Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Le sport professionnel fait parfois oeuvre utile et nous en avons un bon exemple ces jours-ci.
Un porteur de ballon des Vikings du Minnesota (football de la NFL), Adrian Peterson, est sur la sellette, ayant été inculpé, puis libéré, mis de côté puis réintégré dans sa formation. Il fait face à des accusations pour avoir causé des blessures à un enfant par négligence ou imprudence.
Il s’agit en fait de son propre enfant de 4 ans qu’il aurait frappé avec une branche d’arbre, motivé par l’intention «de corriger» son comportement, comme lui-même «a été éduqué», selon ce qu’on peut en déduire.
«I disciplined my son the way I was disciplined as a child» (source).
Cet incident ramène à l’avant-plan la question de la fessée, dans le contexte où le football de la NFL n’a de cesse de gérer des affaires de violence hors du terrain, qui ont beaucoup d’impact sur le terrain.
On entend souvent dire que les parents peuvent infliger des punitions corporelles à leurs enfants, d’un point de vue légal. Au Canada, une disposition de l’article 43 du Code criminel stipule que c’est le cas à condition que «la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances» (source).
C’est en mai dernier que Peterson aurait infligé à son enfant des lacérations aux fesses, aux cuisses et au bas du dos. L’opinion publique semble bien comprendre qu’on ne parle probablement plus de gestes «normaux et acceptables». Le statut de vedette d’un des meilleurs porteurs de ballon au football ne semble plus le protéger (du moins à court terme) face à la responsabilité de ses actes et c’est très bien ainsi. Même si d’autres vedettes viennent à sa rescousse, on comprend qu’il se passe peut-être quelque chose de positif dans le recadrage social de ce qui constitue un bon ou un mauvais comportement quand on élève des enfants.
Au-delà des aspects légaux (notre fameux article 43 du Code criminel est «vieux» de 110 ans), il faut se demander si la fessée est utile?
«Ça fait longtemps que les experts le savent et répètent que les punitions corporelles sont non seulement inefficaces à long terme, mais ont également des conséquences négatives pour le développement psychologique de l’enfant» (source).
En France également, la fessée fait l’objet de débats. On se demande si c’est un droit ou un crime?
Inutile d’ajouter que j’ai souvent eu à intervenir dans ma pratique de directeur d’école sur ce sujet et je m’étonne encore que la fessée soit envisagée comme moyen de discipliner les enfants. Il me semble qu’en dehors d’une perte de contrôle de soi anecdotique (et encore), un parent devrait aujourd’hui se poser des questions, s’il se surprend à utiliser les punitions corporelles avec son enfant. «À l’aide»… malgré ce que peut en dire la loi.
Ce qu’il faut savoir sur l’article 43 du Code criminel (cliquer pour le grand format)
On peut lire dans les médias que Adrian Peterson, s’il est trouvé coupable, est passible d’une peine de prison de 2 ans et d’une amende de 10 000 $. À remarquer qu’il aurait des antécédents de violence.
De mon côté, je surveille davantage s’il perdra une partie de «sa superbe» auprès des amateurs de football.
J’aime le sport, mais je m’attends à ce que les autorités qui gèrent ces grands circuits professionnels en fassent un peu plus pour que la mise en marché tienne compte de certaines valeurs. J’observe qu’on dénonce de plus en plus la brutalité sous toutes ses formes dans les rapports qu’entretiennent les joueurs avec leur entourage, dans leur vie privé, et c’est très bien ainsi. Ces gestes parlent davantage que bien des lois ou des campagnes institutionnelles de prévention. Ça n’a rien à voir avec le jeu viril et l’agressivité sur le terrain que j’affectionne, quand j’assiste à un bon match!
C’est peut-être dommage de devoir compter sur le football pour sensibiliser à la façon dont on éduque les enfants, mais pour certains, c’est la seule façon de pouvoir les inviter à un peu d’introspection.
Mise à jour du lendemain : Les Vikings changent d’avis et désactivent Adrian Peterson ! Les commentaires de mon collègue blogueur, Stéphane Cadorette.
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