’uniformes que les élèves seront fiers de porter.
- Les élèves de 6e année du primaire consacreront la moitié de leur année à l’apprentissage intensif de l’anglais. Cette approche sera progressivement étendue à tout le Québec sur un horizon de 5 ans. À cet égard, nous mettrons en valeur des collaborations nouvelles entre commissions scolaires francophones et anglophones.
- Des formations au civisme seront implantées dans toutes les écoles et que toutes les écoles du Québec devront être dotées de codes de vie centrés sur le respect de la personne, de l’autorité du professeur et des directions d’école.
À chaud, j’ai exprimé sur Twitter que j’entretenais quelques réserves sur la question des TBI (tableaux intelligents ou autres appellations), mais que j’applaudissais très fort sur l’initiative de doter chaque enseignant d’un ordinateur portable (1, 2).
Si j’ai bien compris, on se donne quelques années pour aller de l’avant avec les annonces d’aujourd’hui. J’aurai sûrement l’occasion de revenir sur les autres sujets, mais sur la question des ordinateurs, je crois vraiment que c’est un bon pas en avant. Les enseignants ne faisant pas d’acte de foi, il devient important qu’ils fassent l’expérience de l’utilisation des nouvelles technologies sur le plan professionnel. Ensuite, ils pourront se convaincre de leur fort potentiel au niveau des apprentissages des élèves sous leur responsabilité.
S’il faut se réjouir aujourd’hui, il faudra quand même surveiller la façon dont le déploiement de cette mesure se fera. Achat par l’enseignant et retour sous forme de crédits d’impôt ? Achats massifs et distribution aux enseignants ? Support en terme de formation ?
Les enseignants doivent pouvoir choisir la configuration des ordinateurs avec lesquels ils sont le plus à l’aise pour accomplir leur travail.
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Bonjour Mario,
J’ai lu rapidement certains extraits du discours inaugural d’aujourd’hui. De nouvelles idées en éducation semblent émerger. Il y a urgence: l’école est à la remorque des chocs de culture que la technologie impose. En accord avec vos réserves et vos espoirs.
Sur Twitter, j’ai laissé 4 petits messages spontanés, sans recul… qui ne sont que des questions. Mais je n’arrive pas à trouver de réponses, du moins à l’heure actuelle. Je vous les soumets en ayant espoir que des réponses apparaîtront sous peu…
– L’idée du TBI dans chacune des classes m’interpelle. N’est-ce pas une chimère pour illustrer un pseudo-investissement en éducation?
– L’ordinateur portable est un meilleur outil d’un point de vue technologique: mais assisterons-nous à un changement de paradigme?
– Comment croire à un changement de paradigme alors qu’on a régressé d’un point de vue de l’évaluation?
– Et les enseignants à statut précaire… auront-ils accès à un ordinateur portable?
Et… fournira-t-on les $$ nécessaires pour que les enseignants soient formés et soutenus dans leur appropriation de ces outils ? Là est la question que je me pose… car un TBI dans une classe, c’est bien beau. Mais, encore faut-il savoir s’en servir pour favoriser réellement l’apprentissage des élèves. Ça ne saurait être qu’un tableau vert déguisé en nouveauté!
Dans certaines commissions scolaires, l’implantation des TBI vient avec 3 jours de formation.
Même si je suis plutôt d’accord avec les propos d’Égide Royer qui mentionnait hier soir à 24/60 que ces mesures sont probablement insuffisantes pour créer un véritable effet de levier, ce qui m’inquiète, c’est de voir que des associations qui représentent les enseignants n’ont pas su minimalement apprécier cette amélioration et le potentiel qu’elle renferme. C’est dire à quel point le cynisme et le désabus sont grands lorsqu’on a de la difficulté à percevoir les éléments positifs qui s’adressent pourtant directement à nous! Hélas, cela laisse présager des pratiques d’assimilation de ces nouveaux outils lorsqu’ils seront accessibles (faire sensiblement la même chose qu’auparavant avec de la nouvelle quincaillerie). Et ce sera d’autant vrai si, comme le mentionne Carole, ces nouveautés ne sont pas soutenues par du développement professionnel.
Tu apportes un point intéressant Stéphane.
Chaque groupe de pression y va de son commentaire et le cynisme l’emporte sur l’optimisme. Si je comprends bien que les annonces gouvernementales ne découlent pas d’une démarche de consultation systémique qui auraient pu faire en sorte que les groupes de pression se sentent parties prenantes de l’annonce des nouvelles mesures, je suis déçu de plusieurs organisations qui commentent sans se montrer un tant soit peu constructifs.
S’il faut se rappeler que ce gouvernement part de loin en terme de capital de sympathie, le fait de choisir l’éducation comme priorité #1 pour le reste du mandat devrait être salué, au minimum.
J’ai pour ma part mal compris comment on pouvait dans une même proposition accoler des mesures qui ne se comparent en rien. Vous avouerez qu’il y a un monde entre acheter des chandails pour des équipes sportives et déployer à la grandeur du réseau de l’anglais intensif à demi-temps en 6e année. Comme pour les portables. Les acheter, c’est une chose, les déployer c’en est une autre. Plus complexe que pour le vouvoiement.
