Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
La sortie d’hier du chef intérimaire péquiste était vicieuse. De quelles sortes de valeur Stéphane Bédard est-il imprégné, lui, pour se comporter aussi méchamment ?
Certaines représentations de théâtre de rue sont captivantes parce qu’elles nous rassemblent / ressemblent. Abolir les frontières entre la rue et la scène comme le fait le spectacle déambulatoire du Carrefour de théâtre de Québec n’est pas donné à tous. Hier, le spectacle ambulatoire du Parti québécois faisait pitié. Aucunement rassembleur, il ne nous ressemblait pas non plus.
Je comprends que le député de Chicoutimi en soit à ses derniers mois à la tête du parti, mais qu’est-ce qu’il a pensé ?
Insinuer que le Premier ministre Couillard aurait rapporté au Québec les valeurs saoudiennes après son passage aux Émirats quand il était consultant est odieux et insultant.
C’est probablement la pire des façons de lancer cette nouvelle session parlementaire.
C’est aussi la meilleure façon de repousser le nécessaire débat sur la laïcité.
Quelle était la stratégie derrière ces sorties coordonnées de fin de caucus ?
Bernard Drainville s’est lui-aussi attaqué à Philippe Couillard en affirmant que son séjour en Arabie saoudite devrait lui avoir fait «bien comprendre pourquoi ça prend une société où les femmes sont l’égal des hommes».
Alexandre Cloutier n’était pas en reste en soulevant «la possibilité que le premier ministre se soit « endormi » parce qu’il a vécu dans un pays où les droits de la personne sont bafoués». (Ajout : il a fait amende honorable depuis)
Jean-François Lisée a été moins choquant, mais il a quand même visé le Premier ministre, ne comprenant «pas pourquoi Couillard exclut tout lien possible entre laïcité et lutte au terrorisme islamique».
Quand quatre ténors d’une formation politique exploitent en même temps le même thème au sortir d’un caucus présessionnel, c’est qu’il en a été convenu ainsi. Pas de hasard.
La stratégie consistait à mordre Philippe Couillard en associant ses hésitations à déposer une législation pour encadrer la laïcité et ses séjours en Arabie saoudite. Mais cracher un tel venin ne faisait pas partie du plan, je n’ose pas le croire.
Le chef intérimaire du PQ a dérapé.
On peut maintenant questionner la légitimité de la destination péquiste quand on erre à ce point.
Après avoir divisé les Québécois avec une proposition de charte des valeurs destinée à lui faire gagner une majorité parlementaire, le même parti récidive cette fois en dépeignant celui qui gouverne comme étant animé par les valeurs de l’Arabie saoudite.
Si dormir en marchant nous a fait vivre de l’excellent théâtre, sortir en mordant constitue un film de bas étage auquel bien peu de Québécois voudront s’identifier.
L’héritage du chef intérimaire péquiste n’annonce rien de bon, ni pour la formation qu’il dirige encore quelques semaines, ni pour le climat à court terme à l’assemblée nationale.
Stéphane Bédard est en train de rater sa sortie.
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