Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Voici que 19 commissaires scolaires offrent de verser 3 370$ pris à même leur salaire d’ici les prochaines élections scolaires pour les «réinvestir» dans les services aux élèves des écoles de la commission scolaire (CS) qu’ils administrent.
Ça se passe à la CS de Sorel-Tracy.
Une micro-goutte d’eau (3 370$) dans la mer que représente le budget de cette CS (autour de 70 millions de dollars).
J’imagine facilement le message qu’on veut passer : le gouvernement nous étrangle tellement par ses coupures que pour sauver les services aux élèves, il faut volontairement piger dans nos salaires.
C’est plutôt habile.
Mais je ne marche pas.
L’an dernier, globalement, des 200 millions de dollars de compressions demandées par Québec, les commissions scolaires en ont récupéré 193 millions dans les poches des contribuables en augmentant les taxes scolaires. Côté effort dans leur administration, on repassera.
Cette année, la stratégie de communication des syndicats et des commissions scolaires est de répéter le plus souvent possible que nous serions dans une période d’austérité et que les compressions de 150 millions de dollars (sur un budget de 10,3 milliards de dollars) liées à l’arrêt d’un programme de péréquation qui était temporaire compromettent la qualité des services aux élèves.
Ils ont beau jeu d’affirmer que la qualité des services aux élèves est compromise puisque le ministre de l’Éducation lui-même a utilisé ce faux dilemme : des hausses de taxes scolaires ou on ne pourra garantir des services aux élèves à la hauteur de nos ambitions.
La vérité : les hausses de taxes scolaires auraient été évitables et on coupe dans les services aux élèves parce qu’on refuse d’abolir les élections scolaires (20 millions $) ou de regarder d’autres manières de faire sur le plan administratif.
Michel Girard l’écrit noir sur blanc dans sa chronique de ce matin, sur cinq ans, «c’est 500 millions en hausses de taxes scolaires (36% d’augmentation) que les CS ont infligé aux contribuables québécois».
«Et qu’avons-nous en retour de cette plantureuse augmentation de nos taxes scolaires? Eh bien, croyez-le ou non, nos enfants vont recevoir moins de services dans les écoles publiques de la province. Le monde à l’envers.»
Les commissaires scolaires de la CS de Sorel-Tracy sont futés : c’est toujours bien vu de la population de consentir à réduire de 10% son propre salaire (ils gagnent de 6000 $ à 8000 $ par année).
Mais c’est de la poudre aux yeux.
Ce geste n’a pour seul but que de faire croire qu’il est impossible de faire mieux avec les 70 millions $ d’argent public que ses commissaires administrent.
Ce geste participe à éviter une remise en question des façons de faire, dont celle de remettre le pouvoir aux écoles et aux milieux locaux.
Ce geste va dans le sens de maintenir la structure administrative actuelle en éducation, celle qui fait à chaque année la preuve de son incapacité à administrer les 10,3 milliards de dollars d’argent public en nous garantissant des services éducatifs de qualité dans les écoles publiques du Québec.
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