Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Je suis sensible à tout ce qui touche la Commémoration du 25e anniversaire de la tragédie du 6 décembre 1989 à Polytechnique. J’ai publié cette semaine un billet qui témoigne de ce qui m’a marqué comme homme et éducateur.
Ce matin, jour du 6 décembre, un fait me saute à la gorge : où est le père de Marc Lépine?
Silencieuse pendant dix-sept ans, Monique Lépine s’est confiée au journaliste Harold Gagné en 2006 et le livre Vivre est apparu à plusieurs comme une sorte de mea-culpa de celle à qui on a laissé l’odieux de faire face, seule, à l’horreur du geste posé par son fils.
Encore aujourd’hui, elle accorde des entrevues. Elle répète à Harold Gagné qu’elle ignore pourquoi son fils a commis la tuerie de Polytechnique il y a 25 ans, en plus de s’être confiée à l’équipe de l’émission Second Regard sur ICI Radio-Canada.
Monique Lépine affirme accepter la peine qui vient avec ces événements, «pour finalement aider d’autres personnes». On ressent dans cet autre texte toute la souffrance qui accompagne sa vie de mère, affligée par le suicide de sa fille Nadia, incapable de «surmonter le drame de Polytechnique et de soutenir le regard des autres», l’ayant même accompagnée dans la mort jusqu’à l’hôpital.
Il faut chercher beaucoup pour trouver des traces du père de Marc Lépine pourtant concerné par la vie de son fils. Son nom serait Rachid Liass Gharbi. Depuis le divorce de ses parents, lorsqu’il avait 13 ans, Marc aurait d’ailleurs demandé à changer son nom de famille de Gharbi à Lépine, selon ce que j’ai pu lire.
On peut spéculer longtemps sur l’absence d’explication concernant Rachid Liass Gharbi.
Le fait est que la mère de Marc Lépine soit beaucoup exposée à la recherche de sens sur ce qui est arrivée, mais je ne vois nulle part de questionnement sur ce qui est advenu au père pourtant partie prenante de la réalité affective entourant le crime contre des femmes vues comme des féministes devenues aux yeux de Marc Lépine des ennemis à détruire.
Je ne sais trop si c’est moi qui cherche mal, si j’en ai manqué un bout, mais je ne trouve rien qui m’explique le peu de cas fait à l’absence du père de Marc Lépine avant la journée du drame et depuis tout ce temps.
Cette absence complète de trace sur le père pourrait-elle signifier quelque chose d’important dans les réponses qui restent à trouver pour prévenir d’autres événements malheureux marqués par la violence contre des femmes?
Je demeure troublé par la fin de la chronique de Nathalie Petrowski du 29 octobre 2008 où elle fait l’hypothèse que le crime de Marc Lépine serait moins lié à une idéologie politique qu’il tirerait sa source «d’une dysfonction intime et familiale»…
«En d’autres mots, si Lépine a cherché à punir quelqu’un d’autre que lui-même ce funeste 6 décembre 1989, ce n’était pas les féministes, mais bien sa mère et à des degrés divers, sa soeur Nadia, deux femmes trop absorbées par elles-mêmes pour voir grandir le monstre dans leur maison.»
Mais bordel… quelqu’un a pensé à chercher du côté de ce père absent?
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