Note : Ce billet a d’abord été publié au Huffington Post Québec dans la section « blogue ».
Mon statut professionnel a changé depuis mon dernier billet; je suis devenu conseiller politique à temps plein à l’Aile parlementaire du deuxième groupe d’opposition. J’emprunte un autre véhicule (celui de la politique), mais je garde le cap sur les mêmes préoccupations, la gouvernance des ressources informationnelles et technologiques, l’enseignement supérieur et l’éducation.
Je viens de terminer la première semaine dans mon nouvel environnement de travail, l’Hôtel du parlement. On comprendra que d’entrer chaque matin dans ce lieu inspirant augmente la motivation à vouloir travailler pour les changements auxquels on croit !
J’arrive au moment où on procède à l’étude des crédits budgétaires. Chaque jour, des députés de mon parti questionnent les ministres, ministère par ministère, sur l’ampleur des sommes engagées et les décisions qu’elles révèlent. Comme le gouvernement du parti québécois est arrivé au pouvoir pendant l’année financière, il a beau jeu de se sortir des situations plus « chaudes » en disant que ce que nous constatons est imputable au gouvernement précédent. Parfois, les échanges portent sur les décisions à prendre, à court ou moyen terme, pour bien servir les intérêts des Québécois et sur ce sujet, chacune des formations politiques a son point de vue. Mon rôle est de bien préparer les dossiers en amont de ces échanges pour que les députés – qui ont toujours le dernier mot – soient bien outillés et qu’ils puissent profiter à plein du peu de temps de parole dont bénéficie le deuxième groupe d’opposition.
Bien que j’en aurais long à raconter sur l’étude des crédits en éducation et en enseignement supérieur, j’attirerai l’attention des lecteurs de ce blogue sur le seul sujet du renouvellement des postes de travail informatique au gouvernement.
Au printemps 2011, l’Assemblée nationale a adopté la loi #133 sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement. À l’automne de la même année, le décret #1111-2011 a été adopté pour permettre de se soustraire à cette loi, fournissant au gouvernement le prétexte de ne pas aller en appel d’offres pour la mise à niveau et la mise à jour de ses quelque 375 000 postes de travail informatique. À l’époque, plusieurs ministres du gouvernement actuel ont décrié la situation et indiqué qu’ils n’auraient pas agi de cette façon, si ils avaient été au pouvoir.
Les mêmes députés sont maintenant aux commandes, à titre de ministres. C’est ironique de constater que le décret semble faire leur affaire.
Une lettre du plus haut fonctionnaire de l’État dévoilée par une journaliste la semaine dernière précise qu’aller en appel d’offres dans les circonstances du présent renouvellement des postes de travail, « ce ne serait pas dans l’intérêt public ».
Autant en Commission d’administration publique qu’à l’étude des crédits, Christian Dubé – notre critique à la Coalition sur ces questions – a questionné le Président du Conseil du trésor sur l’ampleur des montants en cause et, tout comme ce fut le cas chez Benoît Dutrizac sur l’ensemble du dossier, on constate qu’il n’y a pas de stratégie au gouvernement pour envisager de se conformer à l’application de la loi #133. D’ailleurs, un journaliste de l’Agence QMI a obtenu le chiffre de 1,4 milliard de dollars, c’est dire combien il faut prendre au sérieux les décisions qui s’en viennent…
Je vous invite à visionner l’intervention du député de Lévis dont je vous parlais, lors de l’étude des crédits budgétaires du Conseil du trésor et de l’Administration gouvernementale le 7 février dernier.
Blogueur lui aussi, il en avait long à raconter au retour des Fêtes sur les enjeux de la gouvernance des ressources informationnelles…
Les prochains jours seront déterminants puisque le décret vient à échéance le 31 mars prochain.
Au-delà des décisions à prendre sur le court terme, il y a un positionnement à adopter sur la place du logiciel libre dans l’administration gouvernementale au Québec. Quand on pense qu’en France, les logiciels à code source ouvert – une des composantes du logiciel libre – sont en progression constante au sein du secteur public, le rattrapage est énorme au Québec, n’ayant aucune stratégie en ce sens, malgré des expériences porteuses comme celle du projet MILLE dans quelques-unes de nos commissions scolaires.
L’Assemblée nationale me paraît être un lieu déterminant pour pousser ces enjeux comme dans les autres domaines que sont l’éducation et l’enseignement supérieur qui ont toujours motivé ma pratique professionnelle.
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