Le topo du journaliste (parlementaire) Pierre Duchesne de l’émission les Coulisses du pouvoir diffusé à Radio-Canada et RDI, ce dimanche porte sur l’utilisation de Twitter par les partis politiques du Québec. J’ai rapidement accepté d’y participer parce j’ai confiance en Monsieur Duchesne et parce que le sujet est fortement lié à ma pratique, chez Opossum. Toutefois, quelques précisions s’imposent…
Sur la question de l’anonymat
Je ne suis pas un «chasseur d’anonyme». Je me suis déjà exprimé sur le sujet (1, 2). Ma position est assez simple : je ne crois pas à la possibilité de l’anonymat à moyen et à long terme. Tôt ou tard, tout finit par se savoir. Dans le cas qui nous occupe, je tiens à valider la méthodologie utilisée par des sources de M. Duchesne pour arriver à conclure ce qui a été diffusé dans le reportage. En utilisant le service de certains raccourcisseurs de liens, on peut effectivement amener quelqu’un à cliquer sur un lien expédié en «message direct» sur Twitter et obtenir ainsi l’assurance qu’il n’y a que cette personne pouvant avoir cliqué sur le lien. Un des nombreux services de certains raccourcisseurs nous permet d’identifier l’adresse IP de la personne qui a cliqué sur le lien envoyé dans le «message direct» et ainsi, faire le lien avec une place d’affaires ou une organisation. On se comprend… quand l’adresse est celle d’un fournisseur Internet du genre de Sympatico ou Vidéotron, on ne va pas très loin dans l’investigation. Mais quand l’adresse nous mène à un bureau de parti politique, on devient hors de tout doute convaincu du lieu d’origine «du clic». Avec des collègues au bureau, on a fait de nombreux tests et c’est ce qui me permet de valider la méthodologie de Radio-Canada. Que les anonymes que je connais se rassurent; je continuerai de garder pour moi l’identité réelle de ceux que je côtoie. Par contre, quand des internautes se permettent d’attaquer directement des personnes et des réputations (plutôt que des idées) en se cachant derrière l’anonymat, je n’éprouve aucune gêne à contribuer à ce que ces gens soient «démasqués».
Qui suis-je ?
Il est assez facile de trouver sur La Toile des renseignements sur moi. Pour qui arriverait ici pour une première fois et se demanderait quels sont mes biais, je recommande la consultation de mon portfolio numérique et de la liste des clients de Opossum, apprentissage et technologies. J’aurais évité de participer à un topo du même genre se concentrant sur la politique fédérale parce qu’un des clients d’Opossum est le Bloc Québécois. Au niveau provincial, je suis plutôt «aligné» sur le Directeur général des Élections pour qui mon expertise en matière d’utilisation des médias sociaux dans le contexte politique est parfois utilisée. Pour le reste, je me considère un citoyen engagé, particulièrement sur les questions liées à l’éducation, la culture, la vie en société et l’univers médiatique en général. Depuis 2006, j’ai souvent été accrédité en tant que blogueur à des événements (politiques, culturelles, etc.); à ce moment, le blogueur-reporteur ne revendiquait aucune objectivité…
Prospectives
J’ai à coeur que les médias sociaux peuvent contribuer en tant qu’outils à mieux communiquer et à mieux faire apprendre. Je suis de ceux qui croient que dans plusieurs domaines où des êtres humains apprennent à mieux travailler ensemble, les nouvelles technologies font partie des solutions. C’est dans cette perspective de formateur que j’ai apprécié ma collaboration avec Pierre Duchesne et l’équipe de Radio-Canada. Je demeure ouvert et disponible à répondre à toute question sur le sujet du topo par l’entremise des commentaires ci-bas.
N.B. Pour voir le topo en question (durée: 7 min. 14 sec.), il faut cliquez sur ce lien et se rendre au 2e segment sur 5. Un topo plus court (version téléjournal) est aussi disponible.
Mise à jour du lendemain: Parmi les réactions d’aujourd’hui, j’approuve parfaitement celle de Vincent Marissal, « Celui qui twit, celui qui l’est! ». Par contre, je n’ai rien compris à celle du PLQ. Ces paragraphes du communiqué émis hier restent pour moi incompréhensibles d’un point de vue relation de presse:
«Le Parti libéral du Québec est bien impatient de voir la deuxième partie du reportage, qui sera diffusé probablement au cours des prochaines semaines. Cette première partie ne concernait que le PLQ, alors qu’une utilisation anormale de certains comptes péquistes ait été dénoncée auprès du journaliste. D’autant plus que, bien informés et fort impatients, certains sympatisants du Parti québécois annonçaient même, depuis mercredi sur Twitter, l’essence du contenu du reportage diffusé aujourd’hui sur les ondes de Radio-Canada. Comment expliquer, par exemple, qu’un sympathisant péquiste puisse changer trois fois d’identité au cours des six derniers mois et rédige à lui seul, sur la même période, au delà de 7000 messages sur Twitter ainsi que 1500 autres sur le site de Radio-Canada, exclusivement contre le gouvernement du Québec, sans soulever un quelconque questionnement dans le reportage? Ce cas n’est pas unique. Informé depuis plusieurs semaines de ce genre de situation, le journaliste Pierre Duchesne effectuera certainement la suite de son travail avec toute la neutralité qu’on lui connaît.»
S’attaquer S’en prendre ironiquement au messager; bizarre de stratégie… Paraît donc ce soir, «cette deuxième partie» et la situation du PLQ ne s’améliore pas du tout. Je me demande également ce qu’avait le PQ à réagir si promptement, hier aussi. Décidément, pas facile de bien comprendre les méandres du joyeux monde de la politique…
Honnêtement, pourquoi ne pas aussi s’intéresser aux appelants dans les lignes ouvertes tant qu’à y être? La sortie du PQ à ce sujet me déconcerte. Peut-on / doit-on contrôler l’identité des gens qui commentent l’actualité?
En passant, le terme de «jardinière de communautés», dans le reportage, m’a fait sourire…