Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Je rencontre souvent des personnes qui ont été piégées sur le web.
Je vois aussi des jeunes (et des moins jeunes) qui se servent d’Internet pour faire des choses extraordinaires.
Internet ne tue pas, il ne vole pas et il ne fait pas de miracle non-plus. Mais les gens qui s’en servent sont à la fois capables du meilleur et du pire. Aujourd’hui, à la une du Journal, il est question d’un jeune homme de 19 ans qui s’est enlevé la vie après avoir été piégé par des malfaisants qui utilisent Internet pour extorquer de l’argent. Je fais l’hypothèse que le manque d’éducation à/par Internet nous rend vulnérable. En plus de ne pas permettre de se servir du Web pour mieux apprendre en général, le fait de ne pas connaître les stratagèmes utilisés par les fraudeurs isole les victimes quand elles se font prendre. Nous n’avons que nous-mêmes à blâmer…
On va me trouver sévère, mais l’école est en cause.
Pas que l’école, bien-sûr, mais nos institutions ont un rôle à jouer et elles ne l’assument pas, actuellement.
Je devrais écrire «très peu» l’assument, mais je ne suis pas très tenté par les nuances, ce matin.
Je vise en particulier les filtres Internet des commissions scolaires, les règlements qui visent à interdire l’utilisation des réseaux et les pratiques pédagogiques d’un autre siècle, celles qui présupposent que tous les enfants doivent dans une classe, tous apprendre les mêmes choses au même rythme, exactement au même moment.
En évitant le plus possible que les milieux scolaires éduquent aux dangers présents dans notre société et en ne se servant pas des immenses possibilités du Web, les autorités qui décident de ces mesures contre-productives se font les complices du manque d’anticorps de nos enfants.
Je sais que certains parents exigent que l’école soit la plus aseptisée possible. Je sais aussi que certains enseignants veulent avoir en tout temps 100% de l’attention des jeunes et que tout passe par eux pour transiter vers les élèves, mais le prix à payer en ce moment est le manque d’éducation à l’utilisation des réseaux, des pièges qu’ils révèlent autant que les formidables leviers qu’ils peuvent être.
Plusieurs parents découvrent trop tard que le fait d’avoir laissé le contrôle entier de l’ordinateur familial à leur adolescent (ordinateur souvent situé dans la chambre à coucher du dit adolescent) peut les isoler et les perdre, parfois, en cas d’un très gros problème. Plusieurs papas et mamans ne savent rien des fréquentations Web de leurs enfants…
Plusieurs directions d’écoles voient arriver dans leur bureaux des situations de harcèlement ou d’intimidation qu’ils n’ont pas vu venir parce que les seules personnes bloquées par les filtres Internet de leur école sont les adultes, les jeunes sachant aisément comment les contourner.
C’est pour quand au Québec une vraie stratégie numérique en éducation?
L’urgence chez nous, ce n’est pas quoi faire avec les TBI, c’est savoir composer avec les bonheur et les malheur du Web!
Cela dit (et j’aurais dû le faire au début de ce billet), j’offre mes sincères condoléances à Lise Thivierge, la mère de Maxime, et à toute sa famille ainsi qu’à ses amis.
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