J’en avais déjà glissé un mot lors d’un séjour précédent à Lyon, l’approche de Patrice Thiriet de l’Université Claude Bernard Lyon 1 me fascine au plus haut point. Non seulement est-il un prof du supérieur qui se préoccupe beaucoup de pédagogie, mais il est de ceux qui ont entrepris avec sérieux un virage numérique qui se caractérise par l’utilisation de la 3d dans son enseignement de l’anatomie pour faciliter les représentations mentales de ses étudiants.
Près de quatre ans après ma première rencontre avec le personnage Thiriet, c’est avec un bonheur renouvelé que j’ai accepté son invitation à assisté à son cours suivi par des étudiants en ergothérapie. La matière au programme pendant ma visite d’une heure était l’anatomie du genou et de la cheville. J’ai pu discuter pendant dix minutes avec les étudiants en fin de leçon.
De manière évidente, l’approche de Patrice plaît à ses étudiants qui affirment se faire un devoir d’être présents aux classes d’anatomie du professeur Thiriet, malgré que le contenu de ses présentations vidéos 3d soit disponible via Internet. Ils jugent ses explications essentielles ainsi que ses contrôles continus qui permettent une bonne régulation de la qualité des apprentissages. À la fin d’une séquence de cours, un document texte contenant certaines explications et plusieurs plaquettes photos est offert aux étudiants qui font la file munie de leur clé USB pour l’obtenir. Ils me disent tous préférer de loin la 3d (aux manuels) pour se représenter mentalement la matière au programme. Patrice parle de « pivots mentaux » quand il pense à ce que « crée » dans le cerveau de ses étudiants sa communication bien supportée par les images de plusieurs angles d’approche.
Une chercheure du TECFA – Suisse – suit de près les travaux et contribue à documenter les effets de cette approche.
J’ai demandé aux étudiants ce qui pourrait être aménagé comme dispositif pour encore améliorer la qualité de leurs apprentissages « dans le temps », considérant que souvent, tout se retient assez bien, sur le court terme, mais peut se dégrader à moyen et long terme. Ils ont évidemment insisté sur le réinvestissement dans leur pratique d’ergothérapeute qui crée souvent les contextes pratiques où ils ont besoin de ces connaissances. Il y aurait aussi une piste du côté de l’objectivation de ce qui a été appris. Patrice leur demande souvent de rédiger de courts paragraphes décrivant ce qu’ils ont appris et ici encore, le « en ligne » peut devenir intéressant, surtout si une possibilité d’interaction s’ajoute.
L’importance du filet de protection qu’est le professeur quand ils sont en ligne semble être un élément déterminant pour les motiver encore davantage à prendre connaissance de la matière de cette façon et ainsi arriver en classe mieux préparé pour « l’intégrer ». C’est comme s’ils avaient peur de ne pas apprendre sans la présence de celui qui peut répondre à toutes les questions au moment même où elles surviennent. Ce serait intéressant de faire des tests avec le recours aux anciens étudiants dans des contextes où la formule resterait hybride (présence en classe synchrone + cours en ligne) et où une partie du soutien pourrait provenir de tiers.
Patrice est un passionné. Il poursuit ses travaux en ajoutant une participation avec des étudiants en Algérie (vidéo 3d en arabe) et il fédère sa communauté d’apprenants à l’aide de Facebook. Il a des projets de chaîne YouTube dans six langues différentes…
Inutile d’ajouter que les étudiants lui rendent bien le plaisir qu’il éprouve par ses usages du numérique…
Ajout : Patrice Thiriet, « Pionniers de la pédagogie numérique », au Figaro.
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