Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Les politiques d’achats de livres dans les bibliothèques des écoles québécoises n’auront jamais été aussi unanimement défendues qu’aujourd’hui. Il n’a suffit que d’un article au Devoir rapportant les propos maladroits du ministre de l’Éducation pour que tout le Québec se range derrière l’importance des bibliothèques scolaires, en éducation.
Même notre premier ministre est monté au front :
«Un enfant n’a jamais assez de livres, (…) je pense qu’il y a d’autres choix à faire pour les commissions scolaires avant de toucher aux livres. L’important, c’est qu’il y ait toujours de nouveaux livres qui arrivent, des livres qui sont attrayants pour les enfants. Pour moi, une des bases de notre éducation, c’est la qualité de notre langue. Et la qualité de notre langue, elle s’obtient par la lecture…» (source)
Est-il possible que nous soyons un brin… hypocrites?
Avant de lire en prenant notre café du matin que «les écoles avaient assez de livres», et qu’il n’y avait pas un enfant qui allait «mourir» du fait que les commissions scolaires (CS) coupent dans les achats de livres pour leurs bibliothèques (à peu près ce que le ministre a dit), ce sujet était bien loin de nos priorités, incluant celles de la CSQ, j’ose l’affirmer.
Ce matin, le ministre Yves Bolduc a commis la faute de banaliser l’utilité des livres de bibliothèque.
Surtout, il a bêtement réaffirmé le pouvoir des commissions scolaires de faire ce qu’elles voulaient pour absorber les coupures dans leur budget de cette année.
À la lecture des déclarations du ministre, j’ai moi-même trouvé qu’il manquait d’ambition pour la connaissance, l’école et la jeunesse.
Maintenant, je m’en veux un peu.
Sur le coup, j’étais prêt à monter au créneau pour exprimer tout mon dégoût, joignant la horde de tous ceux qui savent jusqu’à quel point ont été valorisées nos bibliothèques scolaires par tous les ministres de l’Éducation jusqu’à maintenant.
Je me suis dis qu’il me fallait écrire tout de suite un billet de blogue dénonçant le ministre et le plaçant en contradiction avec tout ce qui s’est fait par les gouvernements précédents.
Je me suis retenu, finalement.
Les gouvernements précédents ont-ils été si généreux avec les livres et les bibliothèques?
Plus j’y réfléchis et moins j’ai envie d’écrire pour condamner les déclarations de Yves Bolduc.
Il s’est montré bien maladroit devant une journaliste, certes, mais a-t-il vraiment dit autre chose que ce que la grande majorité des gens pensent?
Combien de gens croient qu’on peut très bien vivre une année scolaire, sans renouveler les livres qui sont sur les rayons des bibliothèques de nos écoles?
Je comprends que les politiques des CS puissent représenter «un mauvais signal» pour les auteurs ou pour le milieu du livre en général, mais notre ministre est tout simplement de son temps et bien représentatif de la population, je le crains.
Le vrai péché de Yves Bolduc a été de dire tout haut à une journaliste du Devoir ce que le Québécois «moyen» pense tout bas.
Faut-il alors casser du sucre sur son dos pour ça? Probablement.
Mais à cette heure-ci de la journée, j’avais deux choix : ou j’écrivais un billet pour démontrer que le Québécois «moyen» se trompe sur l’importance de renouveler les livres dans les bibliothèques des écoles dans le contexte budgétaire qui est celui du gouvernement ou je me commettais dans un autre qui blâme le ministre de l’Éducation de penser comme la moyenne des ours.
J’ai choisi ni un ni l’autre.
On voudrait dans l’entourage du ministre le faire mal paraître qu’on n’agirait pas autrement, d’un point de vue communication politique.
Je veux bien lui jeter la pierre pour ne pas être en mesure de bien défendre l’Éducation, mais j’ai besoin de comprendre où on s’en va au cabinet du premier ministre avec Yves Bolduc.
Et sur ce sujet, je suis dans le brouillard le plus total.
En attendant d’y voir plus clair, je vais réfléchir à comment je pourrais mieux défendre ici l’importance du livre comme support de la connaissance dans les bibliothèques et dans les écoles du Québec. Le livre scolaire est encore très important, mais peut-être pas pour les raisons qu’on pense.
J’y reviendrai, je promets.
Mise à jour du lendemain : J’y suis revenu… Un enfant n’a jamais assez de livres. Un autre internaute, également : Le vrai péché du Dr Bolduc.
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