Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Mercredi dernier, jour de réunion du Conseil des ministres, la valse de ceux qui se sont excusés était telle, qu’il ne pouvait que s’agir d’un acte de contrition concerté.
La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a présenté des excuses pour avoir mis en doute l’intégrité personnelle du député péquiste Jean-François Lisée.
Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, s’est excusé auprès des patients qu’il a dû laisser tomber après le retour du Parti libéral au gouvernement.
Dans le cas du ministre de l’Environnement, David Heurtel, c’est sous la forme d’un mea culpa qu’il est revenu le même jour que ses collègues repentants sur le dossier de la quantité de GES que pourrait émettre l’installation d’une cimenterie construite à Port-Daniel-Gascons. Son ministère disposerait d’une étude, alors qu’il avait affirmé la semaine dernière le contraire.
Enfin, dans le cas du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, des excuses ont été offertes aux gens de la FADOC en particulier, après avoir prêté flanc à de l’âgisme dans l’invitation à Claude Castonguay à prendre sa retraite.
Toutes ces interventions qui ont pour objectif de faire baisser le ton acrimonieux des échanges des derniers jours viennent d’un avertissement du bureau du premier ministre. L’intervention d’hier de Philippe Couillard était sans équivoque…
« Ce que j’ai dit à mes collègues: ‘si vous êtes pour dire quelque chose que vous pensez que moi je ne dirais pas, ne le dites pas parce qu’à ce moment-là, vous allez vous rétracter ou je vais vous demander de vous rétracter’. »
L’idée de transformer « la façon dont on fait de la politique au Québec » ne se résume pas au fait de changer le ton des échanges de point de vue divergent, mais c’est un bon point de départ. Si l’intervention du chef du gouvernement a eu des effets immédiats sur certains de ses ministres qui avaient besoin de se faire ramener à l’ordre, il faudra maintenant passer à la leçon numéro deux.
Après le cours « tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler », devra suivre celui sur « demander aux autres de vivre comme on a soi-même envie de vivre ».
S’il faut féliciter Philippe Couillard pour sa sortie de mercredi, il faut lui demander de persévérer et de demander à ses ministres de s’imposer un mode de vie professionnel à l’image du ménage dans les finances de l’État qu’il promet.
Ne plus accepter l’égoïsme professionnel qui consiste à se prévaloir à titre de médecin-député de toute les dispositions d’une mesure bien intentionnée, mais qui ouvre la porte à des abus est un fondement essentiel au dialogue social, préalable souhaité par le présent gouvernement au feu vert à des coupes importantes dans l’appareil public.
Le deux poids, deux mesures entre ce qui est exigé des ministres et des citoyens ne conduit pas au dialogue social, encore moins à l’acceptabilité sociale des mesures qui seront nécessaires pour rétablir l’équilibre dans nos finances publiques.
À moins que le gouvernement lui-même n’ait pas tourné sa langue sept fois avant de nous promettre le dialogue recherché ?
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