Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Dans une lettre ouverte intitulée «À l’UQAM, l’intimidation doit cesser!», quatorze professeurs au département de science politique dénoncent le silence de leur syndicat et l’impuissance de la direction devant le vandalisme et l’intimidation d’une minorité d’étudiants qui en mènent large, au point de mettre «en péril la vie universitaire elle-même ainsi que le caractère particulier de l’UQAM». Si le militantisme a sa raison d’être, «le vandalisme et l’intimidation n’ont pas leur place dans une université qui s’est toujours présentée comme démocratique».
Signe apparent d’un désarroi manifeste, plusieurs personnes s’affirment de plus en plus dans l’espace public auprès des perturbateurs étudiants, en particulier. En pleine « semaine nationale d’actions dérangeantes« , un certain nombre de personnes anticipent les probables escalades dans les manifestions «anti-austérité» et nomment leur exaspération. C’était le cas hier de ma collègue Lise Ravary qui réagissait à l’occupation par des étudiants d’un Cégep du bureau d’Yves Bolduc.
Devant cette montée des tensions sociales, je me questionne aujourd’hui sur le pouvoir des menaces faites par les étudiants. On comprendra que le spectre d’un autre printemps chaud comme celui de 2012 commande de ne pas prendre à la légère les messages de ceux qui portent la grogne.
Les menaces sont réelles
Dans une vidéo publiée hier sur son profil Facebook, un jeune homme termine son allocution où il expose ses revendications par une menace directe: «Parce que sinon, ça va péter». Questionné un peu plus bas dans les commentaires par un internaute, il répète, «oui, c’est une menace». À noter qu’au moment d’écrire, 21 personnes ont indiqué avoir «aimé» cette réponse.
Si je ne suis pas naturellement porté à m’en faire avec ce genre de menaces, je reconnais tout de même qu’elles ne sont pas annonciatrices de bonnes nouvelles.
Jusqu’à quel point faut-il les prendre au sérieux ?
La lettre des professeurs d’université nous commande de ne plus banaliser ce genre de comportement.
Une drôle de conception de la démocratie
Dans un court texte lui également publié sur un profil Facebook «public», une discussion entre divers intervenants donne un aperçu du climat qui règne à l’UQAM. Une des intervenantes va jusqu’à laisser entendre que seuls les messages faisant la promotion des idées progressistes auraient le droit d’être affichés sur les murs de la vénérable institution: «L’UQAM a toujours portée des idéos progressives et je ne laisserais pas des gens utiliser l’espaces publiques pour transmettre des messages conservateurs, etc.» (désolé pour les fautes, mais je cite au texte)
On comprend un peu mieux le contexte de la lettre ouverte des professeurs de l’UQAM, inquiets pour l’avenir de l’institution.
On ne peut plus tolérer dans une université qu’une minorité d’étudiants – «parfois masqués» – empêchent le déroulement des cours, intimident, harcèlent, bousculent, commettent des actes de vandalisme ou saccages, perturbent des réunions et des conférences et fassent des grèves à répétition.
Le pouvoir des étudiants qui menacent doit être réduit au minimum dans une société qui possède des valeurs démocratiques.
Ne pas intervenir, c’est accepter de voir grandir le pouvoir des menaces.
On a souvent l’impression ces années-ci au Québec que la minorité d’étudiants qui privilégient cette façon de se comporter pense, au contraire, que c’est la meilleure façon de se faire entendre et d’arriver à ses fins.
Les débats de société ne peuvent porter fruits dans ces conditions où des syndicats restent silencieux devant la violence et des directions se montrent impuissantes à agir pour l’enrayer.
Le message des quatorze professeurs de l’UQAM doit être entendu!
Mise à jour du lendemain : L’UQAM continue de faire la manchette pour les mauvaises raisons : «Malaise à l’université», «Intimidation, harcèlement et saccage à l’UQAM».
Tags: "Administration scolaire" "La vie la vie en société"