Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Questionné hier sur le sujet des taxes scolaires, le ministre de l’Éducation a semblé opposer le maintien des services aux élèves et le remboursement de 100 millions $ de taxes scolaires perçues en trop aux contribuables, l’an dernier. Couper dans les services aux élèves OU permettre de nouvelles hausses de taxes scolaires? Là serait la question, selon Yves Bolduc.
Il n’en est rien. Il ne s’agit seulement que d’une rhétorique prébudgétaire…
Récapitulons. Novembre 2012, le budget Marceau prévoit l’élimination sur trois ans du programme de péréquation temporaire instauré en 2006. Le PLQ et le PQ votent pour ce budget. Tout au long de l’hiver et du printemps 2013, le gouvernement péquiste a laissé la porte ouverte aux commission scolaires pour qu’elles puissent se reprendre pour la perte des 200 millions $ que la mesure entraîne. Elles s’y sont engouffrée. À l’automne 2013, on apprend que 193 des 200 millions $ avaient été récupérés dans les poches des contribuables, malgré des surplus accumulés importants dans plusieurs commissions scolaires. La première ministre, «outrée», ordonne en septembre à 55 commissions scolaires de rembourser 100 millions aux contribuables et dépose un projet de loi. Les commissions scolaires font appel aux libéraux en décembre.
Le maintien dans le prochain budget Leitão de l’abolition du programme de péréquation entrainerait une perte de revenu de 150 millions $ sur deux ans. Pourquoi ne pas envisager que ces 150 millions $ et les 100 millions en remboursement de taxes n’entraînent aucune coupure dans les services aux élèves, mais soient pris à même les enveloppes prévues pour les élections scolaires, les commissaires et les frais administratifs des CS? Déjà, on a annoncé l’élimination des directions régionales (économie de 15 millions $ par année) et le discours inaugural du premier ministre mentionne l’objectif de donner plus d’autonomie aux écoles. Qu’on aille plus loin tout de suite et qu’on annule la catastrophe annoncée du dimanche 2 novembre prochain.
Sans abolir les commissions scolaires (ce n’est pas dans son programme de le faire, mais ce serait l’idéal), le gouvernement pourrait forcer des fusions, abolir les directions des services pédagogiques dans les CS (confier le leadership pédagogique aux directions d’école), envoyer l’argent des enveloppes dédiées (agir autrement, adaptation scolaire, services de garde, soutien à l’enseignement, micro-informatique, aide aux devoirs, écoles en forme et en santé, persévérance et réussite scolaires, lecture à l’école, etc. – il y en a plusieurs autres) directement dans les écoles et diminuer la bureaucratie liée à leur gestion (ce qui va libérer les directions d’école).
Vu de Québec, les commissions scolaires font bien peu de cas de l’urgence de se serrer elles-mêmes la ceinture. Martin Coiteux ne s’est d’ailleurs pas gêné pour leur rappeler l’effort demandé à tous.
Le gouvernement aura l’appui de la population s’il réduit l’influence et les budgets des commissions scolaires pour en redonner aux écoles!
C’est un faux dilemme de penser que le ministre (de l’Éducation ou des Finances) doit choisir entre les services aux élèves ou les remboursements de taxes scolaires. Il peut protéger les services et soulager les contribuables en s’attaquant au dogme de l’organisation scolaire du modèle actuel de gestion des écoles publiques québécoises!
Tags: "Administration scolaire" "La vie la vie en société"
[…] l’ai déjà écrit dans un précédent billet, c’est tout à fait odieux d’opposer les services aux élèves et la hausse des taxes […]
[…] hausses de taxes scolaires ont fait l’objet de quelques billets sur ce blogue (1, 2, 3). Je me dois d’y revenir parce que je viens d’apprendre que la Coalition Avenir […]