Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Le directeur des programmes de premier cycle en histoire à l’Université Laval a écrit vendredi dernier à ses étudiants du Bac et du Certificat en histoire. Il souhaitait faire le «point sur la grève, ses implications et autres considérations». Il ne doit pas être le seul prof à écrire à ses étudiants. Je me demande simplement s’il est normal qu’il soit aussi «carré rouge» dans sa façon de s’adresser à eux.
Il en a été question ce midi à l’émission Normandeau-Duhaime du FM93. Certains extraits de la lettre insérée dans un courriel montrent un penchant sans équivoque contre un certain courant de la société. Aux étudiants «effrayés de perdre leur session», voici comment il les rassure tout en affirmant que «les professeurs vont faire des pieds et des mains pour accommoder les étudiants»:
«Le spectre de l’annulation de la session est un outil de droite, abondamment employé par le gouvernement, les radio-poubelles, les journaux jaunes et les chaînes de télévision privées, des instances ou des regroupements qui ne brillent pas par leur recul intellectuel».
Les professeurs d’histoire que j’ai eu l’occasion de côtoyer n’avaient généralement pas la langue dans leur poche, je l’admets, mais un tel jugement de valeur exprimé dans un courriel à tous avec aussi peu de nuance m’étonne, quand même.
Je blogue dans un média privé comme l’est le Journal; je me sens à peine visé (lire je n’ai pas une poignée dans le dos), mais pourtant je ne m’identifie pas à ce prétendu «recul intellectuel». Mais pour qui ce professeur se prend-t-il du haut de sa chaire ?
Dans le contexte où la tension à Québec est exacerbée par le très malheureux incident de la semaine dernière, je m’attends des profs d’université, dans quelques facultés que ce soient, à des messages moins tendancieux, voire, exempts de propagande.
Le passage qui laisse le plus pantois sur le manque de jugement du professeur est celui où il impute des motifs au service de l’ordre: «Se réfugier derrière des lois pour frapper, gazer, insulter la fleur de la nation qui se bat pour la société de demain non pour des intérêts personnels me fait, personnellement, vomir.»
Rien pour ramener le calme et l’ordre dans les cégeps et les universités.
En tant que parent et éducateur, je suis très touché par ce qui est arrivé à la jeune Naomie Tremblay-Trudeau qui affirme avoir «eu peur de mourir». Je suis tout aussi inquiet pour toute personne qui se rend manifester sans que l’itinéraire de l’évènement soit dévoilé parce «Manifester, ce n’est pas un jeu».
Le contenu du message passe beaucoup mieux lorsqu’on donne son itinéraire comme nous ont bien montré les étudiants en médecine aujourd’hui…
La lecture du courriel du professeur Baker augmente mon niveau d’inquiétude parce que cet officier de l’Université Laval est partie prenante au conflit qui grandit depuis plusieurs années entre ceux qui prônent le boycott des cours en guise de protestation et ceux qui veulent assister comme c’est leur droit à leurs cours.
À chaud, je répète comme je l’ai déjà écrit que les universités ne sont pas que des simples boîtes à cours et que la période actuelle sur les campus est extraordinaire parce qu’elle fournit plusieurs occasions d’apprendre de la vie et de s’engager politiquement.
Je m’attends tout de même à ce que les professeurs et les officiers de l’Université se placent au-dessus de la mêlée, qu’ils fassent passer la sécurité des jeunes et leurs droits avant leur point de vue idéologique personnel, si professionnelle que cette idéologie soit.
Le petit jeu de notre maire et du député Amir Khadir ne m’impressionne pas beaucoup, lui non plus.
J’en appelle aux recteurs et aux doyens: ramenez l’ordre et le calme au plus vite !
Recteur Brière, je compte sur vous…
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