L’annonce du verdict de non-responsabilité criminelle dans le procès de Guy Turcotte qui a poignardé ses deux enfants a provoqué un déluge de réaction sur La Toile, dans les médias et dans la rue. C’est le genre de sujet qui ne me porte pas à écrire. Du temps où j’étais directeur d’école, j’ai rencontré trop de ces situations où de la colère s’était retournée contre des enfants; il fallait ramasser les pots cassés. J’ai appris à démêler mes émotions instinctives de celles qui pouvaient être utiles en pareille situation…
Je retiens quatre textes écrits par trois femmes et un homme (je rappelle que le jury était composé de sept femmes et de quatre hommes) :
Ils étaient onze, un peu de respect, de Véronique
«Il n’y a pas de message à décoder dans ce verdict, pas de déduction à faire, pas de généralité à émettre. Il faut seulement comprendre que le jury, formé par onze personnes, onze de nos concitoyens, a décidé, après avoir entendu tous les témoignages, lu toutes les expertises et analysé l’ensemble de la preuve; que ces onze personnes, donc, ont décidé, à l’unanimité, que « le monstre » était vraiment en état de déséquilibre mental au moment des faits.»
Turcotte et vous, de Marie-Claude
«Quand la mère des victimes est plus rationnelle et posée que le public, il est temps de s’arrêter. Et de se taire. Ou du moins de prendre le temps de réfléchir à ce qui peut être dit, au-delà de la hargne et des mots violents, pour exprimer le désarroi.»
Quand comprendre est difficile, voire impossible, de Marie-Josée
«J’ai aussi pensé à l’avocat, Me Poupart. Ma route a autrefois côtoyé la sienne, dans un environnement professionnel. Un homme charmant, intelligent, redoutablement intelligent. Et humain, très humain. Ça ne m’a pas surpris quand j’ai su qu’il avait pris la cause. Si quelqu’un pouvait réussir, c’était lui. Mais encore fallait-il qu’il soit intimement convaincu que son client avait réellement disjoncté ce soir-là. Pour le peu que je connaisse de lui, je ne crois pas qu’il aurait pu défendre l’indéfendable. Assumer une défense difficile, oui, mais pas défendre l’indéfendable.»
La logique d’un verdict, de Yves
«Plein de gens, depuis hier, se déchaînent contre ce verdict. Je pense au contraire qu’il montre une fois de plus que des citoyens ordinaires sont capables de juger une affaire selon la preuve qui leur est présentée, sans se soucier de l’opinion publique. Et si ce verdict nous surprend, il trouve sa logique dans les témoignages de cette cause sans pareille et dans la façon dont ils ont été présentés. Il est parfaitement défendable.»
Mise à jour du 11 juillet: Sur le blogue d’un élève – articulé – du secondaire, « Le verdict de Guy Turcotte – On en parle ».
Mise à jour du 5 août: Autre initiative d’une jeune fille de quatorze ans qui m’a porté à écrire ce billet, « Laurie… Très impressionnant ! ».
Tags: "La vie la vie en société" LesExplorateursduWeb
C’est presque gênant d’être citée en si bonne compagnie. Merci Mario 🙂
En leur âme et conscience, ces femmes et ces hommes ont pris la décision qui leur semblait la plus logique. Le père n’est pas sorti du bois pour autant. Il va devoir sublir toute sa vie les conséquences de ces gestes insensés. Je me trompe peut-être, mais ne crois pas qu’il va se retrouver en liberté plus rapidement qu’il ne l’aurait été s’il avait été déclaré criminellement responsable.
Je vous suggère d’entendre l’entrevue de la juge Ruffo qui donne un autre éclairage sur les jurés. Ceux-ci, pleins de bonne volonté, n’ont pas la formation pour évaluer les théories actuelles de maladie mentales. De plus, il y a, selon elle, des leaders dans un tel groupe, qui emmènent les autres à partager un point de vue. Plusieurs points d’intérêt dans cette entrevue de la juriste, qui ne comprend pas cette décision.
Est-ce qu’on parle de cette entrevue Hélène, http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=105683 ?
Oui,il s’agit bien de celle-là.
La juge Ruffo mentionne qu’il faut repenser la façon de faire avec jury, puis s’attarde à la « logique implacable » de Me Poupart qui a excellé dans cette cause.
Merci Hélène.
Aujourd’hui, Stéphane Laporte en rajoute avec un billet sur son blogue qui semble beaucoup plaire, « La vie ne vaut rien ».
Moi, je me range du côté de ceux qui préfère la lettre de Raymond Gravel (le prêtre qui a célébré les funérailles d’Olivier et Anne-Sophie Turcotte), « Guy Turcotte a tout perdu ».
On se rejoint probablement tous en ce sens que ce drame ne nous laisse pas indifférent!