Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
La ministre de la Famille ne retire pas son projet de loi, mais change d’approche dans la gestion des places inoccupées en garderie qui coûtent 60 $ par jour aux contribuables. Francine Charbonneau a voulu faire peur aux parents qui doivent se résoudre à embarquer dans le système des «places fantômes» pour répondre au besoin d’un peu plus de souplesse dans l’offre des garderies. Maintenant, c’est elle qui a toute la pression sur les épaules…
Le projet de loi 27 (Loi sur l’optimisation des services de garde éducatifs à l’enfance subventionnés) a été déposé l’automne dernier pour intervenir sur le problème des services de garde à temps partiel qui faisaient en sorte que des parents soient obligés d’embarquer dans des combines pour conserver « le privilège » d’avoir réussi à obtenir une place dans un service de garde subventionnée, malgré un besoin à temps partiel.
Il manque de place, les parents sont sous pressions et les garderies n’ont pas semblé s’ajuster en terme de gestion pour éviter que les contribuables paient pour des places vides.
Dès la présentation du projet de loi, la ministre Charbonneau a sous-entendu que la « fraude » justifiait son approche : «La fraude, a expliqué Mme Charbonneau, consiste à déposer un document frauduleux» (source).
La ministre envisageait que soit «retiré au parent, pour une période de trois mois, la possibilité de bénéficier d’une place dont les services de garde sont subventionnés à l’égard de son enfant». Elle prévoyait «des sanctions pénales pour le prestataire de services de garde fautif», entre autres.
Pendant que les familles du Québec réclament plus de souplesse, la ministre voulait partir à la chasse aux «places fantômes».
Après s’être joyeusement fait ramasser par la protectrice du citoyen, Raymonde St-Germain («projet de loi imprécis – la solution est ailleurs», on apprenait hier au terme de la commission parlementaire que Francine Charbonneau recule et retire les sanctions qu’elle réservait aux parents» (source).
Étant encore en mode «responsabiliser les parents», il faut écouter cette entrevue avec l’animateur Paul Arcand pour constater à quel point elle est effrayée par la gestion de ces «places fantômes».
Michel Pépin sur son blogue «Sur les collines» posait dernièrement la bonne question : «Y a-t-il un fantôme dans la garderie?» En se la jouant pressé, le gouvernement perdra un temps précieux avec un projet de loi qui «paraît rater la cible», sans «permettre les économies espérées», tout en se livrant à une chasse injustifiée auprès de parents pris avec un système qui sert mal les besoins particuliers.
Les besoins des parents évoluent et la demande pour des «places à temps partiel» augmente.
Vouloir optimiser la gestion de ce qui est devenu un gros système étatique est légitime, mais il faut déplorer que la ministre n’ait pas, à ce stade-ci, de réponse ni pour les parents aux horaires atypiques, ni pour les contribuables qui défraient des grosses sommes d’argent pour des places inoccupées.
La ministre semble paralysée, à court de solutions et bien empêtrée avec un projet de loi mal construit.
Le gouvernement doit prendre davantage de recul et revoir l’offre en service de garde pour mieux tenir compte de tous les besoins, plutôt que de s’obstiner dans les sanctions à prendre à l’intérieur d’un système dont il a lui-même créé les modalités de gestion.
Une ministre qui a peur des fantômes ne peut plus mener à terme le cheminement d’un projet de loi mal barré.
Le gouvernement doit cesser de combattre des fantômes et trouver des solutions de gestion pour répondre aux vrais besoins des parents.
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