Note : Ce billet a d’abord été publié sur le site du Huffington Post, dans la section « Blogues ».
Soyons clairs : l’ambition n’a pas de sexe !
J’écris cela d’entrée de jeu parce qu’on a voulu essayer d’accoler l’étiquette de sexiste à un gazouillis de François Legault publié récemment : « Les filles attachent moins d’importance au salaire que les garçons ».
Le Huffington Post Québec est revenu sur cette affirmation et François Legault ne s’est pas défilé.
En conversation impromptue sur Twitter avec le journaliste de La Presse Vincent Marissal, le chef de la Coalition Avenir Québec traitait de la proposition d’augmenter le salaire des enseignants du Québec pour attirer davantage d’hommes qui ne choisissent pas suffisamment la carrière en éducation au primaire et au secondaire. L’hypothèse de M. Legault et de la Coalition est supportée par plusieurs sources (1, 2, 3) dont celle de l’OCDE (de la page 22 à 28, en particulier) publiée en anglais sur leur site dans le contexte d’une récente rencontre.
Il faut cependant être conscient ici que la position de notre parti n’a pas fait l’actualité ces dernières heures pour sa valeur sur le fond, mais pour le contexte de sa diffusion, sur la forme. Une histoire liée à l’utilisation de Twitter sur laquelle j’aimerais revenir, même si je prends le risque de celui qui veut absolument défendre son chef quand il porte sûrement sa part de responsabilité dans le fait que son tweet ait fait autant jaser dans les « grands médias ».
François Legault n’a pas utilisé la langue de bois. Voilà, c’est dit !
Hors de son contexte, son tweet peut prêter flanc à une certaine polémique, j’en conviens. Mais il faut noter que l’arrivée de François Legault sur Twitter lui permet un accès direct à la publication de contenu et parfois, ça va sortir de manière surprenante. Et c’est bien ainsi…
Combien de fois a-t-on reproché aux politiciens d’utiliser un langage convenu, une prose aseptisée, mécanique, tout en contrôle du message ?
Je prédis que d’autres messages de François Legault feront l’actualité pour les mauvaises raisons. À certains moments, ce sera aussi pour de très bonnes raisons…
Notre présidente du groupe de la relève (aile jeunesse) à la Coalition dispose aussi de son canal Twitter. La présidente de notre formation politique également. Bientôt, je publierai une liste de plusieurs dizaines de sympathisants qui ont investi La Toile via ce dispositif qui ne rejoint pas nécessairement le grand public, mais qui permet de s’affirmer d’une manière différente tout en laissant les gens libres de relayer ce qu’ils veulent à leur propre réseau de proximité.
Nous devons tout de même retirer une sorte de leçon de qui est survenue suite au gazouillis de François Legault : réagir plus rapidement à diffuser les sources de nos hypothèses à la base de nos prises de décision pour mieux supporter notre chef. Jérôme Lussier avait bien raison d’attirer mon attention sur ce point…
Sur le fond, le débat est déjà mieux positionné. Il reste à faire, je l’admets. À l’aube du déclenchement des élections générales, nous aurons sûrement l’occasion d’y revenir. Déjà une internaute a apporté sa contribution d’une manière beaucoup plus constructive que plusieurs détracteurs qui ont préféré demeurer dans la polémique. Et si François Legault avait simplement voulu dire tout haut ce que plusieurs taisent ? Les femmes choisissent souvent d’oeuvrer dans un domaine selon leur convictions profondes ne privilégiant pas par dessus tout le salaire, alors que trop d’hommes au moment de prendre une décision crucial sur leur avenir professionnel ont trop en tête la rémunération. Ce sera peut-être de moins en moins vrai, avec le temps… sait-on. De toutes façons, il faut agir et améliorer les conditions salariales des enseignants, les hommes et les femmes devant continuer d’être rémunérés au même niveau à l’intérieur de la profession.
« Dans mon livre à moi », c’est M. Legault qui aura quand même eu le dernier mot, à court terme du moins…
Toute cette histoire (qui a pris à mon sens une ampleur démesurée) est un bel exemple illustrant un mauvais choix de canal de communication. 140 caractères, c’est trop peu pour «faire passer» adéquatement une telle idée. Pourquoi ne pas prendre le temps d’expliquer plus en détail l’idée (en plus de citer les sources comme ç’a été fait) et son rationnel? Voir mes réflexions ici à propos de la politique pédagogique: http://stephaneallaire.ca/?p=69 et http://stephaneallaire.ca/?p=27