Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Selon mon collègue chroniqueur au Journal Jérôme Landry, «les plus maganés de la vie sont de retour en force dans Saint-Roch». La vérité, c’est qu’ils n’ont jamais quitté et c’est très bien ainsi !
Je travaille dans le quartier Saint-Roch depuis dix ans. J’ai fait la campagne électorale provinciale de 2012 comme candidat dans Taschereau et je suis fier de fréquenter le plus souvent que je peux les restaurants et autres établissements du coin, en dehors des heures de bureau.
Évidemment, je sais bien qu’aux alentours du restaurant Le Bureau de poste (4,95$ sur tout en tout temps!) où est allé récemment Jérôme avant d’écrire sa chronique, il y règne en tout temps une certaine activité qui peut défriser, mais de là à dépeindre un portrait aussi négatif du quartier pendant toute une chronique… M. Nordiques Nation en avait «une mauvaise dans le système» qui devait «sortir», il faut croire.
La revitalisation du quartier a bel et bien eu lieu et le Nouvo St-Roch est devenu sous le leadership de l’ex-maire L’allier un quartier branché du centre-ville où «se côtoient travailleurs des nouvelles technologies, commerçants, étudiants, résidants, artistes et artisans» et j’ajouterais aussi certains «maganés de la vie» qui trouvent dans ce beau coin de Québec plusieurs des services importants dont ils ont besoin pour se sortir d’un épisode plus difficile de leur vie.
L’excellent animateur du matin à CHOI devrait lire plus souvent le blogue www.monsaintroch.com dont d’ailleurs certains blogueurs et collaborateurs lui adresse aujourd’hui un texte, «Pour l’amour de Saint-Roch», écrit pour rétablir les faits.
De mon point de vue, s’il y a un coin dans la ville où justement, on se sent dans une grande ville (et pas dans un des dortoirs de banlieue qui sont légions au Québec), où ça bouge, où il y a de la vie et beaucoup de diversité, c’est bien autour du Parvis de l’Église Saint-Roch ou au Jardin du même nom. On devrait être fier de tout ce qui s’y passe, du Pique-nique numérique en passant par le parcours théâtral «Où tu vas quand tu dors en marchant…?» ou encore à l’occasion des nombreuses séances improvisées de Haki de juin à septembre que les jeunes travailleurs du secteur toujours en croissance des jeux vidéo adorent !
Dans un quartier où Gilles Kègle est au moins autant vénéré que Dominique Brown, il me semble qu’on pourrait se garder une petite gêne avant de prétendre un retour en arrière.
Que ce soit autour du Hub ou un peu plus loin, en périphérie du nouvel incubateur-accélérateur techno Le Camp, on sent bien que «la grosse époque des entreprises technos» est loin d’être terminée… ça progresse encore en 2015 !
La chronique de mon collègue n’avait pas tout faux, plusieurs pauvres «ont l’air plus pauvres qu’avant».
Mais je ne crois pas que ce soit en se fermant les yeux devant une réalité «sombre et misérable» qui caractérise toutes les villes qui accueillent leur lot de désespérés que collectivement, nous aurons une meilleure qualité de vie à Québec.
Au contraire, le fait que soit bien visible la torpeur et le désarroi de ceux qui en arrachent pendant un temps nous aide à relativiser nos grandes réussites. On le sait, Québec accumule les bonnes nouvelles sur le plan économique et quoi de plus «zen» que de fréquenter à la fois le grand bonheur et la douleur des gens en marge sur le même coin de rue.
Je ne prête pas de mauvaises intentions à mon collègue qui participe d’ailleurs à sa mesure au «tourbillon d’une ville étourdie par ses rêves», mais je lui suggère de venir plus souvent dans Saint-Roch.
Ça en prend des places où la vraie vie transpire de partout, où on peut côtoyer du génie et un peu de folie !
Là où on peut acheter le magazine de rue La Quête, on peut aussi prendre un dose d’humilité et d’humanité.
Les commerces bien implantés dans Saint-Roch savent qu’ils tiennent pignon sur rue dans un endroit où on ne s’ennuie pas. C’est un atout.
Puis-je Jérôme te suggérer un bruch au Clocher Penché (sur St-Joseph depuis 2007, si je ne me trompe pas) ou un lunch aux Sales Gosses (si tu tiens à visiter une nouvelle table), pour te convaincre qu’en cherchant des menus différents de ceux à 4,95$, il est bien possible que tu rencontres d’autres types de personnes ?
Il y a de tout dans Saint-Roch… même des partisans des Nordiques !
Mise à jour : Mon collègue Claude Villeneuve a aussi écrit sur le même sujet, «Ça brasse dans Saint-Roch!». Ajout : Jérôme Landry, vient de nous répondre…
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