Il s’agit du refrain de la quatrième chanson du livret du conte-musical L’enfant-porte que je suis allé voir cet après-midi accompagné de mon neveu Gabriel qui va bientôt avoir sept ans. Plus tôt cette semaine, j’avais assisté à la conférence de presse de Francis Cabrel qui était accompagné par les membres de la troupe qui ont voyagé avec lui dans le cadre des trois représentations prévues à l’horaire du Festival d’été de Québec. Ma collègue Sandra Bellefoy a très bien résumé (en image et en mots) les propos de nos visiteurs du moment qui ont concocté de bout en bout un excellent spectacle à partir du conte de Yannick Jaulin.
L'enfant-porte à Chabada avec Francis Cabrel
Dans cette vidéo, Francis Cabrel présente bien le projet issu « d’une résidence organisée (Les Rencontres d’Astaffort) par Voix du Sud », un collectif qui selon ce que m’a raconté M. Cabrel est « une démarche de mise en réseau s’adressant aux jeunes auteurs, compositeurs et interprètes de chansons ». Francis Cabrel est le directeur artistique de l’organisme, mais dans ce projet, il a laissé les créateurs voler de leurs propres ailes. De temps à autre, il lui est arrivé d’intervenir… quand on a sollicité son aide. Il en est à ses dernières représentations avec le groupe.
Revenons à l’oeuvre. Transportant les enfants au pays des Feuns (les enfants du conte), on constate qu’ils « sont heureux dans leur p’tites têtes, ils dorment, ils travaillent, ils achètent »; des imbéciles-heureux quoi. Un univers où l’éducation n’existe plus et où seule la consommation est valorisée. Le spectacle circule en France depuis un petit bout de temps, parfois même en coordination avec le ministère de l’Éducation nationale et ça va bien.
Les messages sont nombreux et ils sont très efficaces auprès des parents ou des adultes qui accompagnent les enfants au moment des prestations. La chanson « L’enfant de trop » est d’une éloquence évidente sur ce point. La musique est originale, les textes sont très riches, le jeu des comédiens est parfaitement adapté au public des cinq à huit ans, mais la trame narrative est lourde pour ces mêmes enfants. Du moins, c’est l’impression que j’ai eue au sortir de l’événement d’aujourd’hui. J’ai enregistré une petite entrevue avec mon neveu (sa mère m’a donné la permission de diffuser) et je suis conscient que mon échantillon est bien petit, mais mon expérience de directeur d’école me porte à penser que l’intention réflexive sera efficace davantage avec les accompagnateurs qu’auprès du public cible, ce qui n’enlève rien au projet.
Je suis sorti ravi de ma sortie avec mon neveu… n’est-ce pas l’essentiel ? Nous avons eu plusieurs petites discussions sur tout et sur rien. Bien qu’au sortir de la salle, l’urgence portait sur l’achat d’une limonade (il faisait chaud), Gabriel a dit à sa mère qu’il avait «bien aimé le spectacle de mon-oncle»!
Je me suis demandé si ça voulait dire « le genre de truc fait par des adultes pour des adultes tout en ciblant les enfants » ou s’il parlait de moi en tant qu’oncle tout simplement.
Je rends hommage tout de même à Francis Cabrel pour sa démarche et l’idée de ce voyage. En conférence de presse, je lui demandais s’il ne prenait pas un peu sa revanche sur l’institution scolaire (lui qui aurait déjà été viré d’un lycée) par ce genre de démarche. Il nous répondait qu’il n’en rien : « Ce projet n’entre pas en conflit avec l’école, au contraire, il la valorise… » Il ne se fait d’illusion, néanmoins, sur la capacité du message « de mieux passer » par ce véhicule du conte musical. Cabrel serait un idéaliste. Quel beau projet tout de même il a su encadrer tout en demeurant en retrait, derrière, au bénéfice de ses collègues et qui sait, des enfants.
Un dernier extrait du texte qui résume tout à mon avis :
« Y’a des mots interdits, qu’on cache qu’on ligote. Mais d’autres sont éteints par notre faute, ensevelis, moisis, recouverts de poussières. C’est à toi de leur faire retrouver la lumière. »
N.B. Ce billet a aussi été publié sur le blogue du Festival d’été
Tags: "Divagations musicales" "Festival d'été de Québec 2011" "La vie la vie en société" Blogueur-reporter LesExplorateursduWeb Partageons le savoir