J’intervenais aujourd’hui à un colloque organisé par l’Union des consommateurs et d’autres partenaires sur le sujet des enjeux et des opportunités du numérique dans le domaine de la consommation en général. Le titre du panel que je partageais avec trois autres intervenants était «L’individu face aux technologies»; il s’agissait de traiter de l’exclusion numérique et des initiatives permettant d’utiliser les nouvelles technologies de l’information pour inclure les personnes laissées en marge de l’ère numérique. Avant l’événement, j’avais présenté l’angle de mon intervention en ces quelques mots:
«La fracture numérique est-elle technologique ou ne vient-elle pas plutôt des usages que nous faisons des technologies? Les jeunes ont conscience de l’existence d’une identité numérique alors que les moins jeunes et les organisations l’appréhendent, voire l’ignorent.»
À la même tribune que moi pour traiter du sujet, Manon Barbeau du projet Wapikoni Mobile, Sylvain Quidot chercheur chez Communautique et Magda Fusaro, professeur au Département de management et technologie à l’Université du Québec à Montréal. Stéphane Garneau agissait à titre d’animateur…
Essentiellement, j’ai plaidé que la facilité avec laquelle les individus (les jeunes, en particulier) pouvaient devenir des producteurs de contenu sur le Web faisait en sorte que la fracture numérique aujourd’hui se caractérisait bien davantage au niveau des usages qu’au niveau des technologies. Il a été question d’identité numérique, des blocages Internet dans le milieu scolaire et de la mobilité qui permettait aux consommateurs d’utiliser le numérique partout, quand bon leur semble, pour se procurer des biens, s’informer et échanger sur leurs pratiques en matière de consommation. Si on ne peut pas dire que le phénomène de l’exclusion est marginal par rapport à l’accès au numérique, force est d’admettre que de nombreux jeunes et aînés ont changé leurs rapports avec les savoirs. Cela entraîne bien des changements au niveau économique, social et en matière de vie citoyenne.
En quinze minutes, on ne peut que développer sur une ou deux idées fortes et je souhaite que la question de l’accompagnement et de la formation ait pu frapper les participants au colloque pour qu’ils retiennent l’importance de soutenir toutes les catégories de personnes dans leur cheminement vers une utilisation du numérique de manière responsable efficace et sécuritaire. Plus tard en après-midi, j’ai été ravi d’entendre Jennifer Stoddart, commissaire à la protection de la vie privée du Canada qui intervenait dans un panel sur le cybercommerce, la cyberprotection du consommateur, le marketing, le ciblage comportemental et la protection des renseignements personnels les plus sensibles. Mme Stoddart a débuté son allocution en rappelant comment Internet avait pu devenir un endroit si propice à la marchandisation des renseignements personnels. Elle s’est montrée réceptive à mieux encadrer le respect de la vie privée des jeunes qui n’utilisent pas toujours les médias sociaux de manière adéquate. En même temps, elle a évoqué le fait que le «dossier Facebook» était encore ouvert sur son bureau; l’entreprise Facebook ainsi que Google sont deux géants qu’elle garde à l’oeil. Elle semble apprécier la collaboration qu’elle obtient de ces citoyens corporatifs qui comprennent souvent mal les lois du Canada et notre approche qui nous distingue en matière de vie privée. Il lui reste plusieurs combats à livrer pour que nous devenions plus vigilants dans notre utilisions des réseaux sociaux. Nous divulguons tous une panoplie de renseignements sensibles sur des plateformes comme Facebook et il est assez clair que notre volonté n’est pas toujours que ces renseignements servent des fins purement commerciales.
La journée avait commencé par un appel à un maximum de réflexion sur nos usages. Il y a encore beaucoup à faire sur ce sujet…
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