En même temps, tout se fait puisque rien dans ce propose Monsieur Charest n’existe pas déjà quelque part dans le réseau des écoles publiques.
Évidemment on va se demander comment il financera ses mesures. Dans le contexte actuel, je m’imagine mal voir arriver de l’argent neuf. Recyclage d’argent ? Probablement. Utiliser les millions d’Agir autrement qui n’a pas donné les résultats escomptés? Peut-être. Je réfléchis.
Mario écrit: » je suis déçu de plusieurs organisations qui commentent sans se montrer un tant soit peu constructifs ». Que veux-tu, quand ton but c’est de battre les libéraux aux élections, t’es pas pour applaudir à ce qu’ils proposent. Tu vas même te mettre à trouver des défauts à des idées que t’as toi-même déjà eues. Quand t’es en train de négocier des conditions de travail avec le gouvernement, t’es quand même pas pour applaudir non plus quand il annonce qu’il va investir dans autre chose que dans ce que tu lui demandes.
Bonjour Mario,
j’ai moi aussi des réserves face au tableau numérique, qui demandera énormément (peut être trop pour les impacts) de travail pour être transformer en outil d’apprentissage (la transmission de connaissances, même avec les TIC, reste de la transmission de connaissances).
Pour les ordinateurs, là je crois que ça peut changer (forcer le changement?) des choses. Mais il ne faudrait répéter les erreurs du passé: mettre de la quincaillerie sans formation adéquate (qui est plus qu’une ou deux journée par année).
Pour ma part, je suis optimiste face à ces futurs investissements qui auront au moins eu comme impact de faire parler des TIC en éducation par les politiciens. Après tout ça fait un bon bout de temps que les recommandations sont faites (1999-2000) http://recit.org/ul/213
Au plaisir.
Si l’éducation est vraiment la priorité de ce gouvernement, il aurait dû avoir la sagesse de consulter un peu plus les gens qui y oeuvrent. Au lieu d’être des partenaires, les profs sont de plus en plus relégués à être des exécutants «bébêtes» dont on ne tient pas compte. Même la FCSQ ne semble pas avoir été dans le coup!
Oui, il y a du cynisme dans les réactions de certains mais il est à la hauteur de l’improvisation des mesures que propose le premier ministre. Ainsi, pour que les TBI et les portables soient plus que des gadgets, il faut que leur implantation réponde aux besoins du milieu et s’inscrivent dans une logique éducative. Là, on saupoudre des mesures sans tenir compte des besoins du milieu et on constate le fossé qui existe entre ce que le gouvernement croit bon pour l’éducation et ceux qui travaillent sur le plancher des classes.
Cette façon de fonctionner est improductive et montre bien les incohérences de la gestion de la chose éducative.
« il y a du cynisme dans les réactions de certains mais il est à la hauteur de l’improvisation des mesures que propose le premier ministre »
Il y a très certainement de ça aussi Luc. Quand on sème le vent… Mais il faut admettre aussi qu’il y a des intérêts en jeu. Des votes pour certains, des ressources pour les autres. Des enjeux politiques quoi. Et ça, crois-moi, c’est plus fort que toutes les logiques. Ça défie les meilleures grilles d’analyse. C’est juste le jeu des rapports de force. Pour l’Opposition, le parti au pouvoir ne peut jamais avoir raison. Et c’est d’autant plus vrai que les échéances électorales approchent. Et pour les syndicats, jamais on ne dit oui avant d’avoir obtenu un avantage en échange, même si c’est juste pour la forme. Pas étonnant, quand on a une vision le moindrement orientée « pédagogie et apprentissage », d’avoir l’impression que tout tourne de travers.
Je rejoins à 100% à ce qu’a écrit écrit Luc Papineau aujourd’hui: « Si l’éducation est vraiment la priorité de ce gouvernement, il aurait dû avoir la sagesse de consulter un peu plus les gens qui y œuvrent. »
Les enseignants on besoin d’être considéré professionnellement et écouté. Le Gouvernement est déconnecté de son personnel en éducation.
C’est incroyable de se faire parachuter des solutions, sans être consulté. Au lieu de dépenser de l’argent pour des outils techniques , une déduction d’impôt pour les enseignants pour matériels pédagogiques et techniques , livres, formations etc. Au lieu de cours intensifs d’anglais au primaire, une aide efficace aux enseignants de ce niveau afin rendre les élèves du primaire plus autonome dans leurs apprentissages afin de mieux résussir au secondaire, serait plus utile pour la société québécoise.
Texte très intéressant dans La Presse:
« Éducation: l’illusion des tableaux magiques »
François Cardinal, de La Presse, répond à votre interrogation: aucun argent neuf. Les achats se feront à partir du «cadre financier établi il y a un an».
[…] de la classe d’aujourd’hui puisse favoriser ce genre de contexte, le gouvernement a fait des choix lors du dernier budget et un an plus tard, je constate que le chemin sera long avant que les enseignants puissent disposer […]