Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Ce matin au coin des rues Saint-François et du Parvis, c’est la reconstitution du malheureux incident où il y eu mort d’homme dans Saint-Roch.
La mort de Guy Blouin, semble avoir été causé par une auto de police qui a reculé à toute allure (selon plusieurs témoins) sur le cycliste de 48 ans qui circulait à contre-sens.
S’il faut «reconstituer», c’est que la scène de l’incident pose problème.
Des éléments de cette scène ont été déplacés, en commençant par le vélo qui a été mis dans le coffre de la voiture de police, selon plusieurs témoins, avant même que le cycliste soit monté dans l’ambulance. Le véhicule lui-même n’aurait jamais dû quitter la scène, affirme les spécialistes de ce genre d’événement. Comprendre les circonstances exactes qui entourent l’intervention qui a vraiment mal tourné est d’une importance capitale puisque déjà, plusieurs personnes qui fréquentent le quartier Saint-Roch à Québec ont une relation «trouble» avec ceux qui portent l’uniforme du policier.
À voir et à entendre le crissement de pneus pour reproduire les traces laissées sur la rue Saint-François, on comprend que l’exercice ne sera pas évident.
Le quartier bien connu en basse-ville pour sa revitalisation réussie est évidemment en ébullition, depuis quelques jours. La cohabitation entre des gens de toutes les couches de la société, des itinérants aux «petits génies de la techno», apporte avec elle une activité constante sur la place du parvis de l’Église Saint-Roch, mais une tension vient de s’installer. L’annonce d’une enquête indépendante sur l’incident n’a pas réussi à convaincre les habitués de la place que le profilage sera considéré à la hauteur de ce qu’ils soupçonnent.
Le bouche-à-oreille des derniers jours fait son oeuvre dans le quartier et on entend toutes sortes d’histoires qui contribuent à monter des gens contre les policiers.
Je travaille dans Saint-Roch depuis 2005 et le quartier offre une qualité de vie exemplaire. Tous ceux qui se côtoient ont appris à vivre ensemble et à respecter leurs différences. Le charme de la vie dans Saint-Roch vient justement de l’ampleur des contrastes et du paradoxe. Le squidgy d’un pare-brise d’automobile à l’autre et le iPhone le plus récent de ceux qui déambulent sur le trottoir y font bon ménage…
Il semble clair que M. Blouin n’était pas connu dans le quartier, ce qui n’empêche aucunement les gens en place de vouloir lui rendre hommage, dans les circonstances.
J’imagine que bientôt, on s’intéressera vraiment à lui, en tant que «quelqu’un».
Il y a eu mort d’homme dans Saint-Roch et j’ai vraiment hâte qu’on s’intéresse à la vie de Guy Blouin.
Si rapidement, on a mis de l’avant ses antécédents judiciaires, j’ose croire que sa vie ne se résume pas à ça.
J’offre mes condoléances à la famille, mais surtout, j’offre aussi mes excuses.
Un homme est mort et pour qu’on tire toutes les leçons qui s’imposent, on va devoir très bientôt s’intéresser davantage aux traces de Guy Blouin qu’à celles laissées par «la maudite» voiture de police.
La reconstitution la plus importante n’est peut-être pas celle qu’on croit…
Mise à jour du 12 septembre 2014 : Qui était Guy Blouin?
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