Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Je sais que je m’apprête à écrire un billet sur un sujet délicat. Au moment où un chef politique quitte la scène pour de bon, ne devrait-on pas éviter de critiquer les hommages qui lui sont rendus?
Je me risque à le faire parce que je juge que certaines marques de respect dont il a été question hier, manquent de respect, justement.
Je ne vise pas spécifiquement l’intervention de Lise Payette qui a mentionné avec raison que Mme Marois demeurera celle qui aura « défoncé le fameux plafond de verre ». Pour toujours, elle sera la première première ministre du Québec et elle mérite toute notre considération.
Et oui, Pauline Marois est « une bonne personne, une personne audacieuse, sincère, courageuse, déterminée, etc. ». Elle compte de nombreuses réalisations qu’il fallait souligner.
Mon malaise se situe ailleurs.
Qu’on ait réussi dans son entourage à convaincre Mme Marois à quelques heures du dévoilement du scrutin du 7 avril dernier qu’elle pouvait encore gagner son pari est une chose, mais qu’aujourd’hui encore, elle soit convaincue que les apparatchiks du Parti Québécois lui ait dit toute la vérité relève du prodige.
Il m’apparait normal que la chef du PQ « assume pleinement et complètement les décisions prises pendant la campagne et comme chef de gouvernement », mais qu’on vienne nous faire croire qu’il est normal aujourd’hui qu’elle pense encore s’être fait dire la vérité me paraît être un gros raccourci. Je considère que c’est un manque de respect à la politicienne d’expérience qu’est Pauline Marois.
« Le choc de la défaite a été brutal ». « Elle a cru à la victoire jusqu’à la dernière minute ». « Elle était persuadée de se voir confier les rênes d’un gouvernement… à tout le moins minoritaire ». Et elle n’aurait « pas été mal informée ». Mais encore…
Mme Marois a affirmé s’être toujours bien entourée. Elle a soutenu que son organisation avait toujours été transparente avec elle. « J’ai été très franche avec tout le monde, les militants et mon organisation, et mon organisation avec moi. » (source)
Denis Lessard a une toute autre version de l’histoire…
« Mais les indications voulant que les sondages internes du PQ se soient lourdement trompés à la veille des élections trouvent maintenant leur explication : pour encourager les troupes, les conseillers de Mme Marois avaient décidé, en fin de campagne, de faire circuler des données datant déjà de quelques jours, sachant bien que la situation était devenue bien plus sombre. »
Mise à jour du 9 juin 2014 : Marco Bélair-Cirino du Devoir a lui aussi une version des faits qui concorde avec celle de Denis Lessard…
« En pleine déconfiture, l’état-major du PQ a sciemment tu les résultats des derniers sondages internes afin de maintenir l’ardeur des militants dans les derniers jours de campagne. Même la chef du PQ Pauline Marois semble avoir été maintenue dans un certain flou. »
En politique, il est important de ne jamais faire mal paraître son chef, surtout le soir où on lui rend hommage. Pourquoi avoir permis que Mme Marois quitte sans avoir eu droit à toute la vérité?
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