Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Le documentaire Nation — Huis clos avec Lucien Bouchard diffusé hier soir, colore fortement la présente rentrée politique, autant à Ottawa qu’à Québec. Le témoignage de celui qui a chevauché dans les deux arènes pendant plusieurs années s’est avéré percutant, instructif et polémique.
Je retiendrai pour longtemps le passage où un Lucien Bouchard émotif trace la ligne entre sa foi souverainiste et son combat pour le bien commun…
«Il faut être absolument indépendantiste? J’aurais peur de quelqu’un qui se dise absolument indépendantiste. C’est quelqu’un que je craindrais énormément, que je combattrais.»
On a parlé dans le passé des purs-et-durs, des caribous et des indépendantistes pressés, mais il me semble que c’est la première fois qu’un politicien caractérise de manière aussi claire ce qui se cache derrière ces étiquettes.
Cette notion de «peu importent les conditions» (ou le contexte, j’ajouterais) me paraît extrêmement importante, autant à l’occasion de la bisbille qui anime actuellement le Bloc Québécois (BQ) que dans les circonstances des questionnements épisodiques sur ce que représente le nationalisme québécois.
Mario Beaulieu (le chef nouvellement élu au BQ) semble être de ceux qui s’identifient au «absolument indépendantiste». Pourrait-on affirmer que ceux et celles qui s’identifiaient au BQ avant son arrivée et qui préfèrent quitter, ne se considèrent pas «absolument indépendantistes»?
Si cette hypothèse devait se confirmer, Lucien Bouchard aura fait oeuvre utile en nous aidant par cette déclaration à mieux comprendre pourquoi la présente crise au BQ force autant de personnes à prendre leur distance d’un parti fédéral qui a obtenu, dans certaines élections générales, des scores qui allaient bien au-delà du pourcentage de Québécois en faveur de l’option souverainiste.
De plus, on comprend mieux avec cette déclaration pourquoi le dossier de la charte des valeurs [sic] promue par le Parti Québécois (PQ) n’a pas rallié l’ensemble des citoyens au Québec.
Pour une des rares fois dans l’histoire récente, un parti politique faisait la promotion d’un projet qui posait certaines conditions pour être en mesure de se considérer Québécois.
Le nationaliste Québécois que je suis voit d’abord son appartenance au Québec, bien avant celui au Canada.
Si les citoyens du Québec sont probablement très très nombreux à pouvoir se dire «Québécois» avant d’être «Canadiens», il faudra voir dans les prochains(es) mois/années comment pourrait-être reçu un projet de charte de la laïcité qui diminuerait le nombre de ceux pouvant continuer à se dire «Québécois, peu importe les conditions».
Le huis clos d’hier soir avec Lucien Bouchard était magistral, à la mesure de la contribution de l’homme à la société québécoise.
Je comprends maintenant mieux pourquoi je me suis mis à combattre dans les dernières années «le mouvement souverainiste» qui est représenté au PQ. Je vois mieux pourquoi le BQ ne m’intéresse plus.
C’est que je suis absolument Québécois.
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