N.B. : Ce billet a d’abord été publié au Huffington Post dans la section « blogues ».
La Ville de Québec est actuellement le lieu du premier Forum mondial de la langue française. À l’ouverture ce mardi, au lendemain de la Fête du Canada, plusieurs dignitaires se sont montrés inquiets de l’avenir du fait français et ont interpelé les jeunes qui composent une bonne partie des participants à l’événement…
« Vous, les jeunes, avez une responsabilité énorme sur les épaules, c’est entre vos mains que nous remettrons bientôt l’avenir du français. » Régis Labeaume
J’ai occupé plusieurs postes en gestion et j’ai souvent reçu le mandat d’agir sur certaines problématiques. Devant moi, presque toujours, deux familles de choix se pointaient : imaginer des contraintes pour décourager les comportements qu’on ne souhaite pas ou mettre du temps et des énergies à valoriser ce qu’on veut voir se généraliser !
Pour que l’amour de notre belle langue française devienne contagieux et pour que toutes ses subtilités se traduisent dans nos façons de penser, il faut pouvoir utiliser tous les leviers à notre disposition. Le recours aux lois et aux règlements fait partie de ces gestes défensifs, si utiles quand on veut provoquer des arrêts d’agir, mais je suis de ceux qui voudraient passer à l’attaque !
Le linguiste et professeur honoraire au Collège de France Claude Hagège a débuté son intervention à la table ronde du 4 juillet au #FMLF2012 – Changer le monde en français – par un « Nous sommes en guerre » bien senti. Pour ce qui est de la place du français dans le monde, c’est probable que nous le soyons… « Le français n’est pas à l’abri du processus d’extinction », a-t-il ajouté, un peu plus tard, avec raison. Les Québécois connaissent les règles de cette bataille historique et c’est en s’affirmant qu’ils sont devenus ce qu’ils sont aujourd’hui.
Je lisais avec bonheur le billet de David Desjardins au Voir qui identifiait avec raison que ce n’était ni « dans le charabia phonétique des textos », ni dans le « franglais émaillé de « dude » et de « trop fucking cool » que parlent les ados » que la menace résidait. Quant à moi, cette menace est dans notre manque d’imagination à valoriser l’amour de notre langue.
S’il faut mettre fin de toute urgence à la pratique des écoles passerelles et assurer le respect des dispositions de la Charte de la langue française par exemple (gestes défensifs), il faut aussi assurer le succès des mesures d’intégration des nouveaux arrivants à la société québécoise et à la majorité francophone ! De plus, il est nécessaire de stimuler la production artistique francophone en particulier et se permettre au Québec qu’elle devienne une arme de construction massive.
Notre rapport avec la langue doit devenir relationnel plutôt que transactionnel. En cela, je paraphrase le directeur général de l’École nationale de théâtre du Canada – Simon Brault – qui écrivait dans le Devoir que « L’art [tout comme la langue, il me semble] s’inscrit dans un réseau complexe impliquant l’école, la critique et l’institution artistique, laquelle doit favoriser l’interaction entre l’artiste et le spectateur ».
C’est en favorisant le lien affectif le plus fort possible entre un individu et le français que nous ferons cette bataille. C’est un peu ce qui explique que des gens comme Jim Corcoran et Lucian Bute aient laissé entrer dans leur coeur cette petite merveille d’expression et se soient francisés !
Le Québec est un berceau important de la langue de Molière et la tenue du Forum mondial de la langue française à Québec le démontrera à nouveau.
« Attaquer » plutôt que seulement « se défendre », ça veut dire accentuer les efforts afin d’aider à l’exportation des produits culturels québécois !
Ça veut dire de faire circuler sur les réseaux les productions francophones (textes ou vidéos) de nos étudiants, de nos créateurs et de nos scientifiques pour les faire rayonner à un public le plus vaste possible !
Ça signifie enfin de devoir crier très fort partout où on voyage que nous vivons ici au Québec dans une société francophone et ouverte sur le monde !
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