Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Soixante jours après avoir quitté l’hôtel de ville de Toronto pour suivre une cure de désintoxication, le maire Rob Ford reprend son poste demain, selon ce que je comprends. Une retour qui fera grand plaisir aux chefs de pupitre des grands médias, forts excités du retour du chef de la «Ford nation». Les médias « adorent le phénomène Rob Ford », explique Peter Kuitenbrouwer du National Post (source).
La course à la mairie de Toronto reprend donc de plus belle, vers l’élection du 27 octobre prochain.
Les sondages ne place plus le maire sortant au premier rang, mais l’appui d’un important pourcentage de la population continue d’étonner. À 27% dans les intentions de vote, Rob Ford est au deuxième rang, sept points en arrière de Olivia Chow qui disposait d’une avance de 18 points le 6 juin dernier et trois devant John Tory.
Si l’enfant terrible – vue d’ici – de la politique torontoise réussi à s’accrocher, il faut chercher du côté de ce qui a fait sa renommée : ses promesses de mettre fin au gaspillage de fonds publiques, de réduire les taxes et les dépenses. Les surplus budgétaires (248 million $ en 2012 et 168 millions $ en 2013) y sont aussi, peut-être, pour quelque chose. Des réalisations qui semblent capables de faire oublier le comportement gênant et disgracieux de celui qui est en poste depuis le 25 octobre 2010 et qui a été destitué le 26 novembre 2012.
De mon point de vue de québécois, le vrai malaise pour Toronto est moins Rob Ford lui-même, que le fort appui politique qui ne se dément pas avec le temps, malgré des frasques et des mensonges qui n’en finissent plus de déshonorer la fonction de politicien. C’est à se demander si personne d’autre que lui à Toronto ne peut incarner et livrer le programme de la défense des contribuables qui est à la base de l’offre politique qu’il présente.
Il faut quand même noter que les résultats du dernier sondage publié le 25 juin dernier viennent de la firme Forum Research reconnue pour être favorable au camp Ford.
On me trouvera peut-être sévère, mais à mes yeux, Rob Ford n’est pas réhabilitable, politiquement parlant, à court terme. Sa réhabilitation politique doit passer par une période relativement importante où il démontrera hors de tout doute qu’il soigne sa dépendance aux drogues et à l’alcool.
Sa consommation de crack et d’alcool est une chose, mais son incapacité à assumer la portée de ses manquements face à son rôle de premier magistrat d’une grande ville en fait pour moi une personne qui ne pourra pas revenir en si peu de temps à la hauteur des fonctions qu’il brigue. Le doute est semé quant à son incapacité à occuper ses fonctions de maire. À chacune des occasions où des faits ou des aveux ont démontré des manquements graves à la conduite normale d’un maire, Rob Ford n’a jamais eu la décence d’assumer et de démissionner. Des pouvoirs de maire lui ont été enlevés, certes, mais je me serais attendu à une acte d’humilité, valeur qui me semble aller de paire avec une totale réhabilitation dans les cas de dépendance à l’alcool ou aux drogues.
Il est possible de redevenir quelqu’un de fiable après une cure de désintoxication. Mais d’un point de vue politique, ça demande du temps et ça ne passe pas par un pardon si facile d’un électorat qui dispose de d’autres choix légitimes.
Rob Ford pourrait démontrer qu’il est vraiment sur le chemin de la réhabilitation en se retirant de la présente course à la mairie de Toronto.
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