Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Une école secondaire de Charlesbourg dans la région de Québec vient d’annoncer que tous les élèves de première secondaire disposeront d’une tablette, en classe, cette année. D’ici trois ans dans cette école publique, cette mesure touchera tous les élèves de l’école.
Partout en province, des écoles privées et publiques multiplient les initiatives qui favorisent l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Les coûts plus accessibles des tablettes par rapport aux ordinateurs portables font souvent en sorte que le iPad est privilégié. À l’échelle d’une commission scolaire, Eastern Townships avait été la première en 2003 à prôner l’utilisation des ordinateurs dans des programmes un élève/un portable et elle favorise maintenant le iPad mini. En 2012, la CS de Sorel-Tracy avait également emboîté le pas sur le chemin de l’utilisation du iPad…
J’ai moi-même dirigé un établissement scolaire qui offrait un programme très techno pour des enfants de neuf et dix ans, en 2003. Chaque enfant disposait de son ordinateur et de son propre blogue scolaire… On avait constaté une forte hausse de la motivation et les élèves écrivaient et lisaient au moins dix fois plus qu’auparavant. Même si cette recherche n’a pas porté sur ce projet, les recherches de Stéphane Allaire (Université du Québec à Chicoutimi) sont intéressantes à consulter sur ce sujet…
La surprise en 2014 est que ça n’aille pas plus rapidement dans les écoles pour que chaque enfant puisse disposer «du crayon d’aujourd’hui» qu’est la tablette (ou l’ordinateur).
On s’entend; réduire un tel dispositif (le iPad) à l’écriture n’est pas juste. La tablette permet d’accomplir une foule de choses, incluant l’acte d’écrire. Ses multiples fonctions permettent aux élèves d’avoir accès à Internet, de compter sur des ressources (dictionnaires, livres, applications) presque infinies, mais elles peuvent également devenir une source de distraction capable de démotiver le plus patient des enseignants quand ce dernier décide qu’il a besoin de 100% de l’attention des enfants, en tout temps. Heureusement, peu d’enseignants entretiennent maintenant cette lubie qu’ils leur faut tout le temps contrôler l’attention pour que les apprentissages soient optimaux.
Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet.
Quand on sait que certains bonzes de la Silicon Valley refusent d’emprunter ce genre de virage ou qu’à Los Angeles, les autorités scolaires viennent de suspendre leur entente avec Apple… Il est normal de poser des questions.
La tablette crée-t-elle une frénésie justifiée?
Quels sont les usages, avantages et défis de l’utilisation d’un iPad à l’école?
On m’avait invité en 2010 à écrire un article dans une «revue sérieuse» sur l’utilité des TIC en éducation et je crois qu’il a bien vieilli.
J’aurai sûrement l’occasion d’y revenir, mais je me contenterai aujourd’hui de nommer douze avantages liés à l’utilisation du iPad en contexte scolaire, tirés d’une enquête du professeur Thierry Karsenti et de son équipe (source) :
- La portabilité (encore faut-il l’exploiter!)
- L’accès à l’information est facilité – Internet, Google Earth, etc.
- Il favorise l’accès aux manuels scolaires. «Idéalement, ces derniers ne sont pas en ligne, ils sont téléchargeables, donc disponibles en toutes conditions.»
- La motivation : «C’est comme Noël pour les élèves!», explique-t-il à la blague.
- La facilité à annoter des documents. «Avant, il était interdit d’écrire dans les manuels… maintenant, on l’encourage.»
- La facilité à organiser son travail.
- La qualité des présentations et travaux réalisés «Les élèves eux mêmes le disent : c’est plus joli, on peut placer des images facilement, ils se trouvent meilleurs!»
- La collaboration (grâce aux nombreuses applications de type «2.0»)
- La créativité qu’il permet.
- La variété des ressources accessibles (Il cite en exemple l’application permettant la dissection virtuelle d’une grenouille!)
- La possibilité pour l’élève d’aller à son rythme.
- L’économie de papier réalisée (considérable, dans certains milieux.)
Le même chercheur (Thierry Karsenti) n’avait cette semaine que «de bons mots pour le projet» de École secondaire Le Sommet (source) et beaucoup de travail attend la communauté éducative pour maximiser les bénéfices éducatifs et minimiser les impacts négatifs qui surviendront, nécessairement.
Un guide pour un usage sécuritaire et responsable de Facebook et des médias sociaux comme celui du Collège François-de-Laval pourrait s’avérer très utile…
J’invite tous les internautes qui passent par ici à me partager leurs expériences d’utilisation des TIC en milieu scolaire. La nécessaire conversation à tenir sur le sujet ne peut que déboucher sur du positif.
Pour ceux ou celles qui auraient davantage de temps ou qui désireraient creuser le sujet, je suggère cette présentation d’un directeur d’école qui est reconnu pour beaucoup utiliser les TIC dans l’école qu’il dirige…
N.B. On pourrait aussi débattre sur «les cadeaux» technos de certaines grandes entreprises en informatiques, offerts aux cégeps…
Ajout : Grandeur et misère des tablettes électroniques à l’école… Une chronique de Janic Tremblay à l’émission de retour à la maison du Grand Montréal sur ICI Radio-Canada (mercredi 27 août 2014). À visionner aussi, ce topo télé qui porte sur l’initiative de l’École secondaire Le Sommet.
Mise à jour du lendemain : Excellente entrevue de Dominic Arpin et d’Émilie Perreault avec la directrice à l’innovation pédagogique au Collège Saint-Paul à Varennes sur ce sujet des iPad en classe. Au Journal, cet article qui traite d’une explosion du nombre de tablettes numériques à l’école…
Tags: "Administration scolaire" "Pédagogie et nouvelles technologies"
[…] ce temps, il faut voir que les expériences se sont multipliées. Les iPad font leur apparition dans les écoles, un chercheur de l’Université du Québec à Chicoutimi a publié les résultats d’une étude […]
[…] L’itinéraire unique a déjà apporté certains résultats positifs. Dans un contexte où il n’était pas donné à tous de pouvoir fréquenter l’école et où la connaissance était rare, voire, concentrée dans les hauts lieux du savoir, il était plus facile pour un enseignant d’imposer un parcours unique aux apprenants devant lui. Nous sommes maintenant dans une période d’abondance, tant au niveau de l’accès à une foule de données, qu’au niveau de l’accès à l’information ou à une multitude d’opinions, tout cela pouvant, dans certains cas, devenir des connaissances. L’école est devenue accessible à tous, elle s’est «démocratisée» au Québec avec la période de la Révolution tranquille; le savoir est en voie lui aussi de connaître la même démocratisation, amplifié par l’entrée à l’école des dispositifs comme les téléphones multifonctions et les tablettes électroniques. […]