Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ». Il reprend une chronique publiée dans les versions imprimées du Journal de Québec / de Montréal.
La gestion responsable du potentiel offert par nos réserves d’hydrocarbures souffre énormément des débats stériles et émotifs qui sont galvanisés par des idéologies qui s’affrontent. Si le pétrole n’est pas la source d’énergie de l’avenir, le meilleur intérêt des générations futures exige le retour à un dialogue plus rationnel et rassembleur.
Avouons-le : le gouvernement Charest nous a fait perdre un temps précieux. Sa gestion molle des conditions d’exploration a alimenté la contestation populaire. Depuis, des deux côtés de la médaille, on vise la jugulaire…
Dans la bande annonce du documentaire ANTICOSTI : La chasse au pétrole extrême, les phrases-chocs pleuvent : « j’investirais dans le tourisme, je ne toucherais pas au pétrole », « sincèrement, en votre âme et conscience, ce soir en vous couchant, vous ne pouvez pas dire qu’on est prêt, qu’il n’y a pas risque », « tsé le pétrole, ça peut nous acheter… c’est puissant ». Le documentaire de Dominic Champagne pose quand même une belle question : « À qui revient-il de décider de l’usage, viable, sage et raisonnable, qui doit être fait de nos ressources communes? »
De l’autre côté, on dit de Jacques Brassard qu’il serait climatosceptique. Dans une chronique récente au Journal, il affirme que le gouvernement « tremble de peur à l’idée d’affronter la horde hurlante des écolos pétrophobes ». Il accuse le gouvernement d’être « pétrifié par l’angoisse de mécontenter les escadrons verdoyants qui arborent une haine pathologique des énergies fossiles ». L’ex-politicien pose tout de même une bonne question : « Venons-en à la question centrale concernant cette étude dite stratégique sur la filière des hydrocarbures : à quoi ça va servir? »
On se doit de repartir sur de nouvelles bases.
D’abord mentionner qu’il est impossible de se libérer de la dépendance aux hydrocarbures, à brève échéance. Ensuite, comprendre que le Québec est entièrement dépendant de l’étranger et de d’autres provinces pour l’approvisionnement de ses besoins en pétrole; il importe actuellement tout ce qu’il utilise. Enfin, le respect le plus complet des normes de protection de l’environnement et de la sécurité des populations n’est pas négociable.
Le Québec ne peut pas se passer d’une certaine acceptabilité sociale dans l’extraction de l’or noir qu’il possède dans son sous-sol pour accroitre la richesse des Québécois et viser une plus grande part d’autosuffisance en approvisionnement. Certains principes doivent guider l’exploration et l’exploitation des importantes réserves sur notre territoire (Île d’Anticosti, Old Harry et Gaspésie):
- La recherche d’une stabilité règlementaire pour rassurer ceux qui détiennent les droits d’extractions et les autorités locales.
- L’engagement de toutes les parties prenantes à chacune des étapes (exploration, extraction, etc.).
- L’admission de départ que la rentabilité financière n’est pas le seul critère d’évaluation des projets. Les impacts sur l’environnement et auprès des communautés locales, la sécurité des propriétés et des équipements sont aussi, sinon davantage, déterminants!
- L’adoption des meilleures pratiques d’ailleurs dans le monde, dont en Norvège.
Si on est à l’heure des choix à Anticosti, tout le Québec doit ajuster sa montre…
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