Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Madame Bouchard,
Les élections scolaires sont maintenant derrière nous et je souhaite prendre ces quelques lignes pour réagir au communiqué de la Fédération des commissions scolaires (FCSQ) que vous avez défendu hier à l’occasion de différentes sorties médiatiques.
Les commissions scolaires (CS) sont sur la sellette depuis quelques années et le taux de participation famélique de 4,85% obtenu dimanche aux élections scolaires ne facilite pas votre tâche de présidente de la FCSQ, j’en conviens. Vous avez bien fait de féliciter tous les nouveaux élus scolaires et de nommer leur courage, car le contexte actuel n’est pas favorable aux commissaires.
Le temps des remises en question est cependant venu, vous le savez aussi bien que moi.
Pourtant, vous ne semblez pas vouloir accepter de regarder comment les CS pourraient se transformer pour mieux servir l’intérêt du public en général et des élèves du Québec, en particulier.
Si je vous comprends bien, les électeurs n’ont envoyé aucun message particulier par leur absence au scrutin. La fédération que vous représentez (FCSQ) ne serait pour rien dans ce qui arrive et les grands responsables de vos malheurs seraient le MELS, le DGE et les politiciens, responsables des «déclarations des dernières semaines» qui auraient semé «la confusion» et démotivé «les gens à se déplacer pour aller voter».
Vos propos d’hier concernant les deux formations politiques qui ont formé autant de gouvernements dans les dernières années est particulièrement évocateur du peu de profondeur de votre argumentaire…
«Ils jouent le jeu de la Coalition Avenir Québec [CAQ], ils ont tellement peur de la CAQ qu’ils s’en rapprochent de plus en plus, ils vont chercher des propositions de la CAQ et à mon avis ça crée beaucoup de confusion.» (source)
Il fallait le faire : le Parti Québécois (PQ) et le Parti Libéral (PLQ) auraient peur de la CAQ !
Quand ce n’est pas la faute des écoles privées, c’est celle du gouvernement ou des partis d’opposition.
Vous rendez-vous seulement compte que jamais vous n’assumez quelques responsabilités que ce soient pour expliquer les difficultés des commissions scolaires ?
Ne voyez-vous pas que les 20 millions de dollars récemment dépensés pour maintenir en vie une structure scolaire complètement dépassée s’ajoutent aux centaines de millions d’autres qui engraissent année après année la bureaucratie que vous dirigez, éloignant ainsi des classes et des écoles des ressources qui seraient déterminantes pour la réussite scolaire.
N’importe quel dirigeant sérieux qui récolterait si peu d’appui démissionnerait de ses fonctions, comprenant qu’il fait possiblement partie des problèmes et non des solutions.
Devant le fiasco des dernières élections scolaires, vous ne trouvez comme solution que d’exiger des élections simultanées avec le municipal. Vous souhaitez cacher le manque d’intérêt des électeurs pour mieux faire croire en la vitalité de la démocratie dans les commissions scolaires, alors qu’elle s’écroule. C’est scandaleux !
Vous n’êtes plus la personne indiquée pour participer à la revitalisation de la gouvernance des écoles publiques du Québec.
Vous avez fait la preuve de l’obstruction systématique à toutes les propositions de réforme des commissions scolaires, vous vous êtes fait voter une généreuse prime de départ en ces temps de restriction budgétaire et vous n’offrez plus comme alternative que du réchauffé.
Pendant que vos collègues faisaient campagne, vous étiez à Toronto dans la semaine du 20 octobre dans un colloque où nous nous sommes croisés. Ne croyez-vous pas qu’un minimum de solidarité aurait été de mise et que vous auriez pu vous aussi faire campagne ?
La période qui vient est très importante pour le réseau public d’éducation. Vous n’êtes plus la bonne personne dans la bonne fonction.
En conséquence, je vous suggère de démissionner de la présidence de la Fédération des commissions scolaires du Québec dans les plus brefs délais.
Ce faisant, vous rendriez service à tous ceux qui croient que le réseau d’éducation publique peut faire beaucoup mieux.
Sincèrement,
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