Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
La même journée où on annonce la venue pour cet été des Rolling Stones à Québec, un développeur de la Belgique annonce qu’il choisit la capitale pour établir son nouveau studio de production en Amérique du Nord. Ne pouvant rencontrer Mick Jagger, je me suis entretenu avec Swen Vincke.
Accompagné par deux de ses collègues de Gand en Belgique, le fondateur de Larian Studios, n’avait que des bons mots pour Québec et son accent d’Amérique. Son groupe a préféré Québec à plusieurs autres villes des États-Unis et du Canada pour ouvrir son troisième bureau, le deuxième port d’attache étant situé à Saint-Pétersbourg, en Russie.
Le président de l’entreprise qui a vendu plus d’un million d’unités du jeu Divinity Original Sin a commencé à discuter avec l’agence de développement économique Québec International en 2012. En décembre 2014, la volonté de s’établir au Québec semblait déjà acquise…
L’accès au marché de l’Amérique du Nord est la cible, mais les nombreux avantages qu’offre la région en terme de main-d’oeuvre qualifiée, de coûts d’exploitation, d’infrastructures et de qualité de vie a primé…
«Il y a une belle dynamique que tu sens en arrivant ici à Québec, ne serait-ce qu’en regardant l’architecture. Tout de suite, je me suis dit que c’est un endroit où je voudrais vivre. Los Angeles est pas mal, mais les constructions en béton, je ne m’y fais pas. Les choix architecturaux de Québec en disent long sur les valeurs esthétiques des Québécois. C’est plus proche de qui on est chez Larian. L’histoire ça fait partie de notre identité et ça paraît dans nos jeux. Nous souhaitions nous établir dans une ville qui met de l’avant son caractère historique.» – Le président et fondateur de Larian Studios, Swen Vincke
Et puis, il y avait aussi le caractère francophone de la ville, la capacité de recruter du personnel qui connaît bien le secteur des jeux vidéo et les fameux crédits d’impôts qui sont très compétitifs quand vient le temps de prendre une décision finale. «Le seul aspect négatif était qu’il n’y avait pas de vol direct entre Bruxelle et Québec… mais bon, on ne peut pas tout avoir», ajoute en riant Swen Vincke.
Le fuseau horaire sous lequel travailleront la dizaine de développeurs qui seront bientôt embauchés pour faciliter l’expansion du studio représente un atout puisque ça prend beaucoup de temps pour développer un jeu. Sur deux quarts de travail en comptant ceux d’Europe, tout ira plus rapidement.
L’entreprise qui compte actuellement plus de 70 employés en aura 80 bientôt avec ceux de Québec et on voudrait se rendre à 110 sur trois ans.
La créativité – et un peu d’humour – semblent occuper une large place dans le processus de conception et de production des jeux. On a qu’à regarder quelques vidéos sur la chaîne You Tube du studio pour s’en apercevoir…
La culture organisationnelle est très ouverte aux interventions extérieures et tout le monde a son mot à dire dans les différentes phases des projets créatifs. Plus de 100 000 personnes les ont aidé à améliorer leurs jeux par l’entremise des médias sociaux et des focus group et ils anticipent beaucoup plus de communication et de feedback en s’établissant de l’autre côté de l’Atlantique.
«Il y a plein d’intelligence chez nos joueurs et par les médias sociaux nous avons compris qu’il existe une excellente façon d’y avoir accès.»
Un de leur jeu (Divinity Original Sin) a d’ailleurs remporté plusieurs prix et distinctions, notamment le PC Game of the Year de Gamespot.com qui a été reconnu comme un des meilleurs projets Kickstarter de 2014 par RockPaperShotgun.com.
L’installation à Québec permettra de poursuivre l’expansion des Role-playing game (RPG) du studio. Producteurs indépendants, ils chercheront à recruter dans les prochains jours des jeunes Québécois passionnés de jeux vidéo qui «ont un sens intuitif développé de ce qui constitue un bon game-play». L’ouverture d’esprit, l’autonomie, le talent et la créativité sont autant de qualités recherchés. L’idée d’offrir à certains Québécois de voyager en Belgique pourrait constituer une sorte de facteur attractif pour trouver les «perles-rares».
Le soutien continu de Québec International a été précieux dans la venue de Larian. Il a permis à la compagnie de développer rapidement des liens avec des partenaires d’affaires stratégiques à Québec. L’entreprise est aussi la première à bénéficier du programme Soft landing qui permet un accueil transitoire, une facilité d’accompagnement sur le terrain et un lieu concret pour finaliser des démarches.
Pour concrétiser la venue d’une entreprise étrangère, il est nécessaire de pouvoir compter sur une capacité d’accueil dans notre écosystème économique. À Québec, avant l’arrivée de l’incubateur-accélérateur technologique Le Camp, on ne pouvait pas rendre disponible pendant l’installation les nécessaires ressources de qualité requises pour assister et encadrer les nouveaux arrivants.
En terminant l’entrevue, Swen Vincke a bien pris soin de noter la date du 15 juillet 2015, moment de la visite des Rolling Stones au Festival d’été de Québec. Parions qu’il se joindra aux 100 000 spectateurs sur les plaines ce soir-là.
Le 15 juillet 2015, c’est la dernière date de spectacle de la bande à Mick Jagger qui termineront ainsi un cycle de tournée.
Ce sera également le début d’une belle aventure pour nos nouveaux amis Belges en Amérique du Nord !
Photo : Dragon Commander