Note : Ce billet a aussi été soumis au Huffington Post et il devrait être publié sous peu dans la section « blogue ».
C’est ce jeudi 12 décembre qu’a choisi le ministre de l’Éducation Vincent Peillon pour dévoiler devant 300 observateurs intéressés la stratégie de la France pour faire entrer l’École dans l’ère numérique avec en sous-titre « Une ambition pour la refondation de l’école » !
Toute stratégie visant à « permettre aux élèves d’apprendre plus efficacement grâce au numérique » est certes la bienvenue et il convient de féliciter nos cousins de se donner une démarche de planification stratégique sur le numérique au moment où au Québec, on peine à le faire.
Autant aux Cahiers pédagogiques, qu’au Café pédagogique, on a accueilli avec bienveillance le fait de vouloir « intervenir en direction des enseignants, des parents, des collectivités territoriales et déjà modifier la gouvernance ». Appuyé par sa collègue Fleur Pellerin, la ministre responsable du numérique en France, le ministre de l’Éducation a insisté sur l’importance de faire entrer l’école dans l’ère du numérique, « un impératif pédagogique et un projet de société » !
« Transmettre des savoirs à des enfants qui évoluent depuis leur naissance dans une société irriguée par le numérique et donner à chacun les clés pour réussir dans sa vie personnelle, sociale et professionnelle future nécessitent en effet de repenser en profondeur notre manière d’apprendre et d’enseigner ainsi que le contenu des enseignements. »
Récemment, sur mon blogue, je déplorais le fait qu’en plein Sommet sur l’enseignement supérieur, « la communauté universitaire n’ait pas idée de ce que la mise en réseaux des gens et des contenus va bouleverser son écosystème dans les prochaines années ». Déjà que dans la forme on promet un exercice dit « Web 2.0 » qui ne respecte pas les bonnes pratiques, il convient de se demander pourquoi le Québec ne réalise pas davantage tout le retard qu’il prend à éviter de considérer le numérique comme faisant partie des solutions et non des problèmes.
L’exercice ne fait pas l’unanimité en France. Laurence Juin (professeur de français et d’histoire-géographie au lycée professionnel de Doriole, à La Rochelle) que je connais pour avoir développé de multiples usages efficaces d’utilisation du numérique en classe affirme que le plan n’offre « rien de vraiment nouveau, mais on sent une réelle volonté ». C’est déjà ça…
J’aurais tendance à être de l’avis de Laurence puisque l’essentiel de l’effort ministériel pour les collectivités locales reste dans le développement des Espaces Numériques de Travail, ces ENT dont je me désolais en novembre 2009 de leur obsolescence.
N’empêche, l’initiative ministérielle de la France est portée par un portrait de situation réaliste qui tient compte de la façon dont cette génération de jeunes est connectée en permanence…
Intéressant de lire que pendant le dévoilement de la « stratégie Peillon », des jeunes élèves français étaient en interaction par Twitter avec des officiers du ministère. Au moment où la révolution numérique bouleverse la cellule familiale, il faut souligner les efforts de Vincent Peillon de mieux servir les besoins des enseignants, des élèves et des parents dès la rentrée 2013 :
- un service de soutien scolaire en ligne en français, mathématiques et anglais pour 30 000 élèves en difficulté dans des établissements de l’éducation prioritaire;
- l’accès en ligne à des sujets et éléments de correction du brevet et des baccalauréats général, technologique et professionnel;
- un dispositif interactif sur l’apprentissage de la lecture, pour les enseignants et les parents d’élèves de CP;
- une collection de ressources numériques et de films d’animation pédagogiques centrée sur l’acquisition des fondamentaux;
- une offre de contenus et de services numériques visant à favoriser l’apprentissage de l’anglais dans le 1er degré, appelée English for Schools;
- un site web de géolocalisation des solutions de formation pour les jeunes décrocheurs;
- un service d’accès aux informations relatives à l’orientation adapté aux élèves en situation de handicap.
Même si un grand pédagogue français de la stature de Philippe Meirieu parle de l’éducation nouvelle comme étant un « carrefour de malentendus », force est d’admettre que la France entre de plein fouet dans le 21e siècle avec ce plan. À quand un exercice similaire pour le Québec ?
N.B. Loin de moi l’idée de passer sous silence certaines initiatives intéressantes au Québec malgré ma critique sur l’absence d’un plan… à preuve cet article du R.I.R.E. qui présente un « mode d’emploi » visant l’intégration des technologie dans l’enseignement…
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