Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Si j’ai bien compris, la pause de l’après-midi des employés municipaux de certaines villes du Québec se voulait l’occasion d’une « démonstration de force », aujourd’hui. Le prétexte : le projet de loi #3 sur les régimes de retraites constituerait un contexte ne fournissant « qu’un simulacre de négociations ». En jouant du « rentre-dedans », les syndiqués croient ainsi en la possibilité de ramener un cadre plus propice aux négociations. Bien sûr… après le coup de la « déclaration de guerre », pouvait-on s’attendre à autre chose?
Devant l’hôtel de ville de Montréal, on a mis le feu. Tout simplement! Ailleurs dans la métropole, à Québec, Laval, Sherbrooke et à Gatineau en particulier, beaucoup de bruits et de perturbations de la circulation aux abords des lieux de manifestation étaient au menu. L’appel au calme du ministre Moreau n’a pas suffit.
Clairement, c’est devant l’hôtel de ville de Montréal que le message du Front commun syndical des employés municipaux s’est avéré le plus percutant. Il constitue, en quelque sorte, la réponse officielle des syndiqués aux maires de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) qui saluaient lundi le courage politique du projet de loi Moreau : « C’est un grand soulagement après quelques années de bataille sur ce front ».
Le vocabulaire guerrier n’est pas l’apanage d’un seul des clans.
Au centre de l’escalade qui commence à peine à survenir dans ce dossier, les citoyens voient ces appels de sourd à la négociation prendre des allures de déjà vu. La rue s’enflamme et on sait qu’à ce moment, bien des débordements peuvent survenir.
Paradoxalement, la thématique du dépôt du projet de loi était « Tout le monde a avantage à s’entendre ». Il faut croire que certains partent plus avantagés que d’autres… Pour ce qui est de la faveur de son option dans l’opinion publique, la Ville de Québec en particulier.
La dernière campagne municipale du maire Labeaume ayant porté spécifiquement sur cette question des régimes de retraite, personne dans la Capitale ne pourra invoquer le fameux « on n’a pas voté pour ça ». Le résultat électoral à 74% des voix était sans équivoque au lendemain du 3 novembre 2013 :
« Régis Labeaume gagne son pari : il est réélu à la tête de la Ville de Québec avec le mandat fort qu’il réclamait pour augmenter son rapport de force face aux syndicats des employés municipaux et au gouvernement. » (source)
Rapport de force… était-il écrit.
Les citoyens de Québec ont donné l’élan à tout le Québec, sur cet enjeu. Si la population souhaite des ententes négociées, clairement, elle ne veut absolument pas des augmentations de taxes qui seraient liées aux déficits dans les caisses de retraites.
Je peux me tromper, mais cette fois, le feu dans la rue pourrait ne pas produire les résultats escomptés dans l’opinion publique…
Est-ce qu’à Montréal, théâtre des grosses manifestions pendant le printemps étudiants, on tolèrera longtemps de ramasser le désordre et les cendres?
Et si ce conflit devenait l’occasion de remettre en question la méthode de la guerre du feu pour obtenir l’équité?
La balle est dans le camp du maire Coderre et des citoyens qui ont l’expérience de ce genre de perturbation.
Mise à jour : Une première réaction de M. Coderre pendant que j’écrivais ce billet…
Mise à jour du surlendemain : Denis Coderre demande des comptes au SPVM et déclenche une enquête.
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