Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Drôle d’été pour les conservateurs au Québec.
Le 24 juin en tournée dans Chaudière-Appalaches, jour de la fête nationale des Québécois, le chef Stephen Harper montre qu’il est confiant: sur la base du résultat des dernières élections au Québec, il fait un lien entre la chute de la cause souverainiste et sa bonne gestion de la fédération canadienne.
Depuis, il se passe rarement une semaine sans que des décisions impopulaires soient annoncées au Québec, par des ministres du gouvernement de Stephen Harper ou par les médias.
Du projet de loi sur les armes à feu (ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney) en passant par l’abolition du prix Thérèse-Casgrain (ministre de l’Emploi et du Développement social, Jason Kenney) jusqu’aux propos du premier ministre Stephen Harper lui-même à l’endroit de la juge en chef de la Cour suprême du Canada, on ne dirait pas que les stratèges du Parti conservateur entretiennent l’ambition de doubler leur nombre de sièges au Québec.
L’insistance des conservateurs à vouloir capitaliser sur le déclin du souverainisme au Québec m’étonne. Je ne vois pas l’intérêt de piquer au vif la proportion de Québécois souverainistes, d’autant que ceux qui ne le sont pas, évitent de pavoiser sur ce sujet.
Dans l’article du Hill Times on line qui rapporte les propos optimistes des conservateurs, on nomme les cinq circonscriptions où on pense faire des gains (Jonquière-Alma, Beauport-Limoilou, Charlesbourg-Haute-Saint-Charles, Louis-Saint-Laurent et Pontiac) et je ne vois pas en quoi les électeurs de ces comtés seraient particulièrement sensibles au fait de casser du sucre sur le dos des souverainistes.
La démobilisation de ceux qui appuyaient le projet souverainiste est attribuable à plusieurs facteurs, dont le comportement des péquistes eux-mêmes. Il me semble que ce soit très mal avisé pour un parti fédéral de s’approprier la baisse de ferveur indépendantiste de certains Québécois. On devrait laisser ça au virage identitaire radical du PQ.
Que les stratèges du gouvernement conservateur commencent par bien gérer cette histoire de remplacement du Prix Thérèse-Casgrain du bénévolat par le prix du premier ministre pour le bénévolat, ce sera un meilleur investissement pour leur campagne électorale de 2015.
On s’attend de notre premier ministre qu’il intervienne dans les conflits internationaux, qu’il se préoccupe d’économie et qu’il ne nuise pas à la création d’emplois. Nous apprécions ses plus nombreuses visites dans la région de Québec, mais il devrait se soucier davantage du fait que l’Ontario et le Québec développent des atomes crochus depuis quelque temps et qu’ils pourraient voter au fédéral pour un même parti qui répondra mieux à leurs demandes.
Agir le reste de l’été pour ne pas diminuer leurs chances de victoire au Québec est un conseil que les stratèges conservateurs devraient écouter.
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