«L’obligation de compétence prévue par la Loi sur l’instruction publique commande la mise en œuvre de moyens qui permettent aux enseignants de rendre compte de la manière qu’ils s’acquittent de leurs obligations. Cela suppose que le personnel enseignant passe d’une pratique privée à une pratique publique pleinement assumée afin que sa compétence soit reconnue.»
(Source : Un nouveau souffle pour la profession enseignante, Avis du Conseil Supérieur de l’Éducation au ministre de l’Éducation, septembre 2004)
Autant les préjugés de toutes sortes qui circulent dans la société ont pour effet de dévaloriser les enseignants, autant l’ingérence des multiples acteurs du monde de l’éducation vient aussi diminuer le sentiment de confiance envers cette profession qu’est l’enseignement. Voilà pourquoi il devient de plus en plus en plus important de reconnaître qu’il existe un autre côté à la médaille de l’autonomie professionnelle; il faudrait d’urgence la valoriser:
«L’évaluation constitue la contrepartie, en quelque sorte, de l’autonomie professionnelle et, si elle était bien faite, elle devrait entraîner la reconnaissance du service rendu et contribuer à revaloriser la profession enseignante. C’est la raison pour laquelle le Conseil supérieur de l’éducation souhaite que soient mis en place des mécanismes reconnus d’évaluation de l’enseignement. » (Source : Roy, Josée, La profession enseignante telle que la voit le Conseil supérieur de l’Éducation, Vie Pédagogique, numéro 78, avril 1992, p. 5)»
Ces deux sources font partie d’un document dont je suis heureux de rendre publique aujourd’hui les deux premières parties. Je publie depuis quelque temps ce genre de documentation regroupé sous le thème «Ordre professionnel» sur ce blogue. Ce document sera complété plus tard, d’ici quelques jours. René Larouche en est encore l’auteur et il porte précisément sur la nécessité d’évaluer la compétence et le comportement des enseignants au Québec. Cette documentation est en grande partie tirée de recherches post-doctorale.
Même l’avis de l’Office des professions de décembre 2002 est sans équivoque sur ces questions de l’évaluation des enseignants; «aucun système formel et unifié n’existe pour permettre l’évaluation de la pratique des enseignants/es», ce qui fait dire à René Larouche «qu’il faut se rendre à l’évidence»…
«Dans l’ensemble, l’évaluation de l’enseignement est peu pratiquée de façon méthodique, outillée et en quelque sorte institutionnelle. Des formes d’évaluation de l’enseignement existent, certes, de l’école primaire à l’université, tantôt extérieures à l’établissement d’enseignement, tantôt pratiquées à l’intérieur même de l’établissement par certains gestionnaires ou certains enseignants. Mais peu de politiques et de pratiques institutionnelles d’évaluation de l’enseignement sont véritablement mises en œuvre.»
Les parties «3» «4» et «5» du document portent sur la comparaison de la structure et du fonctionnement de la gestion des plaintes entre le système d’éducation et le système professionnel québécois et montrent la complémentarité entre les directions des établissements scolaires et un Ordre professionnel. Il devrait exister une complémentarité entre les directions des établissements scolaires et l’Ordre des enseignantes et des enseignants en cette matière. Ces deux parties illustrent le rôle de chacun et précisant au passage les notions de négligence professionnelle et de faute professionnelle en ce qui concerne l’évaluation des enseignantes et des enseignants.
Dans un de nos échanges de courriels, M. Larouche m’écrivait qu’en fait, «un Ordre professionnel défendrait le public (élèves parents, directeur d’école, la société, ainsi que celles et ceux qui sont considérées/és comme de bonnes/bons enseignantes/es sur le plan de leur compétence et de leur comportement professionnel) en se basant à la fois sur le Code des professions et le mandat de l’Ordre concerné. Il me semble que ça représenterait une valeur ajoutée… René me faisait parvenir hier soir un document complémentaire sur des cas réglés à l’amiable (l’Ordre des Enseignantes et des enseignants de l’Ontario règle 80 % des conflits de cette manière) et c’est intéressant de les ajouter, en terme de références. Il ajoutait quelques points qui me semblaient pertinents quand on pense à ce que pourrait apporter un Ordre professionnel. «L’Ordre des enseignantes et des enseignants veillerait entre autres :
«à ce qu’ils/elles soient compétents/es (normes de pratique/d’exercice, formation (initiale, pratique et continue), insertion professionnelle, etc.) à ce qu’ils/elles se comportent correctement (code de déontologie, culture professionnelle, etc.)» «Lorsqu’une plainte serait déposée contre un/e enseignant/e (soit par un élève, un parent, un directeur d’école), le directeur d’école pourrait alors compter sur deux bras supplémentaires :
- au quotidien : l’aviseur/e de l’Ordre ( à l’échelle de chaque école)
- le/la médiateur/trice de l’Ordre (à l’échelle de la com.scol./ou de la région)
Leur raison d’être les obligerait à jouer d’abord et avant tout un rôle :
- d’information et d’entraide sur le plan professionnel
- de PRÉVENTION des conflits/litiges/différends/etc.
- de négociation d’ententes
Après que le/la directeur/trice aurait décidé si le traitement de la plainte relève totalement ou en partie de sa juridiction ou de celle de l’Ordre des enseignantes et des enseignants, l’aviseur entrerait immédiatement en action :
- pour entendre chacune des parties concernées par le conflit
- pour vérifier sous quelles modalités une entente à l’amiable est possible ou non
- pour vérifier si l’enseignant/e a été négligent/e ou est fautif/ve sur le plan :
- de sa compétence professionnelle
- de son comportement professionnel
- pour démarrer le processus d’inspection professionnelle spécifique afin que les solutions / et les sanctions appropriées soient prises en respectant l’esprit et la lettre du Code des professions ainsi que le mandat de l’Ordre…»
Beau programme…
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