Le silence numérique en temps de crise ne paie pas !

Note : Ce billet a d’abord été publié sur le site du Huffington Post, dans la section « Blogues ».

On attend davantage de nos leaders en période de crise. L’attention des gens est focalisée sur ceux qui font l’actualité chaque jour et force est d’admettre que la transparence de chaque intervenant dans le conflit sur la pertinence de la hausse des frais de scolarité s’est avérée être à degrés variables.

Certes, les intentions de chacun des protagonistes sont assez claires à tout le moins au premier degré : les associations étudiantes luttent pour éviter la hausse proposée et le gouvernement tient mordicus à les maintenir. Puisque la situation ne peut plus se résumer à ces considérations évidentes, il faut y regarder de plus près pour voir la complexité et analyser les stratégies de communication des différents groupes impliqués.

Un article au Devoir a particulièrement attiré mon attention sur le sujet de la transparence de l’action et de la gouvernance. Dans « Le silence numérique du gouvernement aurait empiré la crise », Fabien Deglise analyse les impacts qu’aurait pu avoir le «silence du gouvernement de Jean Charest dans les nouveaux espaces numériques de communication» sur le conflit actuel. Il es ressort un constat d’échec. Pourtant, ce gouvernement vient de rendre public un rapport – Gouverner ensemble – qui aurait pu l’inspirer…

Évidemment, l’utilisation du numérique n’est pas la seule façon de se montrer transparent, mais convenons que ça peut aider beaucoup.

Si je regarde seulement les derniers jours, je trouve au moins deux exemples de gestes efficaces, d’un point de vue de communication, qui démontrent une certaine transparence de la part du mouvement étudiant et le contraire au niveau gouvernemental. La CLASSE dont on dit souvent qu’elle est la plus militante des associations a publié son compte-rendu de la quatrième ronde de négociation. On peut juger ce genre de démarche, on peut affirmer que ce résumé est biaisé, qu’il omet sans doute certains faits, en «exagère» d’autres qui sait, mais c’est transparent et représentatif de la ligne éditoriale de ce regroupement d’associations étudiantes ! À la lecture de ce document, nous pouvons prendre pleinement connaissance du message que veulent passer les étudiants. Sur un autre site mis en ligne à l’initiative de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), on y a publié hier des documents ministériels qui auraient été retirés du site du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Encore ici, il est possible qu’un certain traitement éditorial soit présent dans la sélection des documents, mais je n’ai retrouvé aucun site du même genre dans le dédale du site du MELS. En général, le message du gouvernement ne passe pas et au mieux, il est diffus et souvent incohérent.

Il faut se demander comment l’opinion publique fait pour demeurer si favorable à la hausse – tous les sondages le montrent – dans ce contexte où, constamment, le message étudiants passe et celui du gouvernement a peine à se frayer un chemin ?

Sur le fond, je ne partage pas le point de vue des quatre groupes qui représentent les étudiants à la table des négociations – je suis pour la hausse des droits de scolarité – mais je crois que le gouvernement de Jean Charest a très très mal communiqué dans ce conflit et qu’il porte en grande partie la responsabilité du fait que la crise ait pris des proportions aussi importantes, malgré qu’il n’ait pas été le seul à se montrer intransigeant.

Sur l’essentiel, on sait ce que veulent les étudiants, on y voit même une certaine arrogance, mais on ne sait plus du tout ce que veut le gouvernement. Les jeunes outillent leurs commettants de manière à ce qu’ils puissent relayer ce message clair à leurs réseaux de proximité. Le gouvernement ne fait pas beaucoup pour s’aider; il ne compte que «sur l’autorité» de son message. Il le transmet via les médias traditionnels, ces derniers rejoignant «sa clientèle», mais à moindre degré d’efficacité, les jeunes.

Plusieurs observateurs s’accordent pour dire qu’il y a de fortes probabilités pour que le conflit avec les étudiants ait été instrumentalisé au bénéfice d’un meilleur positionnement du PLQ au moment du déclenchement d’élections générales avant que les travaux de la Commission Charbonneau ait pu commencer à «faire la nouvelle».

Quand bien même le gouvernement se targuerait-il d’une certaine transparence dans le dossier de l’environnement ou dans l’expression d’une volonté de donner une suite concrète au rapport Gautrin, dans ce dossier phare qui a permis à tant de jeunes et de moins jeunes de se politiser davantage, il a lamentablement échoué et sa crédibilité est entachée encore davantage, peut-être irrémédiablement.

Une démocratie plus ouverte passe obligatoirement par trois piliers : la transparence, la participation et la coopération. Difficile de sentir dans les geste de communication du gouvernement le moindre respect pour ces trois piliers…

Le schéma de la démocratie ouverte

Je participe régulièrement à des événements sur cette notion de gouvernement ouvert. Jumelé à la question des données transparentes – Open Data – la « mise à disposition d’informations à très grande échelle, de manière automatisée et généralisée, par l’intermédiaire de dispositifs numériques dédiés » est autant un enjeu économique que social et il ne faut pas s’y méprendre. Autant le mouvement syndical que le gouvernement n’affiche pas clairement à quelle enseigne il loge et ça laisse beaucoup de place pour la spéculation. À quand les données sur les montants d’argent donnés par les syndicats aux associations étudiantes ? C’est pour quand le compte-rendu écrit du gouvernement sur sa version de la dernière ronde des négociations ?

Tous les partis/mouvements politiques devront en prendre acte : le silence numérique en temps de crise ne paie pas !

Mise à jour : On pourrait parler ici de « bémol du côté de la transparence » en ce qui concerne les étudiants en lisant ce billet de Michelle Blanc, « La Classé, Rima Elkouri et comment détruire le mythe de la perturbation ».

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