Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
On aurait voulu affaiblir la crédibilité du ministre de l’Éducation autour de la table du Conseil des ministres cet automne qu’on ne s’y serait pas pris différemment. Ajoutons à cela le fait que les syndicats d’enseignants ont choisi de diviser leur force, le Conseil du trésor est plutôt en bonne position au gouvernement pour faire passer ses demandes en éducation.
Je me suis demandé tout au long de cette session pourquoi on entourait si mal Yves Bolduc. Un grand nombre de ses décisions et de ses sorties dans les médias ont contribué à affaiblir sa crédibilité au Conseil des ministres et je me disais de fois en fois que quelqu’un était pour réagir, au bureau du Premier ministre. Du dossier des écoles illégales, à celui des fusions des commissions scolaires, en passant par sa malheureuse déclaration sur les livres de bibliothèques ou par son incapacité à intervenir pour éviter des coupures en culture scientifique, nous avons eu de nombreuses occasions de voir les capacités d’intervention d’un ministre s’étioler.
Dans d’autres ministères où certaines polémiques ont surgi, on a vu des conseillers seniors venir à la rescousse, entre autres en communication, mais au ministère de l’Éducation, c’est comme si on s’était dit au moment de former le Conseil des ministres, «tu as voulu un gros ministère en remplacement de celui que tu voulais [la santé], bien ne nous met pas dans le trouble parce que tu n’auras que toi à blâmer».
Le jour du dépôt des offres sectorielles en éducation, les syndicats ont eu, seuls, toute l’attention des médias pour exprimer leur position. Le lendemain, tout ce que le ministre a trouvé pour s’enfoncer davantage c’est de mal citer le Rapport Champoux-Lesage. Ce matin, Vincent Marissal affirme qu’il «mérite cette fois carrément le bonnet d’âne pour appliquer aussi docilement une telle mesure contraire au gros bon sens».
Face au président du Conseil du trésor, le ministre de l’Éducation est devenu une quantité négligeable. Qu’il soit largué par les oppositions parlementaires, c’est une chose, aujourd’hui, c’est l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal qui exige sa démission.
La très grande majorité des chroniqueurs de la Tribune de la presse parlementaire lui ont donné un prix citron. La cote de Yves Bolduc est au plus bas, au moment où l’Éducation en aurait le plus besoin.
Du côté des syndicats
Au même moment, le front commun syndical réunit plusieurs grandes centrales (CSN, FTQ et le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de l’APTS) et isole encore davantage l’éducation. L’autre association syndicale d’importance en éducation au préscolaire/primaire/secondaire, la FAE, s’est associée à la FIQ pour cette négociation. L’enseignement est non seulement divisé, mais noyé dans l’ensemble de la fonction publique.
Au moment où les enseignants du Québec se sentent particulièrement vulnérables face aux demandes du Conseil du trésor, ceux qui les représentent aux tables de négociation font partie de deux ensembles différents.
J’aurais aimé pour une fois que l’éducation dispose de sa propre alliance qui aurait pu permettre aux enseignants de négocier des conditions différentes des autres. J’estime depuis longtemps que les enseignants pourraient aller chercher davantage, ainsi. De toute manière, n’est-il pas temps de mettre fin à ce mur-à-mur totalement improductif et à contre-sens des besoins de notre société ?
Sur la demande gouvernementale concernant l’augmentation du nombre d’élèves par classe, les enseignants débutent la négociation avec l’appui de la plus importante association de directeurs d’école, mais il en faudra davantage pour faire reculer le gouvernement.
Sur le fond des choses, donc, on a un ministre incapable de bien défendre l’éducation et des syndicats qui en embrassent trop large.
Pourtant, au-delà du fait que je partage l’objectif du retour à l’équilibre dans nos finances publiques, il se joue gros dans ces négociations en éducation et ça touche la réussite scolaire.
Qui défendra spécifiquement l’éducation dans cette ronde de négociation qui s’ouvre ?
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