Sur la centaine de personnes présentes au BookCamp Montréal, j’ai été très étonné de ne rencontrer aucun des libraires actifs dans le mouvement « Sauvons les livres ». S’ils voulaient donner de la prise à mon billet sur les luddites, ils n’auraient pu faire mieux…
Cela dit, il s’est passé beaucoup de chose intéressantes tout au long de la journée au contact des organisateurs, de plusieurs auteurs, de nombreux bibliothécaires, d’universitaires, de gens du collégial et de créateurs tout acabit.
Crédits photo : Alexandre Grégoire
J’étais heureux de retrouver la formule BarCamp qui a constitué la trame de fond de nos discussions. Après consultation de tous les participants à l’événement – aucun spectateur, que des participants actifs dans une non-conférence – le programme s’est profilé en quelques minutes, avec la collaboration de tous.
Crédits photo : SaberTriki
Le questionnement de la « traditionnelle chaîne du livre » a été au coeur de plusieurs des interventions. J’ai personnellement fait allusion à l’utilisation/mobilisation d’une communauté de lecteurs, assez facile à regrouper avec les outils numériques d’aujourd’hui, quand on s’y met sérieusement. Il a été noté que « l’industrie » ne semble pas s’intéresser à cette piste de travail, autant pour augmenter le nombre de lecteurs (lutte contre l’analphabétisme) que pour développer de nouvelles activités pour les librairies qui pourraient constituer des lieux extraordinaires de convergence dans l’hypothèse où une synergie serait développée avec de l’animation efficace de communautés.
D’ailleurs, j’ai été stupéfait d’apprendre que le Salon du livre de Montréal avait refusé la présentation d’un magnifique atelier sur l’auto-édition, dans le cadre d’une activité à sa programmation. Ayant fait, semble-t-il, le choix d’être plus politique, la direction aurait invoqué l’argument de « plutôt mettre l’accent sur les maillons de la chaîne du livre« , sous-entendu traditionnelle, selon mes sources. Rendez-vous manqué avec l’innovation pour les visiteurs au Salon et les professionnels du livre…
Dommage… parce que la présentation de Hugh McGuire et Christian Liboiron a suscité énormément d’intérêt auprès des participants au BookCampMontréal. J’ai moi-même été impressionné par l’adaptation du système de gestion de contenu WordPress en un dispositif d’auto-édition, PressBook, qui permet à un auteur ou à un éditeur, muni des compétences de base du niveau d’un blogueur, de produire gratuitement ou à très faible coût, un livre numérique de très grande qualité. Les exemples de réalisation en format .epub, .mobi ou .pdf étaient éloquents…
Parmi les autres moments forts de ma journée, les discussions entourant l’adoption d’un label de qualité « Écrit, illustré, imprimé au Québec » et mes échanges avec de nombreux bibliothécaires, sur leurs efforts à prendre le virage numérique et à développer de nouveaux services aux nombreux usagers qui fréquentent leurs petites et grandes institutions.
Aussi, j’ai entendu parler de l’initiative « lire vous transporte » et, bien entendu, j’ai eu l’occasion d’échanger des points de vue sur les innovations de Marie Laberge et d’Arlette Cousture autant que sur les coulisses entourant la tenue de la récente commission parlementaire. Plusieurs sont de l’avis de Jean-François Bouchard (Président de l’ANEL) que l’attente a assez duré et que le milieu du livre est prêt à prendre un « oui » ou un « non », sur le projet de réglementation d’un prix plancher pour les livres neufs.
« Le prix réglementé du livre est devenu le Graal des uns et l’ennemi public numéro 1 des autres. Les revendications à ce sujet ont mobilisé beaucoup d’énergie depuis plus d’un an. La course qui devait être un sprint est devenue un demi-fond, agrémenté d’obstacles. Or, le prix réglementé est une mesure technique qui, à elle seule, n’assurera pas la pérennité de l’édition au Québec. Il s’agit d’une mesure parmi un ensemble de politiques et modalités qu’il faudra mettre en place pour assurer l’avenir. En remettant sans cesse à « bientôt » une décision sur ce sujet précis, l’idée d’un prix réglementé cristallise tous les phantasmes et toutes les appréhensions. À faire durer les choses, les uns et les autres en viennent à croire que c’est une question de vie ou de mort. Pourtant, ni le salut ni l’apocalypse n’adviendront par cette seule mesure, isolée d’une politique d’ensemble. »
Michel Tremblay et surtout, l’éditeur Leméac, ayant ajouté un autre geste d’éclat aux précédents, le temps joue maintenant contre tout le monde, puisque le gouvernement ne se prononce pas. Parlant de Leméac, de nombreux intervenants ont mentionné à quel point ceux qui refusent de rendre disponibles des versions numériques des œuvres publiées nuisent aux lecteurs. Je le redis : le défi du numérique (incluant celui du commerce électronique) représente un enjeu bien plus important que la guerre contre les magasins grande surface (lecture complémentaire : « Can E-Books Save The Neighborhood Bookstore? »). Cela dit, l’argument de Costco (publié dans cet article Au Devoir) à l’effet que l’éditeur « prendrait en otage » les magasins de cette bannière n’apporte absolument rien de constructif au débat, dans le présent contexte.
Un résumé des contributions sur Twitter sous le mot-clic #bcmtl est disponible ici (Ajout : autre billet qui revient sur le BookCamp) !
Bravo aux organisateurs…
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[…] Cependant, il semble que le Salon du livre de Montréal a refusé un atelier au sujet de l’autoédition dans son programme selon le blogueur Mario Asselin: D’ailleurs, j’ai été stupéfait d’apprendre que le Salon du livre de Montréal avait refusé la présentation d’un magnifique atelier sur l’auto-édition, dans le cadre d’une activité à sa programmation. Ayant fait, semble-t-il, le choix d’être plus politique, la direction aurait invoqué l’argument de «plutôt mettre l’accent sur les maillons de la chaîne du livre», sous-entendu traditionnelle, selon mes sources. Rendez-vous manqué avec l’innovation pour les visiteurs au Salon et les professionnels du livre… Source […]
[…] littérature, la bibliodiversité et l’écosystème économique du livre. Mon billet sur le BookCampMontréal de novembre dernier allait en ce sens. Il faut se le répéter… nous aurions été bien mieux servis par une […]